Historique : Le New-York Times demande à Joe Biden de retirer sa candidature à l’élection présidentielle
« Pour servir son pays, Joe Biden devrait quitter la course« , c’est le titre historique qu’a choisi le bureau éditorial du New-York Times. Rappelons que le journal est tellement Démocrate qu’il avait dû s’excuser en 2016 de n’avoir pas vu venir la victoire de Trump. Il n’a pas changé sa ligne éditoriale depuis lors, et c’est donc un événement que l’un des premiers journaux des Etats-Unis appelle ainsi le président à ne pas se représenter.
Le New-York Times assure que Biden est devenu «l’ombre d’un dirigeant», et que le président de 81 ans a «échoué à son propre test».
On avait senti durant l’été 2023 qu’il y avait déjà des ultimatums de publiés dans les médias démocrates américains : ils demandaient à Biden de faire mieux, et on voyait bien qu’ils n’étaient pas prêts à lui laisser beaucoup plus de temps. Mais là, ce que devance aujourd’hui le New-York Times, c’est probablement une dégringolade de Biden dans les sondages qui devrait apparaître d’ici 48 heures, trois jours après le débat. (Le temps de faire et publier les sondages).
Lors des commentaires qui ont suivi le débat hier soir sur la chaîne démocrate CNN, déjà on sentait que les Démocrates lâchaient Biden. « Ca me fait de la peine », disait l’un d’entre eux.
Ainsi, le New-York Times écrit que : «M. Biden a été un président admirable. Sous son commandement, la nation a prospéré et a commencé à relever une série de défis à long terme, et les plaies ouvertes par Donald Trump ont commencé à se refermer. Mais le plus grand service public que pourrait rendre aujourd’hui M. Biden serait d’annoncer qu’il ne se représentera pas à l’élection».
Ca va être difficile dans ces conditions pour Biden de continuer la course pour sa réélection, mais le problème du Parti Démocrate, c’est que le « plan B » s’avère encore plus difficile à trouver. Seule la candidature de la vice-présidente Kamala Harris pourrait avoir une certaine légitimité. Cependant, elle n’est pas plus populaire que Joe Biden et devrait porter durant une courte campagne le bilan du président sortant. Mais, tout autre choix que Kamala Harris mènerait probablement à l’exposition du parti. La convention nationale républicaine se déroule entre le 19 et le 22 août, et c’est à ce moment-là que le candidat sera définitivement choisi. S’il continue de faire des meetings vigoureux (oui, il en fait), Biden peut encore se rétablir et créer l’illusion, car sa santé n’a pas l’air d’être pire qu’avant (voir éditorial).
Mise à jour le 30 juin : de nombreux éditorialistes des quotidiens locaux démocrates ont par la suite demandé à Joe Biden de retirer sa candidature. L’intéressé a de son côté assuré qu’il allait continuer, concédant juste être « moins bon qu’avant en débat« .
L’article du New York Times : www.nytimes.com/2024/06/28/opinion/biden-election-debate-trump.html
Editorial : une vielle vérité apparaît enfin
Devant 38 millions de téléspectateurs hier soir, Joe Biden a « bloqué » et bégayé à trois reprises. Trump ne l’a pas raté : « Je ne comprend pas ce qu’il dit, et je crois que lui même ne comprend pas ce qu’il dit ». Joe Biden n’est pas apte à gouverner, c’est une réalité. Le problème, c’est qu’il était déjà comme ça avant l’élection de 2020. Il suffit de regarder les images des multiples accidents lors de ses conférences de presse, de ses trous de mémoires, de sa rencontre en février 2024 avec Mitterrand et Khol (qui sont pourtant morts depuis longtemps), ou encore des chutes dans l’escalier d’Air Force One : il n’y a pas plus aveugle qu’un électeur qui ne veut pas voir. C’était dans tous les médias (et c’est d’ailleurs pour ça que Le Courrier n’a pas fait d’article à chaque chute de Biden : on ne s’est pas acharné sur ces points-là. Les chutes étaient dans les médias, mais le bilan global ne l’était pas. Biden n’est pas apte à gouverner depuis bien plus de 4 ans et les médias (y compris le New-York Times) ont caché cet état de fait.
Attention, il ne faut pas tomber dans l’excès inverse : Biden n’est pas totalement impotent. Et ceux qui ont regardé le débat hier ont vu qu’outre ses quelques absences, il avait été combatif, il n’a pas dit d’absurdité et ne s’est pas écarté de sa ligne politique habituelle. Et il était tellement concentré qu’il en a même perdu son légendaire sourire. Biden n’est pas impotent, mais, simplement, il n’a pas la vigueur qu’on attend du président de la première puissance mondiale.
La conséquence est la suivante : les deux candidats apparus hier sur CNN ont vanté leurs bilans respectifs comme étant historiquement « magnifiques ». Ca, comme le reste n’a été que du bla-bla. Certes il y a des points de friction importants entre les candidats, notamment en matière de politique intérieure, comme sur le sujet de l’avortement ou bien la gestion de la frontière avec le Mexique. Mais aucun des problèmes économiques réels des Américains n’a été évoqué, à part l’inflation mais de manière très floue, chacun assurant simplement que c’est « la faute de l’autre ».
Même dans les pays du tiers-monde il y a BEAUCOUP plus de richesse dans les débats politiques. Ca n’a jamais été tellement élevé aux Etats-Unis, mais là il faut quand même dire la vérité : Quelle honte !
Ce pays de 333 millions d’habitants a des millions de problèmes. Il serait bien que les candidats s’en soucient un jour.
Comme chacun aura pu le constater, ni moi ni Le Courrier n’avions trouvé qu’il y ait quoi que ce soit de suffisamment intéressant durant le débat d’hier pour que ça nécessite que nous interrompions nos vacances afin d’écrire un article. Mais, finalement… aujourd’hui il y a du nouveau avec cet article du NYT (et les commentaires de bon nombres de Démocrates atterrés). Ca devrait avoir des conséquences importantes dans un futur proche.
Gwendal Gauthier
Directeur du Courrier des Amériques
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