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Miami : Condamnée à 18 mois de prison en France, Marie Beaumont donne des conseils d’immigration sur Instagram

Résidant désormais à Miami, Marie Beaumont (42 ans) et son époux Christophe Reynard (53 ans) ont tous deux été condamnés (en leur absence, mais représentés par une avocate) le 11 novembre 2024 par le Tribunal Judiciaire de Draguignan (Var) à 18 mois de prison, dont 12 fermes, avec mandat d’arrêt, mais aussi 1,7 million d’euros à payer à l’URSSAF*, plus une interdiction de gérer une entreprise pendant 10 ans. Ils ont interjeté appel et doivent donc en conséquence être considérés comme « présumés innocents ».

Selon le journal Var Matin (1) qui a assisté au procès, le couple « à la tête de trois entreprises de rénovation, de suivi d’études dans le bâtiment et de conciergerie, toutes dans le secteur de Saint-Raphaël, ont mis en place un système illégal afin de ne pas payer la totalité des charges patronales dues aux services de l’État. (…) « Les personnes employées l’étaient à la fois comme salariés et comme auto-entrepreneurs, même s’ils n’étaient pas inscrits en tant que tel, détaille le président Alexandre Moussa. Certains étaient même payés parfois avec des factures où ils apparaissaient comme sous-traitants… » (…) « Et aujourd’hui, ils ne sont même pas là pour répondre de leurs agissements, déplore la procureure Laurence Barriquand. En 2021, les revenus de Marie B. s’élevaient à 300.000 euros. Elle a juste oublié de régler l’Urssaf… Mais tous ses bénéfices ont fini sur un compte en Allemagne. On n’est pas loin de l’escroquerie… »

Christophe Reynard assure que ce compte en Allemagne était dûment déclaré.

En tout état de cause, le montant du redressement URSSAF et les éléments exposés lors du procès témoignent de la gravité des accusations portées à l’encontre du couple.

« Il n’avait pas la volonté de frauder »

Var Matin évoque aussi la défense : « Parce que Christophe R. avait beaucoup de travail et ne trouvait pas de main-d’œuvre, rétorque Me Sophie Buchon en défense. Il a donc trouvé ce système pour payer les salariés. Il n’avait pas de volonté de frauder. D’ailleurs, tout cela était validé par l’expert-comptable… »

Contacté par Le Courrier des Amériques, Christophe Reynard a une défense un peu différente. L’homme est de contact sympathique et il souligne tout d’abord qu’il n’y a que l’URSSAF à s’être plaint dans cette affaire et que « il n’y a pas de détournement d’argent. J’employais des autoentrepreneurs qui n’ont pas payé l’URSSAF, ça s’est accumulé avec les années, et à la fin il y a aussi des pénalités qui les font arriver à cette somme de 1,7M€. J’avais cédé des parts à une personne qui s’occupait des entreprises à notre place, car nous envisagions déjà de partir aux Etats-Unis. Ca ne s’est pas bien passé avec lui, mais c’était moi le gérant, donc c’est moi qui ai eu les problèmes.

J’avais déjà discuté avec un juge et dit que j’allais vendre ma maison pour payer les arriérés de l’URSSAF. Je pensais que ça se passerait comme ça sans problème. On attendait au Canada notre visa pour les Etats-Unis et mes avocats m’ont dit que ce n’était pas la peine de venir au procès en France, que ça ne serait pas grand chose. Résultat il y a cette peine de prison et un mandat d’arrêt. Bien sûr, nous irons assister au procès en appel en France ».

Le journaliste de Var Matin présent au procès en première instance relate « Le couple, lui, vit actuellement aux États-Unis,  leurs deux filles ayant été « tirées au sort lors de la loterie de la carte verte » précise Me Buchon. « S’ils reviennent en France, ils n’auront pas de visa pour retourner suivre les études de leurs enfants. » « 

Dans une vidéo publiée sur son compte Instagram le 19 février 2025, Marie Beaumont Reynard expliquait longuement qu’ils avaient demandé et obtenu un visa E-2 (investisseur) aux États-Unis, ce qui, a priori, n’aurait pas été nécessaire s’ils avaient effectivement gagné la loterie de la carte verte.

En tout cas début décembre 2024 ils ont tous les deux fait appel de la décision, qui ne peut donc pas être considérée comme définitive.

Condamnée en France, mais influenceuse à Miami

Ainsi, avant d’être condamnés en France à l’automne, le couple venait de s’installer à Miami et ils ont relancé ici une entreprise de rénovation publiquement domiciliée (2) dans une maison de Coconut Grove, le plus beau quartier de Miami. En parallèle, Marie s’est impliquée pour donner des conseils aux Français, par exemple avec son compte Instagram « Marie MIAMI & FLORIDA » @dream_expatlife qui compte 15000 followers. Une vie d’expat effectivement « dream », avec sur sa page des couleurs fluos et roses  plus proche du style « influenceuse Barbie dream » que de celui d’un « centre pénitentiaire dans le Var » ; une « success story »… sans toutefois mentionner tous les aspects de sa vie.

Ces conseils sont dispensés par Marie notamment aux futurs expatriés qui souhaitent quitter la France avec un visa E-2. Le Courrier a écouté une vidéo de février 2025 qui dure plus d’une heure (3) sur le sujet, et c’est bien argumenté, sans erreur de jugement de la part. Ceci dit, son visa E-2 a elle, Marie l’a eu au mois de janvier, c’est à dire le mois précédent cette vidéo de conseils… Et puis, le contraste entre sa réalité française et sa réalité miamienne est assez surprenante.

M.A.J : la vidéo a été enlevée le lendemain de la publication de cet article, mais le compte Instagram est toujours ici : www.instagram.com/dream_expatlife/

A un couple de jeunes elle leur explique « Etre ici ça m’a boosté. En France on te tire vers le bas. J’avais plusieurs entreprises, j’avais trop de problèmes, trop de problèmes avec les salariés, (…) Ici les américains ont toujours le sourire : attentions ils sont très procéduriers. Ici il n’y a pas de jalousie : les gens sont super contents que tu réussisses. Ils sont hyper bienveillants par rapport à toi. Tout ça, ça change tout dans une création de business. (…) ça n’a rien à voir avec la France. » 

En tout cas, ils sont arrivés aux Etats-Unis avant d’avoir été condamnés. Christophe précise : « J’ai travaillé toute ma vie et je rêvais de venir m’installer ici, mais je n’avais pas imaginé que ce serait comme ça. Mon rêve est devenu un cauchemar, c’est assez dur. » Pour Marie aussi ça a l’air difficile. Selon elle « Toute ma famille a traversé un cauchemar. Une histoire déformée, mal comprise, injuste… qui nous a complètement anéantis. »

Ainsi la version proposée par le couple ne décrit pas la même histoire et la même ambiance que celle présentée par la justice française. Ils attendent désormais la date de leur procès en appel en France (qui ne devrait pas arriver très vite), tout en poursuivant leurs activités à Miami. 

* URSSAF : Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales.

Gwendal GAUTHIER

1https://www.varmatin.com/faits-divers/le-couple-d-entrepreneurs-ne-reglait-pas-ses-cotisations-sociales-956057

2 – Il suffit de chercher sur le site internet du gouvernement de Floride où sont enregistrées les entreprises.


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