Richard Clavet : “Le fait français va encore croître”
Richard est arrivé à Hollywood à l’âge de 25 ans. Depuis lors il a ouvert 7 hôtels et motels le long d’US1, entre Hollywood et Hallandale (et il n’est jamais à court de projets) ! C’est même lui qui a créé l’expression « Petit Québec » ; alors autant dire qu’il est un peu l’âme des lieux, le « gardien du temple” !
LE COURRIER DE FLORIDE : Richard, qu’est-ce qui a changé chez les snowbirds de Floride en 24 ans ?
RICHARD CLAVET : La période de la fin des années 80′ correspondait à la fin d’une très belle époque. C’était l’époque, de mémoire, où les québécois n’avaient pas à se préoccuper des assurances santé, le dollar canadien était relativement fort… Le québécois moyen était cependant un peu plus âgé qu’aujourd’hui (lorsqu’il séjournait en Floride). Puis, quand nous avons procédé à notre première acquisition d’hôtel, le marché était relativement faible (pas autant qu’après la crise de 2007 mais quand même), les propriétés étaient en perte de valeurs, le dollars canadien perdait en vigueur, les lois commençaient à se métamorphoser de manière à ce que les québécois devaient y penser à deux fois avant de continuer de venir passer leurs hivers en Floride. Nous avons acquis une première propriété et s’en est suivi un long processus et cheminement puisqu’aujourd’hui, nous atteignons un total de 145 unités, réparties sur 7 complexes et avec 3 piscines.
LE CDF : Les habitudes culturelles ont-elles changé avec les générations ?
RC : Oui, la moyenne d’âge a baissé, et cela s’explique, selon moi, par le phénomène d’achat de condominiums. Des habitués des petits motels de plage et de la US-1, se sont mis à acheter. La clientèle des petits motels s’est métamorphosée mais le bassin de nouveaux clients est tellement fort que nous n’en avons sincèrement jamais ressentie les effets !
Car cette clientèle amène automatiquement des visiteurs, membres de la famille, connaissances d’affaires, locataires à court terme… et ces gens-là consomment des produits de restauration, des produits d’hébergement, du loisir, et autres. Ils cherchent, de plus, pratiquement tous à s’intégrer à la communauté québécoise existante. En somme, ils cherchent les palmiers, le climat tropical, la chaleur, les plages, mais souhaitent ardemment échanger en français et partager une culture qui est la leur. C’est comme cela que s’est formée la communauté que l’on appelle « Le P’tit Québec en Floride ». Au début, certains percevaient cette appellation de façon un peu négative, probablement une perception née du film Québécois « La Florida » dans les années 90′.
LE CDF : Les artistes québécois s’intègrent aussi à cette communauté…
RC : C’est vrai. Quoi que nous leur devions tout notre respect, il fut un temps où les artistes québécois qui venaient se produire en spectacle en Floride, le faisaient en tant qu’après-carrière ou semi-retraite. Aujourd’hui, la situation a diamétralement changé. Les artistes, chanteurs, humoristes de l’heure, se présentent en Floride pour offrir les mêmes spectacles qu’ils présentent au Québec, et ce souvent à une fraction du prix des salles du Québec.
Je ne sais pas si c’est le « star system », la surprotection des agences (qui font leur travail), mais c’est comme si l’obstacle (glamour) qui existe au Québec entre l’artiste et le fan, tombe littéralement lorsqu’arrivé en climat tropical avec des spectateurs gentils, matures et respectueux à leur égard. Certes, le promoteur québécois Jean Forand y est pour quelque chose, mais ça reste quand même une ambiance unique !
LE CDF : Et comment voyez-vous le futur de ce « petit Québec » ? Ca va continuer ?
RC : Je crois que les gens n’ont pas idée à quel point le fait français va croitre dans les prochaines années en Floride. Et ce n’est pas seulement en raison des nombreux nouveaux propriétaires de condos québécois, mais aussi beaucoup en raison des communautés européennes, entre autres, qui viennent s’installer et développer des commerces du genre : cafés, terrasses, boutiques, salons d’esthétique et de coiffure de prestige. Le nombre est sans cesse croissant et nul doute que les municipalités et comtés y sont pour quelque chose. Lors du boom économique des années 2000, les revenus des municipalités se sont multipliés et les investissements dans les milieux de rassemblements, les plages et centre-villes ont foisonné. Le P’tit Québéc en Floride, ce n’est donc pas seulement l’affaire des Québécois, mais aussi le phénomène d’ »européanisation » de la région.
Bienvenue EN FRANÇAIS!
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