La Mort de Fidel Castro fêtée dans les rues de Miami
La mort de Fidel Castro a été annoncée par son frère, le dictateur cubain Raul Castro, peu après minuit. C’est une figure du XXème siècle qui vient de disparaître, et un moment de fête intense pour la communauté cubaine en exil.
La plus grande communauté cubaine en exil avait un peu du mal à y croire : après des années de rumeurs, ça y est, le principal responsable de leur exil n’est plus. A Miami, dans les quartiers de Little Havana, Kendall, et bien sûr Hialeah, des milliers de personnes sont descendues dans les rues peu après l’apparition de Raul Castro à la télévision à minuit, annonçant le décès de son frère 1h30 plus tôt. Fidel Castro avait 90 ans. Concerts de Klaxons, pétards, et même quelques feux d’artifices ont célébré l’événement à Miami, alors qu’à quelques centaines de kilomètres de là, les rues de La Havane étaient plongées dans le calme.
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— David Ovalle (@DavidOvalle305) 26 novembre 2016
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— Danny Rivero (@TooMuchMe) 26 novembre 2016
Dès la fin de la révolution cubaine en 1959, et ensuite de manière ininterrompue, des milliers de réfugiés ont fui le régime communiste et ses répressions, mais aussi pour certains afin de mettre leurs biens à l’abri des nationalisations. En avril 1961, les Cubains de Miami avaient même réalisé un débarquement armé sur la plage de la Baie des Cochons à Cuba (sponsorisé par le gouvernement Kennedy), rapidement repoussé par les forces castristes. La mort du dictateur est donc un soulagement pour tous, même si son frère, moins exubérant et provocateur, est toujours au pouvoir du même régime, et qu’il ne compte pas le quitter.
FIDEL CASTRO, UNE FIGURE DU XXème SIECLE
Né en 1926 à Cuba, Fidel Castro était l’une des figures les plus marquantes des guérillas d’Amérique Latine au XXème siècle, dont l’image publique a été très arrangée par les mouvements communistes internationaux, et particulièrement dégradée par… le FBI ! Docteur en Droit en 1950, il se présente ensuite aux élections législatives à Cuba mais le scrutin est annulé. C’est à ce moment qu’il prend les armes, lors de la tentative d’attaque d’une caserne qui le conduira droit en prison, puis en exil avec son frère Raul. Ils étaient alors très nationalistes. En 1955 les frères Castro en exil au Mexique y font la rencontre du jeune Ernesto Gevara, qui va non seulement les aider dans leurs plans de guérilla militaire à Cuba, mais aussi les influencer au niveau idéologique, vers le marxisme-léninisme (communisme révolutionnaire). Le 2 décembre 1956, les Castro, Guevara et 80 cubains débarquent clandestinement sur l’île sur un bateau dénommé Granma, et les 16 survivants du premier combat se réfugient dans les montagnes de la Siera Maestra, d’où ils démarrent une guérilla qui durera 3 ans. Le 8 janvier les forces castristes prennent la Havane après la fuite du dictateur Batista.
INSTAURATION D’UNE DICTATURE COMMUNISTE
C’est Manuel Urrutia qui est nommé président, mais le premier ministre Fidel Castro est celui sur qui toute la popularité repose ; le grand organisateur et vainqueur de cette révolution. Si le coup d’Etat castriste n’est pas si mal vu aux Etats-Unis, les velléités nationalistes de Castro commencent à gêner de plus en plus en plus. D’autant qu’en parallèle, le ministre Ernesto « Che » Guevara est en train de devenir un criminel de tout premier ordre : il faut condamner à mort plus des centaines de personnes, et le nombre de prisonniers politiques atteint les 70 000 dès 1960 ! Fidel Castro, pour continuer ses réformes, se retrouve obligé d’obéir aux Etats-Unis… ou de s’allier à l’autre grande puissance du moment : l’Union Soviétique. Sous l »influence de Guevara et de son frère Raul, il fera le choix de la Russie et du totalitarisme qui la gouverne. Le parti unique est instauré à Cuba. Castro restera premier ministre jusqu’en 1976, année où il devient président. Il prendra sa retraite en 2008, laissant sa place à son frère Raul, un pays ancré dans la pauvreté, des millions d’exilés, des milliers de prisonniers politiques, une population sans cesse surveillée et soumise à un endoctrinement, mais tout de même quelques bons points, comme le niveau d’éducation ou l’accès à des soins de santé de qualité. Castro et Guevara ont été des icônes pour toutes les révolutions marxistes de la planète, et le « Lider Maximo » continua d’inspirer les dirigeants socialistes d’Amérique du sud et d’Afrique même après son retrait du pouvoir.
DEGEL DES RELATIONS
Depuis 2014, un certain dégel est apparu avec les Etats-Unis, jusqu’à la réouverture des ambassades dans les deux pays l’an passé, et le voyage du président Obama à Cuba durant l’été dernier. Mais l’île est toujours soumise à un embargo sur les biens et les voyages de la part des USA, que seul le Congrès des Etats-Unis peut lever.
Il faut dire que la pression a été grande de la part des exilés cubains pour que le régime castriste reste un ennemi désigné. Tomas Regalado, le maire de Miami, lui même réfugié cubain, précisant par exemple régulièrement qu’il s’opposerait à l’ouverture d’un consulat cubain dans sa ville. L’histoire aura aussi laissé des traces de part et d’autre : le débarquement de la baie des Cochons ayant placé les Etats-Unis en tête des ennemis officiels de Cuba. De l’autre côté, les Etats-Unis sont restés traumatisés par la « crise des missiles » de 1961. Des bateaux américains avaient arraisonné un cargo russe voguant en direction de Cuba avec une imposante cargaison de missiles nucléaires à son bord. Alors que les Russes refusaient de faire faire demi-tour au bateau, les jours qui suivirent placèrent la planète au plus près d’une guerre mondiale nucléaire. Le décès de Fidel est donc un soulagement et symbole de liberté pour beaucoup, mais il sera certainement pleuré par d’autres.
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