Cuba fusionne ses deux monnaies le 1er janvier
Procédant actuellement à des réformes peut-être rendues nécessaires par la crise du covid et l’absence de tourisme sur l’île qui en a découlé, le président Diaz-Canel a annoncé la fin du système des deux monnaies. Depuis 1994, les non-résidents devaient en effet utiliser sur l’île le « CUC », indexé sur le dollar, alors que la population utilisait le (plus faible) peso cubain.
LES REPERCUSSIONS
Le peso cubain va être soumis a des taux de changes fluctuants. Néanmoins, ce sera sans nul doute à l’avantage des touristes. Bien qu’il ait officiellement toujours été illégal, le tourisme avait fortement repris à la fin du mandat d’Obama et au début de celui de Trump entre les Etats-Unis et l’île communiste. En phase avec les exilés cubains de Floride, le président Trump avait alors sifflé la fin de la récréation, et seuls les « vrais » voyages essentiels étaient depuis lors autorisés. Il est possible que l’élection de Joe Biden remette les pays sur la voie du dialogue et d’un assouplissement des échanges. Dans cette perspective, Cuba pourrait voir un afflux de touristes arriver.
Le 1er janvier, pour 1 dollar américain vous aurez en poche 24 pesos cubains. Ca c’est pour le premier jour. Mais ça risque de dégringoler à grande vitesse…. L’inflation (qui s’envole depuis deux ans) ne va donc pas s’arrêter le 1er janvier, mais au contraire se démultiplier, avec en corollaire une augmentation des prix et des salaires. Ce n’est donc pas un hasard si Miguel Diaz-Canel avait à ses côtés pour cette annonce le « commandante de la revolución », Raul Castro en grand uniforme militaire, comme caution légitime à ce changement majeur… qu’un président trop jeune aurait peut-être eu du mal à assumer seul (1).
Le résultat économique risque en effet d’être cataclysmique à très court terme, mais Cuba a en fait peu d’autres options.
Il va aussi y avoir des personnes tout à fait mécontentes : les entreprises de particuliers qui se faisaient directement payer en CUC par les touristes, comme des chambres d’hôtes ou des restaurants.
OUVERTURES AU CAPITAL ETRANGER
Et ce n’est pas la seule révolution dans la revolución : il va également être autorisé à l’avenir d’effectuer à Cuba des investissements à capitaux majoritairement étrangers ! Jusqu’à présent, l’économie soviétique exigeait que l’Etat contrôle la majorité des parts dans les hôtels et autres infrastructures touristiques…
D’autres types d’investissements purs seront aussi réalisables et réalisés par des étrangers, notamment dans des secteurs technologiques comme le pharmaceutique… Mais le problème pour attirer les investissements étrangers, c’est que Cuba n’est pas forcément le pays le plus compétitif des Amériques (ni de la Caraïbe)… Encore une fois, de toute façon, ils n’avaient pas vraiment d’autre choix.
Le mandat du président Diaz-Canel avait été annoncé sous le signe de la réforme et de l’expérimentation, sortant d’un dogme socialiste inutile. Les voix explorées par le régime cubain et ses nouvelles méthodes devraient inciter ses voisins à être un peu plus clément avec lui : le politique du bâton n’ayant jamais fonctionné avec Cuba… mieux vaut s’entendre sur la politique de la carotte.
A noter qu’il y a également eu à Cuba fin novembre des manifestations d’artistes (accompagnés par plusieurs centaines de personnes) contre la censure, et le racisme contre les Noirs, et qu’elle n’ont pas été interdites. Elles faisaient cependant suite à des interpellations. Ca peut paraître extrêmement « symbolique », mais de facto ça l’est : jamais Fidel Castro n’aurait laissé se rassembler autant de monde contre lui quand il était président.
https://twitter.com/PresidenciaCuba/status/1337220057206808578?s=20
– (1) Il est tout à fait remarquable sur la photo twitter de la présidence cubaine de voir à quel point son président n’est pas au centre de la photo !!!
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