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En Floride avec Donald Trump (élections primaires aux Etats-Unis)

Le candidat à la primaire républicaine tient ses dernières réunions entre Miami et Orlando avant le vote du 15 mars où il est pronostiqué gagnant, et qui constituerait pour lui au quel cas une victoire stratégique considérable. Impressions de campagne… à la campagne en Floride.

Coucher de soleil majestueux sur les Everglades dimanche soir. C’est là que Donald J. Trump a donné rendez-vous à ses supporters, à l’ouest de Boca Raton, à la lisière du grand parc naturel de Floride. Les Américains sont passés à l’heure d’été le matin même, mais vu du « Sunshine State », l’été c’est un peu toute l’année. Finalement, seuls les moustiques (et les journalistes) sont sortis de l’hibernation pour venir à la rencontre des partisans de « The Donald ». Seul lui et Bernie Sanders attirent autant de monde dans les réunions publiques durant ces primaires.

Meeting de Donald Trump à Boca Raton (Floride) le 13 mars
Meeting de Donald Trump à Boca Raton (Floride) le 13 mars

Alors, c’est comment une réunion publique de Donald Trump ? C’est… rock n’ roll : un décorum grandiose pour des mots simples et efficaces. Le journal local n’a prévenu que la veille de la tenue de ce meeting, et plus de 10 000 personnes sont tout de même au rendez-vous. Une quarantaine d’opposants brandissant des pancartes « contre la haine » sont postés à mi-chemin du parking et de l’esplanade où le magnat de l’immobilier va s’exprimer. Les Rolling Stones ou Creedence Clearwater chauffent la foule en attendant. Leurs disques en tout cas. Pas de mièvreries chez les Trump. L’ambiance est néanmoins bon enfant, et le public est loin de la caricature qui en est souvent faite. Toutes les générations sont représentées, aussi bien les hommes que les femmes, mais la moyenne d’âge est assez jeune, abaissée par la présence de très nombreux étudiant(e)s. Des géants body-buildés à moustache avec des t-shirts american flag et leurs copines en mini-shorts super-minis ? Oui, il y en a quelques uns. Mais les « rednecks » ne sont pas ce qui se détache le plus de la foule présente. Il s’agit en grande majorité d’américains de la middle-class, ressemblant à n’importe quelle foule européenne. Il n’y a de facto pas beaucoup « d’african-americans » dans les parages, peut-être 1 ou 2%, mais tout de même des personnes avec des pancartes « les latinos avec Trump ». C’est rock N’ roll, mais c’est bon enfant : pas de scènes d’hystéries, pas de « guest star » en première partie, pas de chauffe du public. La rencontre va être brève, intense et directe.

Arrivée en hélicoptère de Donald Trump à son meeting de Boca Raton en Floride.
Arrivée en hélicoptère de Donald Trump à son meeting de Boca Raton en Floride.

« Ladies & Gentlement, the next president of the United States« , annonce « simplement » le speaker au moment même où un hélicoptère surgit de la nuit derrière la tribune. Les hourras suivent l’appareil qui fait le tour de la foule, comme pour l’étreindre, avant d’aller se poser. Personne ne prend la parole avant LUI. Quelques secondes plus tard, il est là, casquette rouge vissée sur la mèche. « C’est ma deuxième maison : j’aime la Floride ! » (…) « Vous savez pourquoi-nous sommes là : we’re here because we will make American great again« . Donald Trump parle fort. Il accuse, il chamboule, il menace les « ennemis de l’Amérique », il suscite les bravos, il plaisante avec le public mais il recentre sur son sujet : recouvrer la puissance américaine. Car si tous les candidats des deux partis jugent les Etats-Unis actuellement en position de faiblesse (ce qui est somme toute assez surprenant), Trump accuse pour sa part la classe dirigeante, « l’establishment », d’être responsable de la « chute de l’Amérique ». Pour Trump, chez les autres candidats, aussi bien Républicains que Démocrates, il y a les « fainéants », il y a les « faibles », il y a les « menteurs », et il y a… lui. Qu’il soit ou non meilleur que les autres n’est d’ailleurs pas vraiment le problème du moment. « Il ose dire la vérité sur les dirigeants de Washington« , confie Patti, une comptable de 53 ans, venue avec son mari depuis Miami pour l’occasion. « Personne ici ne voterait pour les autres candidats. Non nous ne savons pas si Donald est mieux que les autres, mais en tout cas il n’a pas peur de dire les choses comme elles sont. Nous avons eu trop de promesses non tenues par nos élus. Cette fois ça va changer. » Trump n’est pas un professionnel de la politique, et il n’est tenu par aucune force financière extérieure. Cette indépendance d’esprit et d’argent, c’est ce qui séduit la majorité de ses partisans. Son langage « non policé », à l’opposé du politiquement correct, et pour tout dire… « viril », est choquant pour les médias et les élus qui ne comprennent pas qu’on puisse vouloir voter pour quelqu’un s’exprimant de la sorte. Mais c’est ce côté rock n roll qui séduit. Une partie des Américains pense apparemment qu’ils ont besoin d’une sorte de « Poutine » local ; d’un président à poigne, afin de se faire respecter sur la scène internationale. Tout n’est d’ailleurs que dans la posture avec Donald Trump, car dans la réalité, il n’est pas le plus dur des Républicains. Il est partisan du dialogue avec la Russie ou avec l’Iran, alors que les autres candidats aux Primaires seraient plutôt pour couvrir de bombes la moitié de la planète. Trump croit en ses chances, et il ne racontera pas n’importe quoi, car il se voit déjà président. Il n’a pas envie d’aller négocier avec Poutine après l’avoir menacé d’une guerre nucléaire !

Certes, s’il est élu, il devra être à la hauteur de ses menaces contre l’Etat Islamique, et il devra tenter de tenir sa promesse d’un « mur-frontière » avec le Mexique. Mais hormis ces quelques sorties, la dureté de Trump est vraiment plutôt dans le style.

Supporter de Donald Trump à la réunion publique de Donald Trump à Boca Raton Floride
Supporter de Donald Trump à la réunion publique de Donald Trump à Boca Raton Floride

UN LIEN DIRECT AVEC SES SUPPORTERS

Alors, le style, quel est-il dans ces réunions ? Pas besoin de notes pour Trump : il balance dès son arrivée sur l’estrade. Les phrases sont courtes, les mots sont courts, et les fins des phrases contiennent toutes une punchline, martiale ou amicale, mais dans tous les cas efficaces, (un peu comme les chansons de rap), soulevant l’optimisme et les acclamations.

Ca a duré moins d’une heure, mais les gens n’étaient de toute façon pas venus pour le spectacle. C’est celui qui est (depuis juin dernier) leur ami sur Facebook qui les avait invité gratuitement à venir passer un bon moment en sa compagnie ; un moment d’espoir sous la voute étoilée et face à une bannière géante qui l’est tout autant. Un moment où chacun a souhaité que l’Amérique redevienne « comme avant », « great again ».

Supportrice de Donald Trump à la réunion publique de Donald Trump à Boca Raton Floride
Supportrice de Donald Trump à la réunion publique de Donald Trump à Boca Raton Floride

Ce lien direct entre Trump et des millions d’Américains – se passant du consentement des élites ou des médias – est le phénomène le plus marquant de la campagne présidentielle 2016. Alors que les autres candidats font des calculs pour trouver désespérément de la surface médiatique, Trump s’en fiche éperdument : la scène lui appartient, les « followers » sont ses amis sur les réseaux sociaux et les médias peuvent bien raconter ce qu’ils veulent.

Peut-être que le phénomène Trump ne sera  qu’un effet de mode. Mais il y a un deuxième élément très marquant incarné par sa campagne : le sentiment de stagnation ou de régression de la middle class américaine qui semble très profond. Longtemps après l’Europe, beaucoup aux Etats-Unis ont désormais l’impression de n’avoir rien gagné avec la mondialisation. C’est le cas des électeurs de Trump, qui souhaitent que des taxes douanières soient appliquées « avec la Chine qui nous vole les emplois », mais aussi chez les Démocrates où les supporters de Bernie Sanders souhaitent désormais un gouvernement socialiste afin de rétablir plus d’égalités entre les citoyens.

En attendant, les quarante opposants et les alligators sont rentrés chez eux dans la nuit. Ni leurs râles, ni la cuisine électorale des autres candidats républicains ne peuvent faire autre chose que de renforcer Trump qui s’envole vers de nouvelles victoires, et probablement dès mardi en Floride. Pour sa part, il est reparti d’hélicoptère en avion face à de nouvelles foules : Donald Trump s’adresse chaque jour dans plusieurs Etats différents à des publics aussi nombreux – et parfois même le double – toujours avec la même ferveur. Il est la seule rock star de ces élections, le seul non-politicien, le seul ami de la famille (en tout cas sur Facebook).

– Les opposants à Donald Trump à l’entrée de sa réunion publique de Floride :

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3 commentaires

  1. Ça fait exotique d’utiliser des mots anglais (Des body-buildés, des t-shirts american flag, la middle-class, african-americans, une punchline, les « followers »), mais essayez donc d’écrire en français SVP. ;-)

    1. Nous sommes un journal américain, édité aux Etats-Unis, en langue française, certes, mais sans tabou ni enjeux politiques liés à cela (nous ne sommes pas dans la situation politico-linguistique de Montréal). Le seul fait d’éditer un journal en français aux Etats-Unis est selon nous déjà suffisamment rare pour que nous n’ayons pas besoin de nous flageller sur l’utilisation de mots d’anglais (surtout pour illustrer une réunion de M. Trump) (ce serait un article sur un déplacement du consul de France ou du premier ministre du Québec, ce serait peut-être moins à propos).
      D’une part certains mots sont effectivement utilisés dans leur cadre « exotique » (bodybuildés ou punchline). Mais nous sommes un journal francophone, ce qui veut dire que nous utilisons des mots intelligibles par tous les francophones. Or certains mots ne sont pas traduisibles dans tous les pays. En France, les mots « bodybuildés », « t-shirt » « followers » ou « african-american »* n’ont pas de traduction, en tout cas pas utilisées par les habitants de ce pays. Nous pouvons certes remplacer ces mots par des phrases, ou bien par leur terminologie française officielle, mais nous ne sommes ni un lexique, ni un dictionnaire, et nous n’avons pas d’obligation de faire une phrase là où un anglicisme, un hispanicisme, un mot de grec ou de latin, sont intelligibles par le plus grand nombre.
      Nous comprenons bien évidemment votre préoccupation, qui est celle d’un grand nombre de Canadiens Francophones, mais qui n’en est pas une pour les francophones vivant dans des pays où la langue française n’est pas menacée. Et on ne peut pas dire que ce soit vraiment notre cas aux Etats-Unis ! La langue française a de siècle en siècle été enrichie par des mots en provenance d’autres langues ou dialectes, ou bien par des mots totalement inventés, a connotation française OU étrangère. Et sans en connaître le pourcentage réel, à priori la plupart des mots qui composent notre langue ne sont vraisemblablement pas nés en France (mais déjà en Grèce ou en Italie pour un grand très grand nombre). Si les anglicismes peuvent dans certains cas se révéler insupportables (c’est le cas dans certains salons (ou lycées) parisiens), la langue doit cependant rester vivante et pour ce… s’enrichir. Mais nous ne faisons pas de militantisme à ce sujet. En revanche nous soutenons bien volontiers le militantisme francophone au Canada !

      * encore que pour celui-ci ont peut en débattre, mais à titre personnel, l’auteur de cet article ne pense pas que « afro-américain » soit une bonne traduction.

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