Christophe Kwiecinski : « Le rugby va exploser aux USA »
Christophe Kwiecinski, ancien champion de France de rugby à XV, lance des cours pour enfants (jusqu’à 18 ans) dans le sud de la Floride. Il revient en cette veille de coupe du monde de rugby (elle commence en septembre) sur sa carrière et sur cette année 2015 qui va être charnière dans l’histoire de ce sport aux USA.
Quand on est né à Cadillac, on a forcément un destin américain. Deuxième obligation dans cette ville sise entre Bordeaux et Agen : on joue au « ruby » (avec l’accent le « g » de rugby a été dropé aux oubliettes des anglicismes inconfortables). « On ne m’a jamais demandé mon avis. C’était comme ça : mon père jouait, mon grand-père jouait, donc à l’âge de 6 ans on m’a inscrit. Et j’ai aimé ça. » A la fin de son service militaire il se fait repérer par le club de La Rochelle, et il intègre ainsi le rugby semi-pro… car à l’époque il n’y a pas de « pros ». Les villes arrivent à trouver des petits boulots aux joueurs, et pour Christophe ce sera à l’Hôpital Saint-Louis. Mais tout ça est très aménagé, car le rugby est déjà devenu exigeant et les joueurs sont des vedettes. Christophe court très vite, alors on le met en arrière (N°15) ou sur l’aile, postes flamboyants pour le rugby de ces années-là. «Les Anglais n’arrivaient pas à gagner contre nous, alors ces dernières années ils ont modifié les règles, on joue un peu plus au centre au rugby dorénavant. » Un bon jeu au pied, des bras en acier : Christophe s’affirme rapidement à l’arrière. « Ensuite je suis revenu à Salles, dans les Landes, un peu plus près de chez moi, où j’ai terminé meilleur marqueur d’essais de la saison. La professionnalisme est arrivée. J’avais signé au Stade Bordelais avant l’été, je suis parti en vacances au Brésil, et pendant ce temps-là le grand club de Bègles avait racheté mon contrat ! C’est comme ça que je suis devenu champion de France !»
Christophe est intarissable sur ces années rugby, celle des pionniers du professionnalisme, et… où certains ne l’avaient pas encore compris. « Quand tu rentrais sur le stade de Perpignan, tu avais vraiment les chocottes. Et quand c’était sur la rade de Toulon, ils te mettaient une chandelle en l’air dès le coup de sifflet, le N°15 que j’étais devait courir dessous, et tu pouvais être sur de te prendre 40 pignes dans les mâchoires avant que le ballon ne retombe. C’était…. viril ! ». Mais Christophe apprécie les évolutions plus sportives et techniques de son sport. “Je pense même qu’on devrait être plus sévère avec les mauvais plaquages par exemple. De mon point de vue, les étrangers dans le rugby français apportent beaucoup, et je soutiens totalement les équipes comme Toulon qui recrutent à l’extérieur. Ils apportent un très beau jeu : Bernard Laporte et Mourad Boudjellal l’ont prouvé. Mais en même temps les joueurs sont de plus en plus costauds, par exemple ceux des îles du Pacifique, et les accidents se multiplient. Il faut être vigilant.«
2015 : ANNEE DE LA COUPE DU MONDE
Alors, 2015 est-elle une année charnière pour le rugby mondial ? « Oui, c’est certain. A chaque coupe du monde le rugby prend de l’essor, surtout dans les pays où il est « émergeant ». Ce sera le cas aux Etats-Unis, car ils ont de bonnes chances de sortir en 2ème position de leur groupe à la coupe du monde, derrière l’Afrique-du-Sud, et espérons-le pour eux, devant l’Ecosse, ce qui ne sera pas facile, mais c’est réalisable. Il y a quatre ans, déjà, l’équipe US avait été soutenue par des millions de personnes. C’est l’occasion pour les Américains de se frotter à de grandes nations du rugby. Mais ce n’est pas le seul signe de la croissance du rugby. Lors du dernier tournoi de rugby à 7 qui se déroulait à Londres, l’équipe américaine a terminé première, et les Français 14e. Le rugby à 7 est un sport plus individuel, ça leur correspond mieux. Mais ce qu’ils cherchent dans le rugby ce sont les valeurs européennes : le collectif, l’équipe… C’est ce qui manque à ce qu’ils appellent le « football ». Ce n’est pas pour rien que les élèves de West Point ont monté une équipe de rugby il y a quelques années. D’autres signes sont très positifs. Le mois dernier par exemple les ligues de 6 pays des Amériques, dont les USA, ont signé la création d’un tournoi comme le 6 nations en Europe ou le 4 Nations de l’hémisphère sud. Ce sera un événement annuel considérable, et c’est une avancée fantastique. »
FORMATION POUR LES 2 A 18 ANS
Justement Christophe est là pour ça : faire de la formation « à la française » d’équipes de rugby en Floride. Camps d’été, cours individuels ou collectifs, il est là pour apprendre les valeurs du collectif aux jeunes américains de 6 à 18 ans, et même très bientôt de 2 à 6 ans (il est en cours d’affiliation à la célèbre franchise www.rugbytots.co.uk. « Certes, il n’y a pas de sport sans culture de la victoire, mais chez nous elle passe par la forme physique, par l’amusement, par l’apprentissage de techniques, et par le collectif. Ca fait toute la différence, et c’est pour ça que le rugby est un must à la fois sportif, mais aussi social : toutes les grandes écoles du monde ont leur équipe ».
Christophe a commencé il y a quelques mois, donc si vous travaillez dans une école, association, ou si vous pouvez en parler à la direction de votre école : les cours et stages sont gratuits pour les écoles (c’est la Fondation Williams qui aide la société de Christophe dans la promotion et le développement du rugby en Floride).
www.frenchflairrugby.com – Tél : 954 773 3519 – frenchflairrugby@gmail.com
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