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Les petits papiers de Panama mettent le feu à Miami

L’affaire des Panama Papers a eu immédiatement des retombées à Miami, qui avait déjà du mal à se défaire de sa mauvaise réputation en matière de blanchiment d’argent.

L’affaire dite des « Panama Papers » a eu des répercussions sur toute la planète, ou presque : les Etats-Unis ont été relativement épargnés par ces révélations sur les comptes en banque « offshore » de nombreux dirigeants et stars de tous les pays du monde. L’Amérique du Nord est épargnée, mais… Miami étant un peu au sud (et la ville ayant du mal à ne pas participer à tous les trafics de la planète) (même si elle s’est plutôt bien améliorée)… l’affaire a ainsi fait des vagues en Floride. Commençons toutefois par dire qu’il y a beaucoup de « tuyaux creux » dans cette affaire des Panama Papers. Des personnalités ont ainsi été « dénoncées » pour possession d’un compte au Panama (ce qui est en soi totalement légal), et certaines pour des sommes qu’elles avaient intégralement déclarées au fisc de leur pays d’origine. Des banques ont également été désignées dans des articles à scandale pour avoir géré des portefeuilles de clients ayant hébergé des comptes au Panama, alors qu’il n’est pas prouvé que ces comptes aient servi à dissimuler de l’argent, ni que les banques en question soient responsables de l’ouverture de ces comptes. Ceci précisé, il ne faut pas être naïf, les centaines de milliers de comptes (révélés par cette affaire) ouverts au Panama par des personnalités d’à peu près tous les pays, ne l’ont pas tous été pour abriter de « l’argent propre » et légalement déclaré. Pour s’en convaincre, il suffit de voir sur la liste des propriétaires de ces sociétés certains noms bien connus du milieu de la délinquance en col blanc.

Olga Santini (photo : Linkedin)
Olga Santini (photo : Linkedin)

Le quotidien Miami Herald a fait partie de la centaine de journaux de la planète qui ont travaillé pendant une année entière sur les 11,5 millions de documents de ce dossier avant de le révéler au public. Mais (et c’est sûrement un hasard !), il a été le seul journal des Etats-Unis à recevoir le dossier et à enquêter. Il se dégage de la partie floridienne de ce dossier la figure d’Olga Santini, qui depuis son « Palace Condominium » de Brickell aurait aidé plus de 200 sociétés à se constituer dans les paradis fiscaux. Interrogée par Miami Herald, Mme Santini leur a répondu qu’elle n’avait rien commis d’illégal, et qu’elle n’avait jamais été employée du cabinet Mossack Fonseca, la société panaméenne au centre du scandale. Mais Miami Herald a vérifié, et trouvé que Mme Santini avait (au moins) participé à une conférence à Miami en tant que « représentante de Mossack Fonseca », qu’elle était apparue sur le site internet de cette société comme étant la représentante de Mossack Fonseca à Miami, et que sa propre page Linkedin indiquait qu’elle était « MF Consult ». La base de donnée de Mossack Fonseca transmise aux journaux cite le mot « Miami » a 150 000 reprises (!), et le nom d’Olga Santini à 27000 occurrences. Après avoir été inondée par l’argent de la cocaïne dans les années 1980, ce sont deux marchés qui sont visés par ceux qui traquent le blanchiment d’argent sale à Miami, celui de l’art contemporain, et celui de l’immobilier. Comme nous le révélions il y a quelques mois, 53% des (nombreux) (et souvent luxueux) achats immobiliers réalisés en 2015 à Miami s’y sont fait en paiement comptant, sans aucun financement. C’est deux fois plus que partout ailleurs aux Etats-Unis. Pour le cas précis de l’immobilier neuf, le nombre de paiements comptant serait même de 90% !

DES FIGURES BIEN CONNUES

Mauricio Cohen Assor et Leon Cohen-Levy.
Mauricio Cohen Assor et Leon Cohen-Levy.

Il est parfaitement légal en France, au Canada ou aux Etats-Unis d’ouvrir un compte au Panama, tant que l’argent transféré sur ces comptes y est intégralement déclaré. Mais les sociétés basées aux USA et qui aident à ces transferts d’argent ont bien évidemment un devoir de vérification. Sinon elles sont considérées comme des entreprises de blanchiment.

Mossack Fonseca a ainsi ouvert de nombreux comptes pour des millionaires brésiliens de Miami. Le nom de Marcos Pereira Lombardi en ressort. Ce patron de presse qui a acheté deux condos pour 2,7M$ dans la Trump Tower de Sunny Isles est par ailleurs accusé d’avoir financé un système de pots-de-vin destinés aux élus du Congrès brésilien. Et encore (pour rester sur les plus connus) Paulo Octavio Alves Pereira, qui est propriétaire de 13% des hôtels de Brasilia. Lui a été accusé de détournements de fonds. Un an plus tard (en 2011), il s’achetait un appartement pour 2,95M$ à Mimi Beach. Mais dans le volet floridien des Panama Papers, il y a aussi Marco Lustgarten, homme d’affaires vénézuélano-autrichien, accusé d’avoir organisé un vaste trafic de blanchiment d’argent de la drogue. Sans oublier Giuseppe Donaldo Nicosia, un italien recherché pour une fraude fiscale massive ; ou encore deux figures bien connues de Miami : Mauricio Cohen Assor et Leon Cohen-Levy (père et fils). Citoyens espagnols, ils purgent actuellement une peine de 10 ans de prison au pénitencier fédéral de Miami. Ils sont bien connus en France, puisqu’ils y ont vécu durant 25 ans, développant l’enseigne Flatotel. Ils accusent d’ailleurs la branche du Crédit Lyonnais avec laquelle ils travaillaient de « complot » contre eux les ayant amenés à cette condamnation pour fraude fiscale en 2011 en Floride. Ca c’est la vieille histoire. La nouveauté révélée par les Panama Papers, c’est que Mossack Fonseca leur a ouvert 13 sociétés offshore (ce qui ne devrait pas les aider à clamer leur innocence !).

L’an passé, ce sont 6,1 milliards de dollars de biens immobilier qui ont été acquis par des étrangers entre Miami et Palm Beach. Le gouvernement américain avait décidé il y a quelques mois de mettre en place un système de surveillance pour les sociétés achetant en liquide des biens immobiliers pour des montants supérieurs à 1M$. Miami est ainsi rattrapée par un passé dont elle a bien du mal à se défaire…

Le journal français Le Monde s’est également penché sur le volet « art contemporain » des Panama Papers. Miami y apparaît de nouveau, notamment avec la présence dans les Panama Papers d’un compte offshore d’Ella Fontanals-Cisneros, l’une des collectionneuses les plus célèbres de la ville.

A noter également au niveau de la francophonie que Mamadie Touré, la veuve de l’ancien président guinéen Lansana Conté, est citée par la presse dans l’affaire des Panama Papers. Elle s’était fait saisir trois propriétés à Jacksonville en 2014 dans le cadre d’une autre affaire (voir Le Courrier de Floride de janvier 2015).

Malheureusement pour les personnes dénoncées à tort, il faudra des années pour que de tels dossiers soient jugés. Malheureusement aussi pour les contribuables, car les évasions fiscales sont toujours compensées par ceux qui payent honnêtement leurs impôts, et à priori ceux-là ne gagnent pas assez d’argent pour se payer un conseiller en création de société offshore. Quant à Miami, elle y gagne ce surnom dans Le Monde : « Un des centres mondiaux de l’argent sale« …

QUAND LES SUISSES CRITIQUES LES AMERICAINS !!

Comme on a pu le voir, les personnes mentionnées ne sont pas pour la plupart américaines. Pourquoi y en a-t-il si peu dans les Panama Papers ? Peut-être parce que les grandes fortunes des Etats-Unis ont beaucoup d’avantages à domicile. Le 31 mars, le journal Le Temps (Suisse) a osé titrer son édito de la sorte : « L’anomalie fiscale américaine n’a que trop duré« . La Suisse qui critique les Etats-Unis en matière fiscale… c’est le monde à l’envers ! On peut lire dans ce même journal : « Aujourd’hui déjà, chez les professionnels suisses de la gestion de fortune, l’idée d’utiliser l’Amérique pour mettre à l’abri les derniers clients non déclarés gagne du terrain. » www.letemps.ch/economie/2016/03/31/etats-unis-refuge-derniere-chance-argent-paradis-fiscaux

Les Etats-Unis exigent une grande transparence de ses partenaires à l’étranger, mais elle est accusée de ne pas jouer le jeu de la réciprocité. Ceci dit, il paraît totalement suicidaire pour un étranger de venir placer des fonds douteux aux Etats-Unis. Sauf à vouloir, à court ou à moyen terme, vouloir risquer une peine de 450 ans de prison (ou presque !). Les Etats-Unis ne sont ni la Suisse, ni le Panama en matière pénale !

 

Restaurant Kalimera (grec et libanais) à Miami

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