Etats-Unis : Les sondages interdisent de penser (éditorial du Courrier des Amériques)
Et ils pervertissent la campagne électorale. Rappelons qu’en 2016 ils avaient aussi donné jusqu’à une moyenne de 11 points d’écart en faveur d’Hillary Clinton contre Donald Trump dans les mois précédant l’élection présidentielle (et il s’agit d’une « moyenne » : certains sondages allaient bien au-delà). Au contraire, au Courrier, nous avions annoncé dans tous nos numéros de juillet à novembre 2016 (un peu « seuls contre tous ») que le résultat serait serré.
Si les mass médias américains ont continué leur propagande depuis 2016, on a senti une réticence des médias internationaux à faire de même. Mais, depuis quelques mois, les journaux et télés canadiens ou français n’ont plus aucun complexe a asséner cette vérité : « Trump a plus de 10 points de retard sur son adversaire ».
Annoncer « dix points d’écart dans les sondages », c’est tout simplement donner le résultat de l’élection à l’avance, et interdire de penser qu’il puisse en être autrement… Car les sondages sont des instruments qui peuvent s’avérer relativement scientifiques. Vu le fiasco de 2016, on attendrait des médias un peu plus de prudence quant à leur utilisation. Certains s’en servent afin d’appuyer leur narration, leur point de vue éditorial : l’un des deux candidats est leur ennemi, il doit perdre, et il ne peut en être autrement.
Personnellement, je ne suis pas devin et je ne donne pas les résultats à l’avance. Néanmoins, raconter des balivernes aux lecteurs n’est jamais positif. Il est même difficile de savoir dans quel sens ce genre de sondages favorisent tel candidat ou son adversaire. Est-ce que tous les électeurs de Biden feront campagne et iront voter, vu que les sondages assurent que l’élection est déjà gagnée sans faire campagne ? Est-ce que, au contraire, les électeurs de Trump seront plus motivés contre « les médias et leurs fake news » ? Est-ce qu’il est plus difficile pour un candidat d’être annoncé comme un « loser » ?
Qui est le plus défavorisé ? Les électeurs le sont !!! Et tous ceux qui cherchent à acquérir un avis objectif sur la situation politique.
Notons aussi qu’en 2016, certains sondages avaient donnés dans les derniers jours de la campagne un score plus rapproché qu’auparavant entre Trump et Clinton. Et ils en avaient ensuite profité pour dire « nous avions annoncé ce rapprochement ». C’est faux ! Il n’en était rien : ils se sont trompés, et certains s’étaient simplement moins trompés que les autres. Les électeurs ne changent pas comme ça d’opinions politiques en trois jours, c’est une certitude, et il n’y a donc pas eu de « rapprochement des candidats ». En fait, quand tout le monde raconte n’importe quoi, il n’est pas étonnant que l’un d’entre eux finisse par avoir raison !
Donc, voilà, j’attendais beaucoup plus de cette campagne électorale, et quel que soit le score du 3 novembre… il serait temps que les mass médias aient un avis critique sur les sondages. Pour ma part… j’en ai un !
PS : Cet éditorial a été écrit 8 jours avant l’élection.
Gwendal Gauthier
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