60e anniversaire de l’invasion de la Baie des Cochons (Cuba) par les commandos d’exilés partis de Miami
Point culminant de la Guerre Froide, l’invasion de la Baie des Cochons par les paramilitaires venus de Miami a failli précipiter la planète dans la Troisième Guerre Mondiale. Ca s’est passé en avril 1961.
Rappel du contexte : les castristes gagnent leur révolution le 1er janvier 1959 à Cuba. Des centaines de milliers de Cubains vont alors fuir l’île dont le gouvernement devient de plus en plus communiste sous l’influence d’Ernesto « Che » Guevarra, jusqu’à s’allier avec l’Union Soviétique. La majorité des réfugiés sont à Miami, et à mesure qu’ils sont plus nombreux, ils préparent la « contre-révolution ». Une « Brigade 2506 » est formée en sud Floride, directement par la CIA (dirigée par l’administration Eisenhower puis Kennedy) qui recrute les futurs chefs et financent le tout. Leur leader sera Manuel Francisco Artime Buesa.
La conjuration se regroupe régulièrement au restaurant « Versailles » dans le quartier cubain de Miami, qui est aujourd’hui encore le lieu le plus emblématique des exilés.
L’opération d’invasion est d’abord validée par Eisenhower un an après la Révolution. Encore un an plus tard, le 4 avril 1961, Kennedy vient de devenir président et il approuve (secrètement) le plan final. Les entraînements avaient débuté en Floride, mais tout le monde se transporte ensuite au Guatemala afin que les Etats-Unis puissent nier leur implication dans cette opération, puis au Nicaragua qui servira de base de départ aux bateaux et bombardiers.
Le matin du samedi 15 avril 1961, huit bombardiers américains B-26 peints aux couleurs cubaines (dans l’intention de faire croire qu’il s’agissait d’une rébellion cubaine et non d’une attaque américaine en violation des conventions internationales), décollèrent du Nicaragua et attaquèrent les bases aériennes de La Havane et de Santiago (sud) ; détruisant la moitié des avions militaires cubains. Castro pense qu’il s’agit du préalable à une tentative d’invasion, et il appelle à la vigilance.
Le 17 avril, vers 1h du matin, le débarquement est réalisé dans la baie des Cochons, à 202 km au sud-est de La Havane.
Le but est d’y créer une poche : les assaillants sont persuadés que les Cubains de l’île vont se révolter et ainsi pouvoir les rejoindre à cet endroit. Puis les armées américaines interviendraient officiellement pour les aider, et ils donneraient alors l’assaut sur la capitale. Dans la réalité, personne n’est venu aider la Brigade 2506. Fidel Castro a réussi à immédiatement bloquer les trois routes d’accès à la Baie des Cochons, et a fait bombarder les troupes bloquées sur la plage grâce à ses avions qui n’avaient pas été détruits.
Le 18 avril, les troupes « anti-castristes » sont toujours en train de se faire bombarder. Les Américains autorisent un nouveau raid aérien avec leurs faux avions cubains, cette fois pour déverser du napalm sur les soldats de Castro ! Mais la Brigade 2506 se fait aussi berner par le stratagème: elle mitraille depuis la plage les avions venus les soutenir puisqu’ils portent les couleurs du gouvernement cubain ! A l’aube du 19 avril, les bombardiers américains reviennent encore bombarder Cuba. Deux d’entre eux sont abattus par les Cubains. Les pilotes sont retrouvés morts et ils sont tous de nationalité… américaine. A 14h le chef de la Brigade fait sauter son armement sur la plage et s’enfuie avec quelques hommes dans la forêt. C’est la fin de l’invasion. Bilan : 114 anti-castristes furent tués et 1.189 prisonniers. Fidel Castro arriva sur la plage au volant d’un mini-char et commença a tirer sur les bateaux : le mythe des « barbudos » n’en fut que renforcé.
Aucun pays du monde n’ayant été dupe de la paternité de cette opération, cinq jours plus tard, durant une conférence de presse, John F. Kennedy dut assumer cette opération désastreuse.
Les conséquences furent nombreuses. Un an après, les Etats-Unis bloquèrent des cargos soviétiques chargés de missiles nucléaires en route pour Cuba. Le 29 décembre 1962, durant le Orange Bowl à Miami, John et Jackie Kennedy viennent féliciter des survivants de l’invasion devant les dizaines de milliers de spectateurs du stade.
L’URSS avait aussi donné des dizaines de bombardiers supersoniques à Cuba, capables d’emporter une bombe atomique. En conséquence, un abri nucléaire fut construit pour les Kennedy à Palm Beach, et des bases de missiles durent être érigées près du littoral de Floride afin de contrer une possible attaque. La guerre froide était devenue… très chaude.
Il existe deux musées dédiés à l’invasion : un à Cuba… et l’autre à Miami !
PUBLICITE :