La réforme fiscale Trump votée par le sénat : 1400 milliards d’impôts en moins sur 10 ans !
C’est une victoire en forme de cadeau de Noël pour Donald Trump : le sénat vient de voter le 1er décembre sa réforme fiscale, la plus ambitieuse jamais réalisée depuis Ronald Reagan.
Il ne reste plus aux parlementaires qu’à fusionner les projets des deux chambres – ce qui devrait être facilement réalisé – et à partir de 2019 les contribuables américains et leurs entreprises devraient se retrouver avec une baisse d’impôts significative.
(Copyright photo : Gage Skidmore CC BY-SA 2.0)
Si le protectionnisme du président Trump ne fait pas l’unanimité – loin de là – dans la majorité républicaine au Congrès, la baisse des impôts restait toutefois un point commun à la fois pour les parlementaires « reaganiens » (toujours majoritaires), partisans d’un capitalisme « classique », et pour la droite « alternative » qui se crée depuis deux ans autour de Donald Trump. La bourse de New-York, qui depuis un an salue de manière positive à peu près toute décision politique, a particulièrement apprécié cette nouvelle, puisque la baisse d’impôt est donc censée faciliter la croissance et le maintien en bonne santé de l’économie américaine.
CE QUI VA BAISSER
A peu près tout va baisser, à commencer par l’impôt sur les sociétés, son taux passant de 35% actuellement à 20% une fois la réforme mise en place. Par ailleurs, les bénéfices réalisés par des entreprises américaines en dehors des Etats-Unis ne seront quasiment plus imposés.
L’impôt sur le revenu des particuliers va lui aussi baisser. Toutes les études s’accordent pour dire que les plus riches vont bénéficier en premier des réformes, mais elles sont moins unanimes sur les bénéfices que la classe moyenne en tirerait. Encore une fois, la théorie du ruissellement – à laquelle adhèrent les Républicains – veut que si les riches gagnent plus d’argent… ils en font bénéficier les autres.
En tout cas, cette réforme fiscale ne peut être isolée des autres caps fixés par le POTUS (president of the United States), dont le fameux « patriotisme économique ». Si cette baisse des impôts sur les sociétés peut aider les entreprises ayant délocalisé à l’étranger à revenir s’installer aux Etats-Unis, il ne faut ainsi pas oublier que d’un autre côté Donald Trump a promis de mettre en place des mesures pénalisantes en cas de délocalisation. La mode ne serait ainsi plus à la « multinationale » sans drapeau, mais à une relocalisation « patriotique » compensant la perte des 1400 milliards d’impôts.
LES IMPACTS POLITIQUES ET ECONOMIQUES
L’impact politique est important, car les Américains sont défiants depuis 10 ans à l’encontre d’une classe politique accusée de « ne pas tenir ses promesses », et d’être relativement inactive.
Au niveau économique, l’enjeu est également important, car le « reaganisme » (impôt minimum et Etat minimum) a de moins en moins de partisans aux Etats-Unis. La théorie du ruissellement est fortement remise en question dans le monde occidental depuis quelques années. Et si les partisans de l’impôt minimum sont toujours majoritaires aux Etats-Unis, l’élection de Donald Trump a été un symbole à l’encontre du « capitalisme sans règle et sans frontière » qui ne fait plus l’unanimité. Cette baisse d’impôts constitue peut-être l’occasion ultime pour le capitalisme de prouver l’efficacité qui l’avait rendu nécessaire à partir des années 1980.
DE FORTES CRITIQUES
Certains, à commencer par les Démocrates, n’y croient pas du tout, et pensent que la croissance engendrée ne comblera pas le déficit de l’Etat fédéral accentué par cette baisse d’impôts (le déficit public américain est actuellement de 3.5% du PIB). Dans le même temps, la mesure phare du programme Trump est une remise à niveau complète des infrastructures américaines (routes, écoles, aéroports…), ce qui sera difficile à financer avec 14000 milliards de dollars en moins. Et, malgré les déclarations d’intention de Donald Trump quand il était candidat, il n’est pas certain que ce soit sur une réduction de la présence armée à l’étranger qu’il pourra réaliser beaucoup d’économies…
Les sceptiques assurent ainsi que « seuls les plus riches » ont quelque chose à gagner dans cette réforme. Et, effectivement, l’un des principaux problèmes du capitalisme américain, c’est que le ruissellement fonctionne de moins en moins bien, décennie après décennie ; les 5% les plus riches du pays faisant en sorte que les bénéfices de la croissance lui échappent moins que dans les années 1980. Augmenter les bénéfices augmentera-t-il le « ruissellement » ? Réponse dans les années qui viennent !
A noter que des Etats (républicains) comme la Floride préparent également de fortes baisses d’impôts locaux.
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