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Massat : le Man in Black de la comptabilité

Serge J. Massat est une figure du monde de l’entreprise francophone aux Etats-Unis. Réputé pour ses méthodes de travail rigoristes, cet expert-comptable international sait néanmoins réfléchir ‘out of the box’ dans l’accompagnement et le développement des entreprises, mettant en avant, par-delà les chiffres, la créativité et l’innovation au service de ses clients. Il est aussi le co-fondateur du « Club 600 » (pour les chefs d’entreprises français à l’étranger). Portant queue de cheval et toujours vêtu de noir, Serge J. Massat est une personnalité qui ne passe pas inaperçue au sein des grands chefs d’entreprises de Miami !

INTERVIEW PAR CYRIAQUE FOURNIER

 

LE COURRIER DE FLORIDE : Votre léger accent signale que vous êtes Toulousain, c’est bien ça ?

SERGE J. MASSAT : Oui je suis né et j’ai grandi dans la « ville rose », où mes parents étaient commerçants. Ils avaient deux entreprises, une de volaillers et une de transporteurs qui travaillait exclusivement pour la Dépêche du Midi. Alors, quand j’étais enfant, je vendais les poulets sur le marché Victor Hugo et, plus tard, quand un chauffeur se retrouvait empêché, je me retrouvais à minuit au volant d’un 4 tonnes pour aller livrer La Dépêche dans les villages du Tarn ou du Gers. J’ai encore dans les gênes ce côté commerçant que m’ont légué mes parents, et j’en ai tiré beaucoup d’expériences et notamment la rigueur car quand vous êtes au volant d’un camion sur de petites routes en pleine nuit, il n’y a pas de place pour l’amateurisme.

Le CDF : Et quand on est jeune dans la cité rose, le dimanche on va supporter le « Stade Toulousain » ?

SJM : Mon cousin était président du Stade Toulousain, mais moi je jouais au foot ! C’était déjà mon côté un peu rebelle ! Le foot et le ski ça a toujours été mes passions : pour le ski je m’échappais tant que je pouvais de SupdeCo Toulouse afin d’aller sur les pistes des Pyrénées ; et puis pour le foot, j’ai même monté une équipe de Français à New-York. On jouait en ligue contre les équipes d’autres nationalités. Et on perdait tout le temps !

Le CDF : Alors, justement, comment êtes-vous passé de Toulouse à New-York ?

SJM : J’ai épousé une Américaine rencontrée en France. Après avoir passé mon diplôme d’expertise comptable, nous nous sommes installés à Cleveland où j’ai pu découvrir les méthodes « rouleau compresseur » à l’américaine, en travaillant chez Ernst & Young. J’étais parti de Toulouse sous Giscard et je suis revenu à Paris sous Mitterrand. Rapidement la vie américaine m’a manquée, alors quatorze mois plus tard, le 30 décembre 1982, j’arrivais à New-York. Après différentes expériences, j’y créais mon propre cabinet en 1986. Une période intense, je travaillais comme un fou mais j’en garde des souvenirs fantastiques.

Le CDF : Un cabinet comptable francophone pour des francophones…

SJM : Oui, le terrain était vierge à l’époque, alors je me suis lancé. Je me suis aussi rapidement intéressé au Mexique en y ouvrant un cabinet en 1994. Depuis 1973, date d’un voyage étudiant que j’avais fait dans le cadre de mon école de commerce, j’ai toujours eu la passion de ce pays. Au milieu des années 90, aucun cabinet d’expertise-comptable étranger n’était encore installé en direct au Mexique : j’étais le premier. C’était juste après la signature de l’accord de libre-échange entre le Mexique, les USA et le Canada [ALENA]. Il y avait tant à faire. Aujourd’hui, j’y ai 45 collaborateurs avec des clients prestigieux comme Renault ou Total. Mais la concurrence y est féroce et le marché très dérégulé.

Le CDF : Dans le monde des entreprises, votre look tranche assurément ?

SJM : Figurez-vous que, quand j’ai commencé à New-York, j’étais toujours en costume trois pièces et cheveux courts. Et puis un jour j’ai décidé de tout changer. Avec le temps, je me suis rendu compte que, comme ça, les gens se souvenaient parfaitement de moi ! Et puis, plus la peine de se poser la question de savoir quoi mettre dans la valise avant de partir en voyage : noir avec noir, ça va toujours.

Le CDF : Mais en ouvrant le cabinet à Miami, vous y avez aussi déménagé ?

SJM : Oui, je me suis fixé ici car c’est à la fois idéal pour ma vie de famille, mais aussi pour les challenges professionnels : les entreprises y ont beaucoup d’ambition et moi avec. J’ai un cabinet à New York, un à Miami et un Mexico. Je voyage beaucoup à travers le monde entier car mes clients me demandent aussi cette ouverture d’esprit, je dirais même qu’ils la recherchent.

Tout le monde peut réussir aux USA à condition de respecter les règles

Serge J. Massat

Le CDF : Et quels sont vos liens avec la France après 30 ans d’expatriation ?

SJM : J’y retourne 4 à 5 fois par an pour voir certains de mes clients et j’en profite pour voir ma famille car malgré tout je reste Français. D’ailleurs je n’ai jamais voulu obtenir la nationalité américaine, j’ai toujours une green card !

Le CDF : Justement, pour vous, comment un entrepreneur français peut-il réussir aux Etats-Unis ?

SJM : Il faut comprendre, faire comprendre et organiser. Il faut prendre le temps de la réflexion avant de se lancer, faire adhérer les autres à votre projet et notamment les américains et ensuite faire les choses de manière claire et ordonnée. Si vous brûlez une de ces étapes, vous risquez de ne pas aller plus loin que vos espoirs. Enfin, une chose importante, sans être naïf, il faut toujours voir les points positifs dans ce que vous entreprenez. Réussir aux Etats-Unis n’est pas donné à tous… mais tout le monde peut y parvenir en respectant des règles simples.

https://massat-group.com

Propos recueillis par Cyriaque FOURNIER

« Well, you wonder why I always dress in black

Why you never see bright colors on my back

And why does my appearance seem to have a somber tone

Well, there’s a reason for the things that I have on.« 

(Johnny Cash – Man in Black)

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