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GEFF STRIK : « Les French Weeks sont une bonne initiative pour les artistes Français »

Geff Strik (crédit photo : Joey Clay).
Geff Strik (crédit photo : Joey Clay).

Rencontre avec Geff Strik, valeur montante de la peinture française, et qui participe cette année à l’exposition de peinture organisée par les French Weeks.

Il a des airs de dandy allemand Geff Strik ; de général russe… mais il est bien Français, et son St Petersburg à lui se trouve sur la côte ouest de la Floride où il est exilé depuis 2001 après un premier séjour à New-York. Sa peinture est « radicale » (comme il le dit lui-même) sombre comme son costume, comme la déprime, le sang ou la houille ; portant traces des déchirures du monde qui s’offrent à ses yeux, mais figurant toujours des lueurs d’espoir. Car, par delà l’obscurité, tant Geff Strik que son oeuvre sont hauts en couleur. Il nous annonce d’ailleurs dans cette interview son cessez-le-feu avec le noir-et-blanc et le retour de son oeuvre à un prisme… plus coloré ! En attendant, son dernier tableau représente un Aleph, première lettre de l’alphabet hébreu, avec le visage de Jackson Pollock en arrière-plan.
LE COURRIER DE FLORIDE :
Comment avez-vous eu l’idée de participer à cette aventure artistique sur le thème de « Support-Surface » durant les French Weeks ?
Geff STRIK : C’est mon attachée de presse – qui est de Miami – qui m’en a parlé, et j’ai tout de suite aimé cette idée. Habitant à St Pete, je ne suis pas un familier de la communauté française, et ce sera l’occasion pour moi de vous connaître tous un peu mieux. Les French Weeks sont vraiment une très bonne initiative pour cela, et les événements culturels qui y sont assortis constituent une occasion formidable pour les artistes français de se retrouver et d’échanger autour de nos projets respectifs.
LE C.D.F : Le thème de cette année, Support-Surface, ce n’est pourtant pas vraiment votre courant artistique de prédilection ?
G.S : Certes non, et si je fais appel à mes vieux souvenirs… c’est un courant avec lequel j’étais opposition quand j’étais aux Beaux-Arts. Mais ma conviction est que nous les artistes n’inventons rien ; nous ne faisons que réinterpréter des compositions d’autres artistes – de ceux qui nous ont précédé – en apportant juste une vision différente, des émotions nouvelles. Je me suis opposé aux artistes du courant Support-Surface, mais je les respecte, et par exemple au travers de cette oeuvre que je réalise pour l’occasion, je réinterprète ce que j’ai trouvé de meilleur chez eux ; je me le réapproprie.
LE C.D.F : Et que leur reprochiez-vous ?
G.S : Nous avons une vision très opposée de l’art contemporain qui, pour moi, ne saurait être idéologique.
LE C.D.F : La toile que vous exposerez sera donc comme d’habitude en noir et blanc ?
G.S : Oui, et ce sera d’ailleurs la dernière. Vous voyez, je n’obéis pas même à ma propre idéologie (rires) ! J’ai volontairement cessé de peindre en couleur en 2008, un jour où j’ai vu des choses atroces en Haïti. Mais je trouve que j’ai cédé à une certaine facilité, du coup, j’ai décidé de repeindre en couleur, et ce tableau pour les French Weeks sera le dernier de ma série en noir-et-blanc.
LE C.D.F : Pourquoi avoir représenté le visage de Jackson Pollock avec un aleph en surimpression ?
G.S : Support-Surface considérait le matériel utilisé comme un support indifférent. Utiliser Pollock comme « support indifférent » – comme s’il n’existait pas – c’est un pied de nez, une « pollocratie ». Jackson Pollock est resté dans l’histoire comme l’un des plus grands peintres modernes, alors que son discours a été construit par les plus brillants intellectuels de… la CIA, et ce afin de combattre le communisme en déconstruisant l’idée qu’ils se faisaient de la culture. J’ai voulu peindre l’image d’un artiste complètement manipulé depuis 30 ans. Je conçois ce tableau comme une attaque directe contre un certain capitalisme qui souhaite faire croire que nous les artistes ne sommes que des troubadours, alors que les messages peints depuis des décennies sont tout à fait sous contrôle. Il est temps de passer par delà le mythe.
LE C.D.F : Il se dit que vous préparez aussi un travail sur la guerre 14-18 dont nous célèbrerons en août prochain le déclenchement ?
G.S : Oui, j’aimerais en effet entreprendre, en collaboration avec un jeune chercheur en littérature et histoire, une réflexion sur les rapports entre arts plastiques et écriture. De la même manière que l’écriture de la guerre transfigure la violence, redonne corps et existence aux visages mutilés, aux corps démembrés, de la même manière qu’écrire permet de restituer l’ineffable, je pense qu’il est possible de redonner vie aux poilus en les réinscrivant par la création artistique, peinture comme sculpture, dans un espace mémoriel.
LE C.D.F : Avez-vous d’autres projets en cours ?
G.S : Oui, je prépare des expos à New-York et à Paris, mais je vous en reparlerai !
Propos recuillis par Gwendal GAUTHIER
http://geffstrik.com

 

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