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Pour vivre ou faire du business aux USA : faut-il beaucoup s’endetter ?

C’est bien connu, les Américains sont les champions du crédit et de l’endettement ! Emprunter est considéré comme un moyen simple et efficace de consommer, voire une des conditions d’accès au fameux « rêve américain » ! Mais pour vivre aux États-Unis, faut-il s’endetter comme un fou ?

Le crédit pour consommer

C’est un fait, une grande majorité des foyers américains vit à crédit (voire au-dessus de ses moyens). Plusieurs raisons identifiées : le manque de revenus bien sûr, mais aussi un niveau d’épargne faible (solde moyen de 4 500 dollars) et surtout un goût prononcé pour les achats ! Le dernier rapport sur le crédit de la Federal Reserve Bank of New York (FED) montre un accroissement de 312 milliards de dollars (2 %) de la dette totale des ménages au deuxième trimestre 2022, pour atteindre 16 150 milliards de dollars. Composant principal de la dette : les prêts hypothécaires, en augmentation de 207 milliards de dollars au cours du deuxième trimestre 2022, s’élevant à 11 390 milliards de dollars en juin dernier. Depuis le début de la pandémie de Covid, les ménages ont contracté 8 400 milliards de dollars de nouvelles dettes immobilières, résultat d’une tendance à la délocalisation des villes vers les banlieues ou les États du sud. Mouvement qui a coïncidé avec une hausse massive des prix selon la FED. Le prix médian des logements a ainsi augmenté de 30% ces deux dernières années pour atteindre 428 700 dollars. Aujourd’hui, l’immobilier est donc le grand contributeur de l’endettement des Américains, les prêts hypothécaires représentant 71% de la dette combinée des ménages au premier trimestre 2022.

L’inflation persistante (et historique) des biens et services, ainsi que l’envolée des taux d’intérêts sont donc venues éroder le pouvoir d’achat des Américains. Pour maintenir leur consommation, ils cherchent des alternatives moins chères, piochent dans leur épargne (accumulée pendant la pandémie, mais qui s’essouffle aujourd’hui) et utilisent davantage leurs cartes de crédit. Sésame du consommateur, la carte de crédit est un incontournable ici, et chaque Américain disposerait en moyenne de quatre cartes. Similaire à la carte à débit différé française, la carte de crédit aux USA a une particularité fondamentale : le remboursement de la dette en fin de mois par prélèvement n’est pas automatique. Le porteur décide lui-même de payer l’intégralité de ses dépenses ou d’en transformer une partie en crédit (à des taux très élevés !). Payer par carte de crédit permet aussi de cumuler des points, des miles, des dollars ou d’obtenir des rabais. Très friands de bonus, les Américains jonglent donc avec leurs cartes afin d’obtenir les meilleurs avantages. C’est un processus qui encourage clairement à dépenser avec le sentiment de gagner de l’argent, mais qui peut vite entraîner le consommateur dans la spirale du surendettement ! La dette liée aux cartes de crédit a d’ailleurs augmenté de 13% par rapport à 2021 selon le FED, atteignant 9 000 dollars en moyenne par ménage. La hausse la plus importante depuis plus de 20 ans.

Alors oui, les ménages américains vivent à crédit. Culturellement ils aiment dépenser, le système les y encourage, et ils ont ainsi probablement le sentiment de vivre leur rêve américain ! L’indépendance étant une valeur fondamentale aux USA, la société les considère comme des personnes responsables capables de maîtriser leurs créances, et donc de vivre à crédit. Pour autant, obtenir un « bon » crédit n’est pas si facile, car il y a un élément incontournable : le « credit score ». Cette note censée refléter votre fiabilité financière peut faire la pluie et le beau temps sur vos finances !

S’endetter pour faire du business

Côté entreprises, l’endettement est aussi à l’honneur mais avec une réflexion stratégique. Selon Sylvain Perret d’Objectif USA qui accompagne les chefs d’entreprises s’installant aux États-Unis, « les entreprises doivent s’endetter pour faire du business et se développer, car il existe la théorie de ‘l’effet de levier’. Une entreprise peut s’endetter à partir du moment où le taux de rentabilité de son projet est supérieur au taux de crédit. C’est une des bases des décisions d’endettement des entreprises partout dans le monde, y compris aux États-Unis ». D’ailleurs, ce mécanisme existe aussi pour les particuliers. Dans le cadre d’un achat immobilier avec un apport de 500 000 dollars, ils peuvent acquérir une maison et en percevoir les loyers, ou en acheter cinq avec 100 000 dollars chacune. Si la rentabilité locative du bien est supérieure au taux de crédit, l’opération est judicieuse. En s’endettant plus, l’investisseur s’enrichira davantage.

Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’emprunt bancaire n’est pas la source de financement le plus courant des entreprises aux États-Unis. Tandis que les français se tournent majoritairement vers la banque (dont le rôle est pour eux de faire crédit), les Américains préfèrent injecter des fonds propres, ou solliciter leurs familles, leurs amis, leurs communautés pour rassembler des capitaux (alors appelés ‘ »love money »). Les raisons à cela : la difficulté d’obtenir de l’argent auprès des banques, guère faciles à convaincre, et qui demandent des garanties élevées comme des hypothèques de maisons. « Les gens pensent que les banques américaines prêtent beaucoup d’argent. Mais en réalité, les entrepreneurs mettent d’importants fonds propres dans leurs projets, et prennent donc bien plus de risques qu’en France », précise Sylvain Perret. Il est important de savoir aussi que les détenteurs de visas à courts termes (type E2) ont du mal à emprunter auprès des organismes financiers qui préfèrent miser sur une longue durée, avec des citoyens américains ou résidents avec carte verte.

Le financement des start-ups (notamment nouvelles technologies) est un peu différent. Elles font en général appel aux sociétés de capital-risque (« venture capital ») qui entrent alors au capital. De nouveaux entrants sont aussi arrivés dans le monde du prêt aux entreprises. Amazon et PayPal par exemple prêtent de l’argent aux vendeurs et aux clients de leurs sites. Les prêts alloués sont calculés non pas sur la capacité de remboursement, mais en fonction des fonds transitant par leurs entreprises. Si vous présentez 30 000 dollars de rentrées mensuelles, ils peuvent prêter jusqu’à deux mois de chiffre d’affaires. Mais attention à des taux de 17 ou 18% ! Sinon, il existe aussi des plateformes de prêts en ligne comme LendingTree ou Kabbage. N’oublions pas non plus les SBA. Destinés aux petites entreprises, ces prêts sont garantis par l’État. Ils sont soumis à des normes d’obtention strictes, mais leur flexibilité et leurs taux d’intérêts (environ 7%) peuvent être un bon moyen de financement. Inconvénient, les délais de mise en place sont extrêmement longs.

À la fin de 2020, la dette totale des entreprises aux États-Unis était d’environ 17 700 milliards de dollars. Selon la FED, leurs dettes ont augmenté à un rythme annuel de 4,4% (contre 5,5% entre 2010 et 2019) en raison des aides (finalement non remboursables) accordées par le gouvernement (PPP). Les entreprises sont donc endettées, mais selon les économistes leur niveau d’endettement n’est pas alarmant, et plutôt en ligne avec la moyenne historique.


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