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Tirer des leçons de la guerre en Afghanistan (éditorial du Courrier des Amériques)

Il aura fallu 20 ans, 20 ans pour rien, 20 ans pour épuiser toutes les cartouches aussi bien militaires que diplomatiques, et arriver à ce constat que, pourtant, beaucoup avaient prédit : l’invasion de l’Afghanistan est un immense gâchis, aussi bien aujourd’hui pour les Etats-Unis que ce fut le cas au XXe siècle pour les Soviétiques.

par Gwendal Gauthier, directeur du Courrier des Amériques.
par Gwendal Gauthier, directeur du Courrier des Amériques.

L’attaque initiale de l’Afghanistan en 2001 était logique, puisqu’il s’agissait d’une riposte aux attentats du 11 septembre. Il ne faut pas l’oublier : c’était la première guerre « non-conventionnelle », difficile à mener, contre des pirates de l’air de portant pas d’uniforme. Leurs « frères » d’Al-Qaïda n’en portaient pas non plus. Ni le gouvernement Taliban d’Afghanistan qui les protégeait. L’attaque de l’Afghanistan était logique, elle était difficile, mais envahir le pays en se mêlant en même temps de ses affaires internes aura été une catastrophe extrêmement prévisible et extrêmement prévue.

Ben Laden a été éliminé, et c’est une victoire, en revanche la forme d’occupation de l’Afghanistan (en aidant un gouvernement mis en place par la force) ne l’est pas. Il n’y a pas de « défaite américaine », mais la victoire a un goût très amer.  En ce début de XXe siècle, si les USA sont capables de tirer des missiles en grand nombre, de manière remarquable, leur intelligence militaire ne va, en revanche, pas beaucoup plus loin. Aussi bien en Libye qu’en Irak ou en Syrie, jouer au « gendarme du monde » aura été soit destructeur, soit contreproductif.

Les USA auraient pu sortir gagnants de cette guerre d’Afghanistan en réduisant sa durée de moitié, tout simplement en quittant le pays le 2 mai 2011, après avoir éliminé Oussama Ben Laden, le chef d’Al-Qaïda (qui n’habitait d’ailleurs plus en Afghanistan quand il a été abattu).

Le nombre de victimes « militaires » et civiles de cette « War on Terror » n’est même plus comptable tellement elle aura eu de répercussions : par exemple la chute de Saddam Hussein aura permis la constitution de l’Etat Islamique dans le nord de l’Irak, et en conséquence facilité la guerre que cette organisation aura mené en Syrie. Cette affaiblissement de la Syrie aura même permis l’expansion d’Al-Qaïda sur ce territoire : l’organisation de Ben Laden que les Etats-Unis souhaitait initialement combattre ! Et ce n’est pas fini : la présente défaite des Etats-Unis va nourrir les espoirs de tous ses ennemis. Pour les Islamistes, cette défaite américaine en Afghanistan venge la mort de Ben Laden.

Bien entendu je n’oublierai pas dans la liste des victimes les milliers de soldats occidentaux morts là-bas. Mettez-vous aujourd’hui à la place d’une femme de soldat américain mort en Afghanistan !

Alors, oui, il faut poser la question : une politique désastreuse se termine en Afghanistan. A qui la faute ? A la politique étrangère inventée par les néo-conservateurs, et aux gouvernements américains qui ont pratiqué cette ligne politique, aussi bien les Républicains (Bush 1 et Bush 2) que les Démocrates qui avaient pris leur suite (Clinton et Obama). Sans oublier les autres gouvernements occidentaux qui ont trouvé intelligent d’aller errer avec eux, notamment en Afghanistan.

Je précise à toute fin utile, pour ceux qui ne me connaissent pas, que je ne suis pas outrancièrement pacifiste et que, patriote, je souhaite défendre les intérêts de nos pays occidentaux avant ceux des Afghans. Je le précise, car durant 20 ans, il aura été impossible de se prononcer contre l’invasion de ces pays. On ne réécrira pas le passé. En revanche, dans le futur, ce serait bien qu’on ne reproduise pas les mêmes erreurs. Les trillions de dollars brûlés dans ces invasions auraient permis de trouver d’autres solutions, y compris militaires.

Espérons que les dernières heures de la présence américaine en Afghanistan soient un peu plus dignes. Pour le moment, les images ne sont pas formidables, et ce n’est pas la meilleure des manières pour commémorer les victimes du 11 septembre 2001. Il y a 20 ans.

Voir aussi notre article :

Les Etats-Unis sont-ils en train de disparaître de la scène internationale ?


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