Pirates des Caraïbes : qui étaient-ils vraiment ?
1520-1726 – Plusieurs époques de pirateries se distinguent dans les caraïbes, et sont liées à des situations très différentes. La première phase va durer deux siècles.
Elle débute de manière assez naturelle dès 1520 (soit 28 ans seulement après la « découverte » de l’Amérique) : les Espagnols transportent des richesses invraisemblables sur l’Atlantique, et ce dans les deux sens, mais ils n’ont pas la possibilité de contrôler toutes les mers. Le Français Jean Fleury fut le premier à devenir célèbre en dérobant dès 1522 le contenu des navires renvoyés vers l’Europe par Cortez.
Voir aussi :
– Louis-Michel Aury, pirate français et « roi » de Floride
– Gasparilla : le pirate de Tampa
Au fil des années, Port Royal (Jamaïque), l’île de la Tortue (Haïti) et Nassau (Bahamas), accumulent de plus en plus de flibustiers et de navires. Certains marins auront été poussés à la piraterie par leurs propres gouvernements qui les incitaient à pratiquer la « course » (pillage de navires) au détriment d’une autre couronne. Lorsque les relations entre les pays se pacifiaient, les « corsaires » devenaient alors de simples pirates, ne connaissant pas de métier plus rémunérateur. Qu’ils soient Européens, ou esclaves africains évadés, c’est leur vie qu’ils jouaient sur les mers à chaque abordage, et leur détermination dans les batailles vient de là : toute défaite signifiait… la mort. C’était parfois préférable aux conditions dans lesquelles ces marins étaient traités, souvent depuis leur plus jeune âge.
A partir de 1620, la présence militaire espagnole déclina dans la région. C’est à partir de ce moment-là que les mers devinrent incontrôlables, surtout entre 1640 et 1680. Puis les Anglais et les Espagnols arrivèrent à s’entendre sur les limites de leurs colonies respectives, et à comprendre qu’il n’était pas économiquement intelligent de prolonger les guerres européennes de l’autre côté de l’Atlantique. La piraterie va se réduire petit à petit, notamment grâce à l’intervention de la marine britannique : soit les pirates renoncent à leurs activités, soit ils sont capturés et pendus. Ceux qui renient leurs promesses sont évidemment voués à la peine capitale.
Mais, néanmoins, d’autres pages sombres s’écriront en nombre, notamment avec la création de la « République Pirate » de New Providence (Bahamas) entre 1706 et 1718, où quelques marins devinrent célèbres : Blackbeard, Charles Vane, John Rackham, Anne Bonny… Une fois Nassau reprise par les Anglais, il ne fallut que quelques années pour que le pavillon noir se fasse plus discret dans les Amériques (beaucoup prirent la direction des (vraies) Indes).
LE XIXe SIECLE
Pour obtenir une stabilité sur les mers, il fallut ainsi que les empires européens s’entendent et s’équipent afin de surveiller la grande bleue et les milliers d’îles des Caraïbes. Mais en 1776, les Anglais sont repoussés par les « Américains » à l’extrêmité nord du continent. En 1804, ce sont les Français qui perdent Haïti, avant de vendre la Louisiane. En 1807, les colonies espagnoles commencent également à vouloir s’émanciper. Quand l’année suivante elles apprennent que leur nouveau roi d’Espagne est un Français du nom de… Bonaparte, ce sera le début de la révolte un peu partout sur le sous-continent, avec Simon Bolivar à sa tête. Les empires ne sont plus les bienvenus dans le Nouveau Monde. Mais les nouvelles nations n’ont pas pour autant les moyens de contrôler les mers.
Un exemple flagrant et peu connu fut celui de la « Quasi-guerre ». Il n’y a officiellement jamais eu de guerre entre la France et les Etats-Unis… mais, ainsi, une « quasi-guerre » ! Vingt ans après l’indépendance des USA, ces derniers trouvaient normal de reprendre des relations commerciales avec leur ancien ennemi anglais. Les Français ont trouvé ça très ingrat, après toute l’aide apportée durant la révolution américaine. Ainsi, les corsaires français encouragés par leur gouvernement ont arraisonné des milliers de navires commerciaux américains entre 1798 et 1800. A tel point que les Etats-Unis ont décidé de se doter d’une réelle « US Navy » à ce moment-là, justement pour en finir avec les corsaires français, ce qu’ils ont globalement réussi.
Mais avant cela, la piraterie avait ainsi repris dans la région, tout comme la contrebande et le trafic d’esclave. Les marins prenaient alors parti pour ou contre les monarques. Pour beaucoup, l’exemple américain et haïtien devait être prolongé : l’indépendance devait être donnée à tous les pays d’Amérique. Certains Français deviennent même pirates après avoir été choqués par le couronnement de l’empereur ! On les croyait barbares… et les voilà qui font du sentimentalisme politique ! Louis-Michel Aury est un bon exemple d’hésitation entre la contrebande, la piraterie et la révolution (et parfois la frontière fut très mince entre les trois).
Ainsi, en ce naissant XIXe siècle, des centaines d’actes de piraterie sont de nouveau répertoriés dans la Caraïbe et le Golfe du Mexique.
Les frères Lafitte deviendront éternellement célèbres aux Etats-Unis après avoir marqué cette époque. Ceux-là profitèrent du vide juridique provoqué par le départ de la France afin d’accentuer leurs trafics dans les bayous de Louisiane, puis au Texas. Leurs troupes étaient tellement nombreuses, des milliers d’hommes, qu’il est alors impossible de s’en débarrasser. Les Etats-Unis (le général Jackson) vont même s’allier à eux afin de mettre la dernière raclée de l’histoire aux Anglais en 1815.
Les nouvelles nations arriveront par la suite à défendre les frontières maritimes de leurs territoires, à défaut d’en finir avec la contrebande, encore de nos jours matérialisée par un trafic de drogue impressionnant entre les deux parties du continent, tant à la frontière terrestre que sur les mers.
Voir aussi :
– Louis-Michel Aury, pirate français et « roi » de Floride
– Gasparilla : le pirate de Tampa
– Les batailles entre Français et Espagnols pour Fort Caroline
– Fort Matanzas, le site (magnifique) du massacre de la flotte française
– Guide complet et gratuit de St Augustine
– Guide complet et gratuit de la Floride
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