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La couleur politique du virus aux Etats-Unis (Editorial du Courrier des Amériques)

Tant qu’on n’en est pas sorti… c’est qu’on y est encore ! Franchement je préférerais parler d’autre chose que de pandémie…. mais il me paraît primordial d’y revenir cet été, tant cette phase de l’histoire de l’humanité a été marquée par des comportements individuels et collectifs qui défient toute rationalité.

par Gwendal Gauthier, directeur du Courrier des Amériques.
par Gwendal Gauthier, directeur du Courrier des Amériques.

Aux Etats-Unis, chacun a pu constater en 2020 que la polarisation politique se transformait en division profonde de deux peuples qui ne se comprennent plus, avec tous les dangers que ça comporte. Malheureusement, il y a eu aussi une polarisation, une politisation du virus.

Par exemple, les taux de vaccination n’ont pas du tout été les mêmes que vous vous trouviez dans la démocrate San Francisco ou bien dans une petite ville Républicaine du Sud. Cette approche « sécuritaire » ou « libertaire » de la vaccination n’est que l’ultime avatar d’une politisation qui commença au tout début de la pandémie, quand Trump jugea bon de fermer les frontières et Biden de qualifier alors les actions de son prédécesseur et concurrent de l’époque comme étant de « l’hystérie xénophobe ». « Les murs n’arrêtent pas les virus », disait Biden. Les deux avaient raison et tort : pour empêcher la pandémie il aurait fallu totalement isoler les Etats-Unis (pour qu’il n’y ait pas de « cas N°1 ») et il aurait donc fallu le faire beaucoup plus tôt durant ce mois de janvier 2020. S’il est de toute façon utopique de vouloir fermer hermétiquement la frontière américaine (quand on sait combien il y a d’immigrés clandestins par jour….), en tout cas, au moment où Trump les a bloquées, ça ne servait déjà plus à rien. A noter que Biden a maintenu cette politique trumpienne du « mur anti-virus » durant la première partie de l’année 2021, sans même qu’il y ait de discussion publique sur le sujet. Comme quoi… politiser une pandémie n’est pas forcément un gage de rationalité (1).

Mais, par delà les erreurs dans les décisions des dirigeants américains (qu’il est parfois un peu facile de juger : on n’aurait pas forcément fait mieux à leur place), il y a eu une condamnable tolérance de leur part envers les fausses nouvelles dont une partie de leurs troupes respectives se sont auto-abreuvées. Ca s’est passé avec la complicité tacite mais réelle des dirigeants. C’est vrai aussi bien pour l’ambiance « sécuritaire » des Démocrates qu’avec l’état d’esprit « libertaire » des Républicains. Les deux se sont d’ailleurs nourris l’un de l’autre, en s’accusant mutuellement d’être des « irresponsables », et avec une intolérance peu commune. Ils ont laissé leurs troupes suspecter les autres d’être des « enfermistes » ou des « suicidaires ».

Beaucoup (trop) de libertaires ont clamé (entre autres) : « Le virus n’existe pas », « les masques ne servent à rien », « le vaccin ne fonctionne pas », en tout cas jusqu’à ce que Trump tombe malade, mette un masque et se fasse vacciner.

D’un autre côté, les « sécuritaires » multipliaient les règlementations, par « principe de précaution », souvent sans savoir si leurs actions sauveraient effectivement des vies, mais en laissant toutefois leurs troupes l’affirmer. Au nom du principe de sécurité, il condamnaient par principe leurs opposants qui invoquaient « l’économie » ou « la liberté », comme si ces deux notions n’étaient pas importantes.

Et ailleurs dans le monde ?

Bien sûr, on retrouve dans à peu près tous les pays du monde des courants politiques critiques. Mais par exemple en France, Florian Philippot est le seul politicien médiatique à être très impliqué pour faire valoir un point de vue « différent », libertaire, contre la politique du gouvernement. Et ce ne sera pas faire offense à Philippot d’écrire que son parti politique est (en tout cas pour le moment) très petit.

De même, au Canada, Maxime Bernier est très isolé dans son opposition aux politiques gouvernementales mises en place contre la pandémie, et son « PPC » n’est pas non plus pour le moment un très grand parti politique.

Les autres pays ne connaissent donc pas comme aux Etats-Unis d’affrontement entre deux blocs politiques importants dotés d’une vision radicalement opposée de la pandémie (même si, bien entendu, ça a bien dû arriver dans un ou deux autres pays !).

Alors, est-ce que cela aurait pu se passer différemment aux USA ? On peut se poser différentes questions :

– La diversité des analyses (et des fake news) est-elle liée à la forme fédérale de gouvernement ? Certainement. Celle-ci a des avantages et des inconvénients, mais il semble qu’il y ait eu un sérieux problème de synchronisation entre les Etats des USA, comparé à d’autres pays.

– S’il n’y avait pas eu la campagne électorale de 2020, est-ce qu’une autorité scientifique ou politique aurait pu mettre tout le monde d’accord sur le sujet ? Il est permis de douter que ce soit possible, car les Etats-Unis sont un peu tout le temps en campagne électorale – en tout cas une année sur deux. Et puis, encore une fois, les divisions sont profondes : les uns ne veulent plus en aucun cas parler le même langage que leurs adversaires.

– Ce n’est pas la première pandémie de l’histoire de l’humanité, mais c’est la première de l’ère des réseaux sociaux. Est-ce que Facebook et Twitter n’auraient pas une responsabilité dans la naissance de ces positions antagonistes ? « L’effet bulle » des réseaux sociaux a été une nuisance bien plus grave qu’il ne l’était auparavant. Il cloisonne des communautés, et elles s’y auto-nourrissent d’informations non-vérifiées, qui sont souvent fausses, ce qui a constitué un problème évident durant la pandémie.

Alors que faire ? La réponse nécessitera des milliers de pages de journaux. Mais la synthèse va être courte : une responsabilisation des élus ET des médias paraît nécessaire.

Les politisations de la pandémie n’ont vraiment pas aidé à y mettre un terme, et on va s’en rendre compte au fur et à mesure qu’on prendra du recul sur tout ça.

Gwendal Gauthier


1 – A noter sur ce sujet des frontières que même des revues favorables aux Démocrates reprochent à Joe Biden (et Trudeau) d’agir contre l’avis des scientifiques en laissant les frontières fermées. Ici la revue « Foreign Policy » : https://foreignpolicy.com/2021/06/26/travel-borders-covid-pandemic-europe-north-america-us-canada-mexico-tourism-vaccinations/


Franck Bondrille : « Il faut que Biden rouvre les frontières américaines, on ne peut plus attendre ! »

Maxime Bernier : « Il est temps de rouvrir la frontière entre le Canada et les Etats-Unis ! »


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