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L’Amérique homeless : de plus en plus de sans-abris aux USA. Etat des lieux.

En deux ans la population des « sans domicile » a progressé de 0,7% aux Etats-Unis, créant une crise sans précédent dans certains Etats.

Le Courrier de Floride a l’habitude de présenter les plus magnifiques endroits des Etats-Unis, et en particulier de la Floride, mais en abordant tout de même parfois les aspects sociaux moins visibles mais malheureusement bien réels, de la vie américaine (1).

Voir aussi notre article sur la situation en Floride

Certains Etats pires que d’autres

Les Etats les moins peuplés ont pour la plupart réussi à inverser la tendance et à réduire un tout petit peu le nombre de sans domiciles fixes. Mais New-York par exemple compte 3151 personnes de plus dans la rue en 1 an, et en Californie ce sont 16136 personnes qui ont été ajoutées en 2017 au nombre de sans-abris, alors que l’Etat comptait déjà à lui tout seul un quart des SDF de tout le pays ! Dans le seul comté de Los Angeles, il y a eu une augmentation de 13000 SDF, faisant passer leur nombre à 55000, dont 80% dorment dans la rue et les parcs, créant sur des avenues entières (par exemple le quartier de Skid Row) des scènes apocalyptiques. La progression est en fait plus importante que cela en Californie si on compte le nombre de morts chez les SDF. Rien que dans le comté de Santa Clara, il y en a eu 132 a décéder dans la rue en 2016, et partout aux Etats-Unis ils sont nombreux à ainsi périr de maladie ou d’overdoses – en recrudescence – ou tout simplement de vieillesse. Le bureau éditorial du quotidien Los Angeles Times a qualifié cette situation de « disgrace nationale ». A New-York City, les sans abris sont passés de 20 000 à 60 000 en 16 ans.

Bien entendu, précisons que les statistiques peuvent tourner la tête, surtout à nos lecteurs qui vivent dans des pays comptant moins d’habitants, et de plus petites villes. Il convient donc de préciser que ce phénomène n’est pas propre aux Etats-Unis (il suffit d’aller voir l’état dramatique des rues de Paris durant la nuit. En 2012 il avait 143000 SDF en France, soit proportionnellement plus qu’aux USA).

Voiture servant de logement dans les rues de Los Angeles
Voiture servant de logement dans les rues de Los Angeles (crédit photo : Los Angeles Homeless Services Authority)

Qui sont les sans-domiciles

Dans les chiffres 0,5% de la population américaine (1,6 million de personnes) aurait « des problèmes de domiciles » aux Etats-Unis, dont un tiers (0,5 million) serait complètement à la rue, d’après les dernières statistiques. Dans le détail, 44% des SDF sont des employés et 20% sont des… enfants. Ces chiffres comprennent les personnes qui vivent dans la rue ou dans des abris sociaux, mais pas ceux qui se débrouillent par leurs propres moyens pour résider dans un Motel ou dans certains Trailer Parks qui sont (pour certains) de véritables taudis. Or la frontière est parfois mince entre la vie au motel et celle dans la rue ; beaucoup passant de l’un à l’autre en fonction de l’argent qu’il peuvent tant bien que mal amassre. Il faut aussi noter que la « prostitution de motel » permet à un grand nombre de femmes de bien gagner leur vie, notamment grâce au développement des applications de rencontres sur internet. Mais, là aussi, on pourrait facilement parler de « sans domicile fixe ».

D’autres chiffres : plus de 40% des « homeless » ont une invalidité, 62% sont membres de minorités ethniques, et donc 38% sont des « blancs non hispaniques ». 66% des sans-domiciles vivent les grandes villes du pays. (La plupart de ces chiffres provient de l’US Department of Housing and Urban Development’s).

Un sans-domicile devant l'entrée des Nations Unies à New-York City
Un sans-domicile devant l’entrée des Nations Unies à New-York City (crédit photo : C. G. P. Grey / CC BY 2.0)

Où vivent les SDF

Ils dorment dans des cartons, dans leur voiture, dans des abris publics ou associatifs ou religieux, dans des squats, parfois dans des motels, mais aussi certains parcs de maisons mobiles délabrées. Dans le sud de la Floride ces parcs sont souvent coquets, afin d’accueillir les Snowbirds, mais quand on s’éloigne un peu plus de la mer… ce n’est pas toujours le cas. Comme Le Courrier le notait dans son article « La Maison usinée est-elle l’avenir de l’habitation américaine« , si certains parcs peuvent servir de marche-pied social, par exemple pour des réfugiés économiques qui y vivent mieux que dans leur propre pays, d’autres sont aussi témoins de dégringolade, par exemple pour des personnes dont le salaire ne leur permet plus de vivre dans un appartement de la ville où ils travaillent.

Phénomène marginal, mais toutefois bien réel, des milliers de personnes habitent aussi dans les parcs nationaux américains, et ils seraient un peu plus nombreux chaque année. Ces personnes sont difficiles à compter, car si le camping est légal dans les forêts nationales, il est néanmoins limité à quelques semaines, et donc les autorités jouent au chat et à la souris avec ces « indiens du XXIème siècle ». Quelques communautés hippies ou écolos y survivent dans l’illégalité, mais beaucoup d’individus sont plus proches de la clochardisation que du philosophe incompris et retranché dans sa cabane au fond des bois. Ce que les autorités redoutent, c’est l’accumulation de déchets (et l’effroi des touristes), et en conséquence il n’y aurait pas trop d’augmentation de ces populations-là.

Partout dans le pays, beaucoup de « campements » de SDF se trouvent près des bibliothèques publiques, qui font partie des rares centres de ressources où ces déshérités du XXIème siècle peuvent trouver un accès gratuit à internet, mais aussi, bien souvent, un « plus » développé par les mairies, à commencer par un café gratuit et un peu d’amitié.

Contraste entre un sans-abris et le tourisme chic sur Broadway à New-York-City.
Contraste entre un sans-abris et le tourisme chic sur Broadway à New-York-City (crédit photo : sonyblockbuster / CC BY-SA 3.0)

D’où vient le phénomène

Les sans-domiciles sont un problème de société depuis 30 ans, mais avec une forte augmentation dans certains Etats ces dernières années. Il y a bien sûr un grand nombre de réfugiés en provenance d’autres pays. Ce fut par exemple le cas en Floride après le tremblement de terre en Haïti. Mais la Floride a, justement, pris toutes les mesure pour faire face (avec succès) à ces problèmes.

L’invalidité est une cause est relativement importante. La photo la plus choquante de ces dernières décennies est bien entendu celle des invalides de guerre faisant la manche dans la rue. Les vétérans constituent ainsi 12% des sans-domiciles.

Depuis les années 1950, l’hospitalisation psychiatrique a également été revue à la baisse dans le pays, ce qui a jeté à la rue un grand nombre de personnes inadaptées au monde du travail. Toujours côté sanitaire, il y a aussi les trafics de drogues dures, qui touchent plus les quartiers pauvres et qui n’ont pas amélioré les capacités mentales de certains (à noter que la « dépsychiatrisation » a également été pointée du doigt par le président Trump comme une des raisons des « mass shooting », ces massacres commis régulièrement par des déséquilibrés dans les lieux publics du pays).

Le système de santé n’aide pas : nombreux sont ceux qui n’ont pas ou plus les moyens de se faire soigner aux Etats-Unis, et sont ainsi « invalides » alors que dans d’autres pays ils s’en seraient vite sortis.

Et puis, comme partout, les accidents de la vie sont autant de déclencheurs possibles, à commencer par la déchirure psychologique et financière provenant de certains divorces, les maisons saisies par les banques, sans oublier les ouragans et autres cataclysmes naturels. Un (trop) grand nombre de sans-domiciles sont des parents isolés, n’ayant que leur salaire pour la famille. Mais un grand nombre de familles avec les deux parents sont aussi à la rue.

Le californian dream… pas pour tout le monde

Bien sûr, la crise des « subprimes » de 2008 avait fait perdre leur logement à des millions d’américains. Mais, même aujourd’hui, alors que l’économie se porte bien, ça pose aussi un problème sérieux. En effet, le prix de l’immobilier augmente, et en conséquence celui des loyers. Parallèlement, des Etats comme la Floride et la Californie voient arriver trop de nouveaux arrivants, et ont du mal à loger tout le monde, surtout les plus humbles. Mais, alors que les loyers restent abordables dans certaines villes de Floride, en Californie par exemple, il faudrait 180 000 nouveaux logements chaque année pour loger tout le monde. Or il n’y en a pas même 80 000 nouveaux dans cet Etat qui détient la palme de la pauvreté : 20,4% de la population. Et, pour compléter le tableau, il faut savoir que 21,48% de ses habitants s’est un jour retrouvé à la rue. Quand on sait que la Californie est le 8ème plus riche Etat du monde (devant l’Italie ou encore l’Inde)… la perspective est vertigineuse.

Les sans-abris dormant dans la rue du quartier de Skid Row à Los Angeles
Les sans-abris dormant dans la rue du quartier de Skid Row à Los Angeles (crédit photo : Los Angeles Homeless Services Authority)

La réponse des autorités

Certes, le président Obama avait un peu renforcé financièrement le dispositif de relogement d’urgence des personnes se retrouvant pour la première fois sans-domicile. Car tout le monde s’accorde pour dire qu’il est préférable d’éviter que les personnes se désinsèrent, en les relogeant tout de suite, plutôt qu’elles se désocialisent progressivement après avoir atterri dans la rue. Mais, aux Etats-Unis, le système de solidarité fonctionne comme en Europe au Moyen-Âge, à travers la charité. Et durant le XXème siècle, ici ça marchait plutôt bien. Les entreprises et personnes aisées donnent aux églises, aux œuvres de charité, aux associations… qui font le boulot pour les plus pauvres. La charité (surtout quand elle est défiscalisée) est relativement bien adaptée pour le pays, et elle permettait de limiter la casse sociale de manière raisonnable, en comparaison avec les autres pays du monde. La logique du système capitaliste était celle-ci : « oui il y a des pauvres, mais il y a surtout beaucoup de monde à gagner de l’argent avec notre système dans lequel il n’y a pas (trop) d’assistanat. » Mais force est de constater que, dans le nouveau siècle, le système n’est pas 100% parfait, et peu laisser s’installer des désastres, comme c’est actuellement le cas à New-York ou en Californie. En attendant, ce sont donc les Etats et les villes qui font le job… quand ils veulent bien le faire.

– 1 –  Nous avons publié par exemple de longs dossiers sur la question raciale, le fléau de la drogue, la misère de la pornographie, les arnaques en Floride

Voir aussi notre article sur la situation en Floride

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