Regain de « radicalisme black » aux Etats-Unis
Nous avions consacré un dossier en avril sur la question de la ségrégation raciale aux Etats-Unis, estimée par beaucoup d’analystes comme “supérieure à ce qu’elle était il y a 50 ans”. Les faits-divers mortels opposant des policiers à des African-americans ont fait le reste : une radicalisation chez un grand nombre de membres de cette minorité.
« Aux Etats-Unis, le renouveau du Black Power », titrait le 12 août le journal parisien Le Monde. « Grâce à la mobilisation d’une nouvelle génération très active dans les médias et sur les réseaux sociaux, les choses évoluent aussi et le militantisme noir connaît une renaissance. Innovation majeure depuis la mort de Michael Brown il y a un an, c’est l’émergence d’un discours plus radical, une redéfinition de la violence elle-même. Ils ont réussi à toucher l’opinion publique américaine, même blanche, en démontrant que la véritable violence n’est pas celle d’un magasin brûlé, mais celle de l’Etat qui suréquipe ses forces de l’ordre pour contrôler certains quartiers – ceux où des politiques publiques confinent les pauvres et les minorités –, violence qui amène les Noirs américains à se reconnaître dans les traits de Michael Brown, Freddie Gray ou Sandra Bland. »
Un événement a marqué cette radicalisation durant l’été : la publication en juillet d’un livre du journaliste Ta-Nehisi Coates titré « Between the World and Me », rédigé comme une lettre à son fils adolescent, dans lequel il lui raconte ses sentiments, le symbolisme et ce qui est associé au fait d’être Noir aux Etats-Unis. De grands éditorialistes ont salué le livre qui est par bien des aspects très radical. Certains se sont posé des questions, comme Christopher Caldwell (Weekly Standard (néoconservateur)) : qui dans un article titré « Civil Whites », débutait par cette question : « Pourquoi les critiques sont-ils si déférents avec le radicalisme de Ta-Nehisi Coates ? », rappelant quelques phrases du livre, comme par exemple quand Coates livre son sentiment sur le 11 septembre 2001 et disant qu’il n’avait pas vu de différence entre les policiers morts ce jour-là à New-York et ceux qui ont tué un de ses camarades de classe : « Ils n’étaient pas humains pour moi ». Le débat risque de se poursuivre et même de s’échauffer…
http://www.weeklystandard.com/articles/civil-whites_1006507.html
http://www.penguinrandomhouse.com/books/220290/between-the-world-and-me-by-ta-nehisi-coates/
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