1914 : le centenaire
La première guerre mondiale a débuté en août 1914, et les Américains s’y sont engagés en avril 1917. Néanmoins nous n’attendrons pas 2017 pour rendre hommage aux troupes américaines engagées dans le premier conflit mondial, et qui y ont joué un rôle essentiel.
La Floride en première ligne
Si la Floride ne comptait que 900 000 habitants en 1914, néanmoins ils furent nombreux à partir pour l’Europe et 1200 à y tomber. Début avril 2013, en nettoyant un mur du Capitol Theater de Clearwater, c’est un « wall of honnor » qui a été par hasard découvert, avec les noms des héros morts en Europe.
http://www.huffingtonpost.com/2013/04/12/wwi-wall-of-honor-found_n_3063615.html
La Floride était peu peuplée, mais elle constituait un terrain d’entraînement idéal pour les troupes du camp Johnston de Jacksonville. Cette même ville possède aussi l’un des rares monuments aux morts de la Première Guerre mondiale en Floride. En 1918, au lendemain de l’armistice, le Rotary Club de la ville suggère la création d’un parc qui tiendra lieu de site commémoratif à la mémoire des 1200 soldats floridiens tombés au front. En 1919, la ville achète un terrain et le parc sera inauguré le jour de Noël 1924.
Lors de l’inauguration, une statue de bronze, intitulée « Vie », œuvre de Charles Adrian Pillars est dévoilée par deux jeunes filles, respectivement Mary Burrows dont l’oncle, Edward DeSaussure a été tué en Argonne et Mary Bedell, nièce de Bessie Gale, infirmière décédée en France en 1919.
A.V
ANNALÉA VINCENT :
“La Grande Guerre a accéléré la brutalisation des sociétés”
Le Dr Annaléa Vincent a soutenu en avril dernier sa thèse à l’Université de Miami sous le titre : « Aux limites de l’humain : violence, animalité, primitivisme, représentations littéraires dans le roman de tranchée ». Elle y traite de la déshumanisation qui – selon sa thèse – a battu toutes les limites durant ce conflit. (1)
LE COURRIER DE FLORIDE : Pour vous la littérature française a-t-elle justement reflété l’horreur du champ de bataille durant cette guerre ?
Annaléa VINCENT : La littérature française a représenté la guerre de manière très inégale. Alors que certains textes comme Gaspard de René Benjamin mettent en scène un soldat bravache, pittoresque, qui part en guerre « la fleur au fusil », où l’enthousiasme guerrier prédomine sur la peur du combat, d’autres textes eux, évoquent le champ de bataille de manière crue : violence des bombardements, corps démembrés, souffrances psychologiques terribles. Ce sont ces textes-là que j’ai choisi d’analyser. La frontière entre l’humain et le monstrueux y est extrêmement poreuse.
LE C.D.F : Quelle différence la littérature a-t-elle apporté par rapport à la presse ?
A.V : La presse est intimement liée à une parution et une production dans l’immédiateté. Elle est donc soumise à la censure de manière probablement plus systématique, bien que les romans y aient eux aussi été soumis. Cependant, la littérature de part sa nature, offre une plus grande liberté d’expression ; si le personnage principal est un rat par exemple (c’est le cas de l’œuvre de Pierre Chaine Mémoires d’un rat), il est plus facile de lui faire dire la guerre..
LE C.D.F : La Première Guerre Mondiale n’était pourtant pas le première des guerres contemporaines : la guerre de 1870 ou la guerre de Sécession furent aussi des boucheries dues à l’emploi d’armes de « destruction massive »… ?
A.V : Alors que le XXème s’ouvrait sur des promesses de progrès social et moral, liés notamment à un formidable essor technologique, la Première Guerre mondiale, a contribué à remettre en question une certaine idée de la modernité. C’est en ce sens que cette guerre se démarque des précédentes. Mais pas seulement. Les techniques et stratégies militaires changent, surtout à partir d’octobre 1914 où d’une guerre de mouvements on passe à une guerre de position. Aucune des armées en présence n’a le dessus sur l’autre et la guerre s’enterre. Commence alors la guerre des tranchées.
LE C.D.F : Vous pensez qu’il y a une continuité dans l’expérience de l’horreur entre 1870 et 1945 ?
A.V : Je laisserai la guerre de 1870 à part. Je suis assez sceptique quant au concept de continuité historique mais il est vrai, et George Mosse est l’un des précurseurs de cette théorie, que la Grande Guerre a acceléré la brutalisation des sociétés. La violence de masse rend la violence presque « acceptable », la notion même de l’individu étant noyée sous l’ampleur des massacres. Ce qui aurait probablement creusé le lit des horreurs de la Seconde Guerre mondiale.
LE C.D.F : Quels sont pour vous les textes les plus réalistes sur cette première guerre mondiale ?
A.V : Il est difficile de dire ce que c’est qu’un texte réaliste dans la mesure où le temps nous sépare aujourd’hui de l’événement même. La question du témoignage par ailleurs est une question délicate : restitue-t-on toujours vraiment ce que l’on voit, ce que l’on expérimente ? Mais sans entrer dans de tels détails épistémologiques, je dirai que le texte de Maurice Genevoix, Ceux de 14, est particulièrement évocateur. On peut bien sûr citer aussi Les Croix de bois de Roland Dorgelès, bien que je ne l’évoque pas dans ma thèse. Enfin, personnellement je trouve sublime La Comédie de Charleroi de Pierre Drieu La Rochelle.
Propos recueillis par Gwendal GAUTHIER
(1) – On peut lire sa thèse ici : http://scholarlyrepository.miami.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=2052&context=oa_dissertations
LAFAYETTE WE’RE HERE
Le 6 avril 1917, les Etats-Unis d’Amérique déclarent la guerre à l’Allemagne, trois ans après le début de la Première Guerre Mondiale, et précipitant ainsi son terme grâce aux 2 millions de soldats présents en France (dont 1 million combattait le jour de l’Armistice). Deux autres millions étaient à l’entrainement sur le sol Américain en attendant leur déploiement en Europe. Cette formidable armée eut finalement raison de l’Allemagne.
AVANT 1917
Les USA étaient neutres lors de l’entrée en guerre en 1914, mais de nombreux citoyens souhaitaient combattre avec la France et les idéaux de libertés et de démocratie qui y régnaient. Une cinquantaine s’engagea au 2e Régiment Etranger (Légion) et ils eurent leur premier tué en octobre 1914 vers Reims. En avril 1916 fut aussi formée l’Escadrille 124 avec des pilotes américains s’étant engagés dans le conflit de leur propre volonté.
LES CAUSES DE
L’ENGAGEMENT AMÉRICAIN
Plusieurs sabotages d’usines ont eu lieu sur le sol américain entre 1915 et 1917 afin d’empêcher les USA de livrer du matériel aux puissances de l’Entente ; des actes qui ont eu pour conséquence de sensibiliser l’opinion américaine.
Deux autres événements précipitèrent l’entrée en guerre des Etats-Unis. Début janvier 1917, l’Allemagne déclara la « guerre sous-marine à outrance », s’attaquant aussi aux navires des pays neutres qui commerçaient avec celles de l’Entente. Et puis, le 23 février 1917, les Britanniques communiquent au gouvernement américain un télégramme intercepté et dans lequel le ministre Allemand propose au Mexique une alliance tournée contre les Etats-Unis. Le 1er mars, le télégramme est diffusé dans les journaux, créant une grande émotion. Le 2 avril, le président Woodrow Wilson demande au Congrès de déclarer officiellement la guerre à l’Empire allemand. Le 6 avril 1917, le Congrès américain vote officiellement « la reconnaissance de l’état de guerre entre les États-Unis et l’Allemagne ». Le 13 juin, les 177 premiers Américains, dont le général John Pershing, commandant en chef du corps expéditionnaire et le capitaine George Patton, débarquent à Boulogne-sur-Mer dans la liesse populaire. Le 4 juillet, Pershing prononce un discours sur la tombe de Lafayette qui est resté célèbre entre autre par ses mots de conclusion : « Lafayette We’re Here ».
UN ENGAGEMENT DÉCISIF
A partir du mois de novembre, les troupes américaines vont progressivement s’engager dans les combats. Mais les troupes ne sont pas encore nombreuses, car les USA ne disposaient que de 200 000 soldats lors de la déclaration de guerre. La 1ère Armée Américaine fut crée le 10 août 1918, et deux autres étaient formées les semaines suivantes. En octobre, elle regroupaient 42 divisions soit 1 894 000 hommes. Les Allemands perdent du terrain face aux offensives de l’automne dans lesquelles les Américains sont les plus nombreux. Le 11 novembre 1918, Foch signe l’armistice avec l’Allemagne dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne.
Les Américains ont eu 126 000 morts durant le conflit, 234 300 blessés, 4 526 disparus et 2 450 prisonniers de guerre.
Annaléa VINCENT
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