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Affaire Turner : Le viol de trop dans les universités américaines

Depuis des décennies, l’Université américaine n’est pas qu’un lieu où le savoir se transmet, mais aussi aussi un prétexte pour un grand nombre de jeunes à de multiples excès autour de l’alcool et du sexe*, avec souvent une grande tolérance envers les dérapages qui y sont commis. Mais la « partie » du 18 janvier 2015 à l’Université de Stanford (Californie) fut celle de trop.

Brock Turner, un étudiant et athlète de 20 ans, y a sexuellement agressé une étudiante de 22 ans (dont la police a réussi à maintenir l’anonymat). Des collègues ont trouvé Turner à 1h du matin monté sur cette jeune femme inanimée, près d’une poubelle, après une soirée de leur fraternité étudiante. D’après un sondage sur les étudiants de Stanford l’an passé, 32,9% d’entre eux ont eu à subir des conduites sexuelles inappropriées, et 4,7% des agressions sexuelles. Dans l’affaire Turner, la victime a porté plainte, mais personne n’aurait plus entendu parler de cette agression-là que de toutes les autres, si l’opinion publique ne s’en était mêlé. Deux éléments l’ont choqué : la clémence du verdict (6 mois de prison, dont trois avec sursis en cas de bonne conduite) et surtout une lettre que la victime a adressé à son agresseur : « On m’a dit non seulement que j’avais été agressée, mais aussi que techniquement, comme je ne me rappelais rien, je ne pourrais pas prouver que je n’étais pas d’accord. (…) Après l’agression physique, j’ai subi une agression verbale, des questions brutales qui disaient : regardez, son témoignage n’est pas cohérent, elle est folle, quasi alcoolique, elle voulait sûrement coucher, ce type est genre un athlète, non ? Ils étaient saouls tous les deux, bref, les trucs dont elle se souvient à l’hôpital sont arrivés après les faits, pourquoi en tenir compte, Brock risque gros alors tout ça est vraiment pénible pour lui. (…) La culture de l’alcool sur les campus. C’est ça qu’on veut dénoncer ? Tu crois que c’est contre ça que j’ai passé un an à me battre ? Pas sensibiliser aux agressions sexuelles sur les campus, ou bien au viol, ou apprendre à reconnaître un consentement ? La culture de l’alcool sur les campus. Tu te rends compte qu’avoir un problème d’alcool, c’est différent de boire puis essayer avec acharnement d’avoir une relation sexuelle avec quelqu’un ? Montre aux hommes comment respecter les femmes, pas comment se calmer sur la boisson. (…) Personne n’est gagnant. Nous sommes tous dévastés, nous essayons tous de trouver du sens à toute cette souffrance. Les dégâts que tu as subis sont concrets : tu perds titres, diplômes, inscription à l’université. Les dégâts que j’ai subis sont internes, invisibles, je les transporte avec moi. Tu m’as pris ma valeur, ma vie privée, mon énergie, mon temps, ma sécurité, mon intimité, ma confiance en moi, ma voix même, jusqu’à aujourd’hui. »
Parmi une foule de commentaires, l’un a plus fait parler que les autres : celui du vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, qui a écrit le 9 juin : « Rempli d’une folle colère », il assure se joindre « au choeur mondial de vos supporters, parce que nous ne pouvons jamais dire suffisamment aux survivantes : je vous crois. Ce n’est pas de votre faute. Ce que vous avez enduré n’est jamais, jamais, jamais, JAMAIS la faute d’une femme. (…) Je ne vous connais pas, mais je ne vous oublierai jamais. Comme les millions de personnes touchées par votre histoire ne vous oublieront jamais. Et je crois que vous nous avez aidé à construire un monde meilleur. »
Autre conséquence, quelques jours après la proclamation de la sentence, le 10 juin, 1 million d’Américains avaient déjà signé la pétition pour que le juge soit renvoyé.
Les fêtes dans les universités américaines ne seront plus jamais comme avant.

* Ce n’est pas très nouveau, et ça a été souligné avec brio par le maître de la satire sociale américaine, Tom Wolfe, dans son livre « I Am Charlotte Simmons« .

 

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