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Comment Donald Trump a réussi à gagner la Maison-Blanche (analyse)

Donald Trump a gagné l’élection présidentielle américaine et pas grand monde ne peut se vanter de l’avoir prédit. Comment a-t-il fait ? Voici notre analyse.

LA VICTOIRE DE TRUMP D’UN POINT DE VUE STRATEGIQUE

Il a d’abord eu un coup de génie : s’inventer totalement une identité politique. C’est l’avantage du débutant : il n’a aucun héritage politique à défendre. Le 16 juin 2015, Donald Trump a dit « adieu » à 68 ans et demi de centrisme et de pragmatisme pour devenir un candidat « radical » aux déclarations fracassantes ; à commencer par la première d’entre elles à propos de la construction d’un mur avec le Mexique. La plupart des médias ont conclu que Trump était devenu fou et incontrôlable. Tout était au contraire parfaitement prévu de longue date : Trump a deviné (seul) que ses propos toucheraient une majorité d’Américains. Autre conséquence stratégique : dès lors, toutes les passions tournaient autour de lui. Réactions de rejet d’une part, mais formidable mobilisation populaire en sa faveur dans la moindre des centaines de réunions qu’il a tenues. Ce n’est pas sans rappeler, dans un tout autre style, la première campagne d’Obama en 2008. Car la « passion » est certainement l’autre maître-mot de cette victoire, et on peut la décliner en deux volets : espoir et colère.

Hillary Clinton avait conçu – comme en 2008 – la plus formidable machine de communication qu’il soit possible d’imaginer, propre à transpercer toutes les couches de l’électorat. Surtout, cette machinerie formait une carapace à peu près hermétique à toute attaque contre la candidate démocrate (à part cette histoire de boite email qui n’aura peut-être pas été si responsable que ça de sa défaite). Le plus évident, exactement comme en 2008 (où elle concourrait aux Primaires également face à un débutant (Obama)), c’est que malgré l’utilisation d’une machine de communication parfaite… il n’y a eu aucune passion autour de sa candidature.

Bus de campagne de Donald Trump

LA CAMPAGNE ELECTORALE A REVELE DES REALITES

Un profond désarroi économique frappait le cœur des Etats-Unis depuis des années, et personne n’en avait pris la mesure : ni les politiciens, ni les médias nationaux. Seuls Donald Trump et le candidat socialiste Bernie Sanders étaient en phase avec ce désarroi (de manière certes très différentes). Trump a écrasé sa primaire, et Sanders a failli battre Hillary Clinton. S’il était alors impossible d’affirmer que la colère était majoritaire aux Etats-Unis, il était toutefois possible d’essayer d’évaluer ce désarroi. Hillary Clinton ne l’a pas fait. Trump était persuadé que les électeurs souhaitaient un changement radical, et dès le départ c’est une sorte de « démondialisation », de protectionnisme, qu’il a proposé à ce corps électoral.

ET DES ERREURS D’ANALYSE

La victoire de Trump s’explique par plusieurs facteurs (y compris son lien extrêmement efficace avec les Américains via les réseaux sociaux), mais le réflexe des électeurs a ainsi avant tout été très « égalitaire ». Beaucoup de militants et de partis progressistes ont du mal à le comprendre, puisqu’ils préféreraient que les classes populaires continuent de voter pour leurs propres candidats, comme ce fut toujours le cas par le passé. Néanmoins, ce vote populaire en faveur d’un candidat de droite n’est pas nouveau : c’est le cas en France depuis les années 1990, et ce fut le cas récemment en Grande-Bretagne avec le « Brexit ». Avant l’élection, bien des progressistes ridiculisaient les supporters de Trump comme une minorité raciste assez amusante car caricaturale avec ses chapeaux pointus. Du coup, vu que Trump a gagné, ça fait moins rire, si Trump a gagné, c’est que les racistes sont majoritaires aux Etats-Unis. Inutile de préciser que ces positions ne sont dangereuses que pour ceux qui travaillent à l’amitié entre les peuples, et en premier lieu les expatriés, entreprises et touristes étrangères présentes aux USA.

Bien évidemment, il ne s’agit pas ici de minorer le fléau du racisme aux Etats-Unis, dont nous parlons souvent. Mais il convient de voir en premier lieu que Trump n’aurait jamais été élu si 30% des latinos n’avaient pas voté pour lui, et même sans les 8% d’afro-américains qui l’ont choisi : il ne l’aurait pas été. Ces mobilisations sont bien plus déterminantes que les quelques milliers d’électeurs du Ku Klux Klan. Même si ces derniers n’ont certainement pas voté pour Hillary Clinton : ils ne sont pas le sujet central de la mobilisation populaire. Il n’est pas possible de continuer à faire l’économie d’une réflexion globale. Un dernier chiffre : les fameux « blancs non-diplômés » suspectés de « racisme » par certains médias ont été 28% à choisir Hillary Clinton. S’ils étaient tous racistes, comment expliquer qu’ils étaient 6 points de plus (34%) à voter Obama quatre ans plus tôt ?!

CONSEQUENCES DE LA VICTOIRE DE TRUMP

La colère « est mauvaise conseillère », et même si elle peut s’avérer parfois utile, elle peut tout aussi bien n’être qu’une mode. Il est assez difficile de prévoir si le comportement et les actions du futur « gouvernement Trump » calmeront cette colère. Des changements sont nécessaires aux Etats-Unis, et il est tout aussi difficile de savoir si Trump fera les bons choix, ni même s’il fera quoi que ce soit. Le « flou », c’est aujourd’hui la conséquence d’avoir élu un homme qui s’est inventé il y a 18 mois une identité politique qui n’est (probablement) pas la sienne. Le « Winner » peut toutefois s’estimer heureux ; il pourrait ainsi inverser la maxime de Pierre de Coubertin : « L’important, ce n’est pas de participer : c’est de gagner ». Mais ça ne nous dit pas de quoi le futur sera fait !

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2 commentaires

  1. Le fait qu’il avait déclaré que les élections seraient truqués, puis maintenant qu’il recuse le recomptage des votes et accuse des  »millions » de personnes d’avoir voté illégalement (contre lui évidemment ) montre le peu de cas qu’il fait de la démocratie et au sens large détériore fortement l’image des États-Unis. Tout les régimes autoritaires de la planète vont pouvoir déclaré que le modèle occidentale est aussi.pourrie que les leurs…

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