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L’état de l’Union américaine : peut mieux faire !

Le discours de Joe Biden sur l’état de l’Union (le 1er mars dernier) a porté l’emprunte de la guerre en Ukraine qui venait de débuter six jours plus tôt.

Un contexte international difficile à appréhender

Biden usant très souvent d’un ton ferme durant ses discours, il était attendu au tournant car, pour beaucoup (y compris dans son propre camp) il n’a de ferme que le ton. Ainsi, le départ des troupes d’Afghanistan, puis les premières sanctions annoncées contre la Russie, n’ont pas donné une impression de fermeté à sa première année de mandat, bien au contraire.

Les apparences peuvent toutefois être trompeuses, et le retrait des forces d’Afghanistan étaient nécessaires afin de faire face à des menaces plus sérieuses, chacun peut aujourd’hui s’en rendre compte. La manœuvre de retrait avait d’ailleurs été initiée par Trump, et non par Biden. Dès le 15 avril 2021 Le Courrier des Amériques évoquait la probabilité que l’Otan (et Biden) se fassent « tester » par la Russie en Ukraine (ce que nous avions réexpliqué dans cette interview fin novembre).

Ainsi, par delà les apparences, l’équipe du Courrier pense que les Etats-Unis sont en train de changer les règles du jeu international, et qu’elles ne le font évidemment pas pour que ce soit en leur défaveur. Un monde multipolaire était déjà en train de naître dans les récentes années (1), et personne ne pouvait rien faire contre cela. Depuis la fin du mois de février 2022, les nations son priées de choisir entre les règles du monde russe et les règles du pôle américain. Le choix semble assez rapide à faire.

La guerre Russie-Ukraine va permettre d’augmenter les budgets militaires des forces de l’Otan. Même l’Allemagne promet de s’y mettre. Finalement, la hausse de participation à l’Otan que Trump demandait à l’Europe, c’est Biden qui est en train de l’obtenir…

Si on ajoute différent contrats d’armement pour des pays européens, comme le contrat de chasseurs F35 que l’Allemagne a décidé de passer avec les USA (au détriment de ses partenaires des pays d’Europe), ou le contrat pour la construction de sous-marins australiens dont les Etats-Unis ont dépossédé la France… on se dit qu’en regardant de plus près, les Etats-Unis ont dans cette affaire à la fois « le beurre… et l’argent du beurre ».

Le monde est pris de spasmes violents, mais il ne faut pas que la poussière soulevée rende aveugle aux réalités. Bien évidemment, ce ne sont que des impressions sur les grandes lignes géopolitiques qui sont en train de se dessiner : nous ne faisons pas de la divination (mais on peut quand même deviner que, demain, Poutine n’imposera sa loi que dans un nombre de pays très limités, et peu nombreux de ce côté-ci de l’Atlantique).

A noter que la classe politique américaine soutient unanimement les sanctions de Joe Biden contre la Russie.

Pour le reste, l’action de la Maison Blanche est plus contrastée. L’autre sujet important était jusqu’à maintenant la Covid-19. Si M. Biden s’est fait élire notamment par des discours moqueurs sur la nonchalance (bien réelle (2)) des déclarations de Trump sur la Covid… côté action, en revanche, Joe Biden rentrera dans les livres d’histoire comme ayant été très peu créatif sur le sujet par rapport à son prédécesseur. En effet, Donald Trump fut le président de l’opération « Warp Speed », consacrée à la finalisation en urgence et à la mise en distribution locale et mondiale des vaccins contre la Covid. Joe Biden a pour sa part tout tenté pour que les Américains se fassent vacciner à répétition, et il peut s’estimer heureux que la pandémie devienne aujourd’hui moins létale et médiatiquement camouflée par la guerre en Ukraine… car à la mi-mars 2022 seuls 29% des Américains avaient reçu la troisième dose, et il est difficile de considérer que ceux qui se sont fait vacciner en décembre 2020 (sous Trump, donc) le soient toujours aujourd’hui…

Une inflation galopante

Côté économique, les inflations étaient déjà effroyables avant le discours du 1er mars… et ça continue de s’envoler ; la guerre en Ukraine n’arrangeant rien. Si, comme évoqué ci-dessus, les tensions internationales pourraient bien – au final – être favorables aux Etats-Unis, un grand nombre d’Américains ne s’en rendent pas encore compte, et la côte de popularité de Joe Biden plonge en conséquence de manière régulière : la confiance n’est pas du tout au rendez-vous (3). Certes, le Congrès a voté le 5 novembre son plan d’investissements de 1200 milliards pour les transports (routes, rails, ports) avec tous les bienfaits que ça apportera. Cet investissement ne révolutionnera pas l’économie américaine mais, au moins, c’est un bon point pour Biden par rapport à son prédécesseur qui avait promis de rénover les infrastructures sans y arriver. Comme on dit ici « God only knows » à quel point l’Amérique a besoin de travaux !

A cette date du 1er mars, le gros problème de Joe Biden c’est que le plan d’investissement mentionné n’est qu’une petite partie détachée de son programme politique « Build Back Better ». Un autre volet de 2,3 milliards, le « Build Back Better Act » n’a toujours pas été voté par le sénat. Il comprend tout ce qui est social (et les Américains en auraient eu bien besoin l’an passé durant la crise de la Covid) et plus de 559 milliards en faveur du climat et des énergies propres. Rappelons que le 8 novembre prochain il y aura les élections de mid-terms. Si Joe Biden n’a pas à cette date réalisé assez d’actions… il pourra alors encore moins agir, puisqu’en conséquence il devrait logiquement perdre sa majorité qui est – rappelons-le – très relative (50-50 au sénat, le vote de la vice-présidente Harris faisant à lui seul la majorité).

Biden s’inscrit dans une triste constante, bien visible depuis Obama : les présidents américains savent écrivent des discours très forts… mais ils semblent en réalité de plus en plus paralysés dans leurs actions.

Le discours sur l’état de l’Union 2022 a donc plus déçu que rassuré. Les Américains sont généralement assez vite désillusionnés sur leur nouveau président. Mais là c’est allé très vite. Les mid-terms montreront si les Démocrates sont toujours motivés, ou si les Républicains (toujours très trumpistes) vont reprendre le dessus. Rien ne semble écrit à l’avance.

1 – C’était déjà relativement bien anticipé par Samuel Huntington en 1996 dans son « Le Choc des Civilisations ». 

2 – Les comparaisons avec l’eau de javel sont assez mémorables.

3 – Depuis le début de son mandat sa cote de popularité est la pire de l’histoire des USA (depuis que les sondages existent en tout cas). Seul Donald Trump a fait pire que lui… mais Biden s’en rapproche.

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