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Anne Roumanoff : “Il y a eu un véritable sursaut des Français”

Anne Roumanoff / Paris / 28-05-2009 / photo: sebastien rabany
Photo : Sébastien Rabany

L’humoriste Anne Roumanoff passera le 23 février au Fillmore Theater de Miami-Beach. Elle dévoile un coin de son spectacle et revient sur l’ambiance à Paris après les attentats.

LE COURRIER DE FLORIDE : Quelque chose a-t-il changé en France depuis les attentats de janvier ?

ANNE ROUMANOFF : Je dirais que tout a changé. C’est un choc aussi fort que le 11 septembre. On n’en mesure pas encore tout l’impact.

Il y a eu un véritable sursaut des français qui sont très attachés aux valeurs de la République et à la liberté d’expression. Une prise de conscience aussi de plein de problèmes qu’on avait tendance à minimiser.

Depuis les terribles événements, j’ai beaucoup de gens qui sont venus me voir dans la rue, pour me dire : « surtout continuez, on a besoin de rire ».

LE CDF : Vous avez écrit dans le JDD : « Repenser à ces jouisseurs de vie qui ne respectaient rien ni personne. Se dire que c’est la fin d’une époque. » Pensez-vous que la liberté d’expression a été entaillée ?

A.R : Oui je pense que c’est la fin d’une certaine insouciance. Il y aura un avant et un après.

Ces évènements m’ont beaucoup touché. J’ai vu une interview de Wolinski qui parlait de lui en disant « Nous les humoristes ». On est de la même famille et quand un membre de la famille est attaquée, c’est toute la famille qui est blessée.

L’important c’est qu’on continue tous à faire notre métier d’humoriste à notre manière. Ces gens-là ont été les inspirateurs de beaucoup d’humoristes actuels, par leur insolence et leur irrévérence. Ils ont été des pères spirituels de beaucoup d’humoristes comme  Patrick Timsit, Laurent Gerra, Laurent Ruquier et bien d’autres.

La liberté d’expression a été entaillée mais ça a permis à tous les français de prendre conscience de la valeur de ce mot « liberté ».

Photo : Sébastien Rabany
Photo : Sébastien Rabany

LE CDF : Vous qui êtes très intéressée par la politique, comment expliquez-vous que des humoristes deviennent ainsi des enjeux nationaux, comme Charlie Hebdo, mais aussi comme Dieudonné : sans vouloir aucunement les comparer, on peut toutefois noter qu’ils déclenchent haines et passions et font l’objet d’importants enjeux ?

A.R : Il y a clairement une crise des valeurs dans notre société, une profonde crise morale mais les humoristes n’en sont pas responsables, on ne fait que constater ce qui ne fonctionne pas. Je dis toujours que les humoristes tendent un miroir à la société. Ca me gêne beaucoup qu’on compare les dessinateurs de Charlie Hebdo à Dieudonné.

Les dessinateurs de Charlie ne respectaient rien ni personne mais ils n’avaient aucune haine, c’est là toute la différence.

LE CDF : Comment expliquez-vous ce succès des humoristes en France qui semblent toujours plus nombreux ?

A.R : Plus ça va mal, plus les gens ont besoin de rire. Et puis devenir humoriste, c’est devenu pour beaucoup de jeunes comédiens une porte d’entrée vers le cinéma, un moyen de se faire connaitre.

Quand j’ai démarré en 1987, il devait y avoir une vingtaine d’humoristes, aujourd’hui ll y en a au moins 400. Mon mari à un site internet « YouHumour.com » où il présente des vidéos de 300 humoristes sur scène.

Il y a une exigence plus grande et un rythme plus rapide à adopter dans la présentation des sketchs. Donc pour durer, il faut s’accrocher (rires). Le niveau a monté, le public est plus exigeant.

Cela dit, j’aime beaucoup travailler avec de jeunes humoristes, ils sont souvent créatifs et passionnés. Il y a souvent plus d’envie de tenter des choses que chez des humoristes installés.

LE CDF : Allez-vous en parler de ces tristes événements dans votre spectacle ? 

A.R : Je vais les évoquer bien sûr mais mon spectacle parle surtout des problèmes de société. Le spectacle s’appelle « Aimons-nous les uns les autres » et ça parle des difficultés à vivre avec les autres.

Il y a une femme qui fait un discours au mariage gay de sa fille, un sketch sur l’évolution de l’éducation, une prière de la crise économique, une femme qui essaie de relancer sa vie sexuelle après 35 ans de mariage. Une américaine en visite à Paris qui a du mal à attirer l’attention du serveur et qui déblatère sur les Français. Il y a aussi une coach québecoise qui explique au public comment se libérer de ses toxines et un sketch où je fais monter deux personnes sur scène pour démonter les rouages d’une émission de téléréalité

LE CDF : C’est une première pour vous à Miami ?

A.R : Oui et je suis très excitée. Je ne connais de Miami que la série que je regardais quand j’étais petite « Deux flics à Miami ».

Si Don Johnson veut venir me voir, il est le bienvenu. Sérieusement je suis impatiente de découvrir la ville et le public.

J’ai déjà mis le maillot de bains dans ma valise… (rires)

ANNE ROUMANOFF A MIAMI :

Le 23 février à 20h à  The Gleason Room – Backstage at the Fillmore Miami Beach.

http://www.ticketmaster.com/event/0D004D5BA41F724D

http://www.anneroumanoff.com

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