Loïc Ercolessi : l’artiste pop (et photographe) qui monte à Miami
Apprécié pour ses photos et de plus en plus pour ses peintures : Loïc Ercolessi est l’artiste français à connaître à Miami !
Les francophones qui sortent un peu (ou qui suivent la communauté sur les réseaux sociaux) l’ont forcément vu, Loïc et ses photos, puisqu’il immortalise de manière très artistique à la fois les événements français/francophones, mais aussi bien d’autres nuits folles de la Magic City : Loïc c’est LE grand photographe d’événements. Mais si ses photos sont appréciées, c’est pour leur côté artistique car, avec Loïc… tout vient de là.
Originaire de banlieue parisienne (né à Montmorency et enfance à Athis-Mons) c’est initialement suite à une hospitalisation infantile qu’il est devenu artiste. « J’avais huit ans, et durant mon dernier mois d’hôpital j’ai pu sortir dans le parc. Là il y avait un « grand » qui peignait des aquarelles. Je suis allé discuter avec lui, et là j’ai su que c’était ça qui me plaisait. Je n’ai jamais arrêté« . L’accès de Loïc à l’art est toutefois passé par différentes voies. « Quand j’ai eu 18 ans et enfin l’âge de faire ce que je voulais sans l’accord de mes parents, je suis allé faire mon premier tatouage. Je suis devenu ami avec le tatoueur, puis j’ai travaillé pour lui, puis nous nous sommes associés. J’y suis resté 15 ans, et c’est là que j’ai commencé à vivre de l’art, celui du dessin de tatouage, 6 à 7 heures par jour, et puis j’ai commencé également la photo afin de prendre des clichés de ce que je faisais. En même temps je continuais à peindre, mais je ne l’envisageais pas comme une carrière potentielle, car je n’avais pas fait d’études d’art. Je pense qu’en France c’est pas facile quand tu n’as ni le réseau, ni les études. Ici ça va beaucoup plus vite. » Et, justement, ici c’est Miami. Et comment y est-il arrivé à Miami ? « J’ai commencé à vivre à Paris avec Chloé qui m’a raconté avoir passé plusieurs années à Miami et qui m’a dit à quel point elle aimait cette ville. Un jour je lui ai dit « banco » on y va. J’ai quitté le salon de tatouage et on s’est installés ici. Comme personne ne me connaissait ici, je ne pouvais pas vivre directement de mes toiles, alors j’ai accéléré sur la photo en devenant spécialiste de l’événementiel. » Peintre et photographe à Miami… il y a pire comme métier ?! « Oui c’est vrai que j’ai la chance de vivre de mes passions. La plupart du temps je n’ai pas même l’impression de travailler : je vis, je m’exprime ! Au début ça n’a quand même pas été facile, mais je ne vais pas me plaindre ! J’aime beaucoup la France, c’est mon pays, mais au niveau de l’état d’esprit, des facilités de connections avec les gens, des possibilités professionnelles… les Etats-Unis c’est unique !«
Et pourquoi le pop art ?
« Quand j’ai commencé à produire beaucoup – lors de mon arrivée à Miami – c’était très hétéroclite. Apparemment beaucoup trop : selon les galeristes, pour me faire un nom il fallait que je colle plus à un style précis, identifiable, et que mes toiles soient moins différentes les unes des autres. Alors comme j’aimais beaucoup le pop art, que ça laisse quand même beaucoup de possibilité, et que ça me permettait aussi de faire passer des messages, je me suis orienté plus dans cette direction, et je ne le regrette pas ! Le néo-pop-art permet aussi de faire le lien avec le tatouage, l’imprimé.«
Mais le pop art ça oblige à peindre des gens du XXème siècle qui sont morts ?! « Oui il y en a. Quand j’ai fait Mohamed Ali, il était vivant. Et il est mort juste après… comme quoi ! Ces toiles sont très appréciées. Mais ce n’est pas les seules que je fais : il y a des choses plus engagées, et d’ailleurs, si je le pouvais, je ne ferai plus que ça. » Effectivement, Loïc apprécie beaucoup ses toiles où on peut voir une personne, un contexte + une phrase qui est là pour interpeller. « Je vais vous mettre dans le contexte. La première année où je suis allé exposer à Red Dot, durant la Miami Art Week, j’avais amené trois toiles pop art et j’en ai vendu deux. C’était très appréciable pour un artiste qui débutait à Miami. L’année suivante, à la place, j’ai ramené des toiles engagées. Les gens parlaient entre eux, venaient me parler, et j’en ai même vu pleurer. En revanche je savais que je ne vendrais rien… et résultat, je n’en ai vendu aucune ! C’est moins grand public, et il y a moins de personnes à vouloir voir dans leurs chambres des toiles où je parle des enfants exploités, aussi bien des enfants-soldats en Afrique que ceux qui travaillent dans les usines ; ou bien – autre exemple – quand je parle du génocide des Indiens d’Amérique… Mais à terme, vraiment j’aimerai bien vivre uniquement de ces peintures que je réalise avec mes tripes.«
Le monde de l’art est-il si facile que ça aux Etats-Unis comparé à la France ? « Non, rien n’est donné : Miami se mérite. A Art Basel par exemple, un artiste ne peut pas y aller seule, il faut qu’il soit représenté par une galerie, donc au début ce n’est pas facile. J’ai parfois été obligé de faire appel aux dons pour financer une expo, donc oui c’est parfois aberrant. Mais en même temps il y a plus de place pour les artistes engagés, et vraiment on a l’impression d’être très vite apprécié.«
Pourvu que ça dure pour Loïc, qui est représenté à Miami par la Michèle Fontanière Pop Up Gallery : www.mfpopupgallery.com
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