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Robert Cavelier de La Salle : le conquistador français

Cavelier de la Salle portrait

Fondateur de la Louisiane, Robert Cavelier de La Salle est l’un des plus incroyables découvreurs français. Ses expéditions extrêmes en territoires indiens ont façonné la plus fantastiques des légendes.

La Salle est né le 22 novembre 1643 à Rouen. Il débarque en Nouvelle-France à l’âge de 24 ans, en 1667, et s’établit au sud-ouest de l’île de Montréal, dans une propriété qu’il baptise Saint-Sulpice, mais que les habitants affublent du surnom de « La Chine » pour se moquer de lui et de ses obsessions (communes à beaucoup d’explorateurs) pour trouver le passage à travers l’Amérique vers l’Asie. A cette époque, seuls l’est de l’Amérique du nord a été explorée et colonisée. Les Anglais forment leurs 13 colonies, et les Espagnols campent en Floride et dans le golfe du Mexique. Mais 90% des territoires du nouveau monde sont inexplorés.

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Trois ans après son arrivée en 1669, La Salle finance une petite expédition qui part visiter les lacs Ontario et Érié. Il n’arrivera pas jusqu’au nord du Mississippi qui sera dans le même temps découvert par d’autres Français : Joliet et Marquette. Mais La Salle est de la même trempe que ces grands explorateurs. En 1674 il fonde le fort Frontenac, sur le lac Ontario, avec pour mission d’établir de bonnes relations avec les Iroquois. Après un voyage en France, il revient avec d’autres rêves d’explorations. Il crée un premier exploit en transportant du matériel jusqu’aux chutes du Niagara pour y ériger un chantier naval, dans le but de construire in situ un bateau armé de sept canons, afin de prendre le premier possession des grands lacs. Il faut imaginer les Indiens voyant pour la première fois les Européens et leurs canons naviguer en maîtres. La Salle ne participa pas à ce premier voyage du Griffon, et bien lui en a pris, car le navire a disparu sur le lac Michigan avec 5 membres d’équipage. A travers les siècles, des recherches nombreuses n’ont jamais permis de retrouver l’épave, gisant quelque part non loin de marais où poussaient les oignons dénommés « chicagew » par les Indiens (un lieu que les Français baptiseront plus tard « Chicagon »). Les conditions de vie extrêmes des expéditions de La Salle dans les marais et forêts vierges où vivent des indigènes parfois peu amicaux, ont conduit à plusieurs mutineries dans les troupes de La Salle. Peut-être est-ce ce qui s’est passé à bord du Griffon. Il fonde le Fort Crèvecœur en 1678, puis il rentre pour fonder une nouvelle expédition incroyable : explorer le Mississippi. C’est en 1682 qu’il s’élance avec des équipages de canots afin de descendre le roi des fleuves d’Amérique du nord jusqu’à son delta, dans le golfe du Mexique, à l’emplacement de la future Nouvelle-Orléans. Le 9 avril, il prend officiellement possession, au nom du roi de France, de tous les territoires allant du Canada jusqu’à la Nouvelle-Orléans, et les baptisent « Louisiane ». L’œuvre de La Salle est démesurée, et beaucoup se posent des questions. Le roi Louis XIV commentera cette nouvelle « Louisiane » en écrivant au gouverneur de la Barre que cette entreprise est « fort inutile et qu’il faut dans la suite empêcher de pareilles découvertes » ! Mais avant que la nouvelle n’arrive à Versailles, La Salle doit remonter tout le Mississippi (à contre-courant) en 1683. Il s’embarque pour la France où il va lui-même plaider sa cause. L’Espagne ayant déclaré la guerre à la France, Louis XIV se ravise et décide finalement d’aider La Salle à fortifier l’Amérique où les Espagnols ne sont jamais loin. Le roi donne deux bateaux (Le Joly et La Belle) à La Salle qui en loue deux de plus. Avec cette petite flotte, il repart vers l’Amérique en juillet 1684 du port de La Rochelle avec le titre de « gouverneur de Louisiane » et 300 colons à son bord. Ses rêves de gloire sont à leur comble : son territoire est 10 fois ou 100 fois plus grand que celui du Roi-Soleil !

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Cette fois La Salle a pour mission de retourner sur le Mississippi, afin d’établir un fort à son embouchure, mais en passant par la mer, et non plus par le fleuve. L’expédition sera l’un des pires cauchemars de l’histoire de la navigation. Ils enchaînent les erreurs de navigation, se font attaquer par des pirates, voler un bateau par les Espagnols au large d’Hispaniola, puis passent devant le delta du Mississippi sans le voir, tellement la végétation y est dense. Ils ne s’en rendent compte que six-cent kilomètres plus loin, alors qu’ils entrent dans la baie Matagorda, au Texas. Le 2ème bateau de location heurte le fond et coule à pic. Le commandant du Joly entre en conflit avec Robert Cavelier de La Salle, et décide de rentrer en France, laissant l’explorateur avec son dernier navire, La Belle, et 180 personnes. La Salle ne se sait pas aussi loin, et après avoir érigé le Fort Saint-Louis, il tente de retrouver le Mississippi en passant par les bois ou par la mer. Mais prise dans une tempête, La Belle coule à son tour dans la baie Matagorda en 1686. Morts accidentelles, attaques indiennes, désertions… après deux ans passés sur place, au milieu de nulle part, il ne reste plus que 40 habitants (dont 7 enfants) sur les 180 d’origine. Et les bateaux ne sont jamais revenus de France pour les aider. Mais rien n’arrête La Salle. Il ordonne un jour à 16 hommes de partir avec lui à travers bois pour retrouver le Mississippi. Ses hommes se mutinent et le tuent le 19 mars 1687. Cinq survivants de cette expédition atteindront le fleuve, puis Montréal. Au Texas, l’année suivante une attaque Indienne tuera les 20 derniers adultes du Fort Saint-Louis, capturant cinq enfants. Les missions de recherches arriveront en 1689 et ne trouveront aucun survivant.
Durant un siècle, grâce à La Salle, la France règnera néanmoins sur tout le centre de ce nouveau monde, essaimant les forts et colonies entre Chicagon et la Nouvelle-Orléans ; tissant des liens indéfectibles avec les populations indiennes, et marquant la topographie des futurs Etats-Unis d’innombrables souvenirs français, celle d’un oignon indien (comme on l’a vu) ; celle d’un « bâton rouge » qui marquait une frontière, celle « des moines » ; celle de références aux princes de France… mais aussi des dizaines de villes, de rues, d’écoles, de statues portant les noms de Marquette, de Joliet, et de La Salle.

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La Belle enfin exposée au public

Il n’en reste plus grand chose, juste une étrave… mais c’est beaucoup. C’est même immense, à la hauteur du symbole fantastique que représente pour les jeunes Etats-Unis la découverte de cette épave dans la baie de Matagorda au Texas.

La Belle au musée : le bateau de Cavelier de La Salle enfin exposé !
La Belle au musée : le bateau de Cavelier de La Salle enfin exposé !

La Belle fut le dernier navire de l’explorateur Français Robert Cavelier de La Salle, l’homme qui a conquis tout le centre de l’Amérique du nord au nom du roi-soleil. Les Américains ont fini par retrouver en 1995 le navire La Belle, qui venait de passer 300 ans sous les eaux du golfe du Mexique, détenant l’un des plus épais mystères de l’histoire américaine : la disparition corps et biens de l’explorateur le plus intrépide de l’histoire de France, et de son équipage tout entier, dans les bayous du Texas. Un mur gigantesque avait alors été créé autour de la zone du naufrage afin de mettre l’épave et les explorateurs à l’abri des vagues. Appartenant au gouvernement français (puisque prêtée à La Salle par le roi Louis XIV), Paris a décidé de laisser La Belle aux Texans pour une durée de 99 ans. A l’automne dernier, les pièces éparpillées ont enfin été rassemblées, puis installées dans une galerie permanente du Bullock Texas State History Museum (à Austin) formant un joyau des origines de l’histoire américaine qui ouvrira ses portes au public le 8 août 2015 (mais on peut déjà voir La Belle depuis les étages). La Belle sera présentée avec une quarantaine d’autres objets retrouvés dans son épave : des bouilloires en cuivre, des ustensiles de cuisine, des outils de menuiserie et d’agriculture mettant en lumière à la fois la culture française, mais aussi l’implantation des colonies. Des perles colorées et d’autres marchandises racontent les stratégies d’interaction avec les Indiens d’Amérique. Et un magnifique canon de bronze orné de symboles français (entre autre des poignées en forme de dauphins) qui ont servi aux archéologues à prouver qu’il n’y avait aucun doute sur le nom de l’épave qu’ils avaient découverte. Une reproduction du bateau à l’échelle 1/12e aide à comprendre comment il était à l’époque. Un film de 26 minutes, avec des effets 4D, est projeté au musée. L’histoire est racontée par la voix d’un enfant de 12 ans, survivant de la dernière expédition de La Salle.

Il convient de souligner le travail magnifique et titanesque du gouvernement du Texas et des autorités fédérales américaines pour la préservation et la mise en valeur de ce patrimoine commun.

La Belle : The Ship That Changed History :

1800 Congress Ave. Austin, TX –  www.thestoryoftexas.com/la-belle/the-exhibit

Cavelier de la Salle

 

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5 commentaires

  1. La Salle ne fonde pas le Fort Frontenac. Ce dernier avait déjà construit le fort. Frontenac le lui a attribué après l’avoir déjà loué à Le Ber l’année précédente. La Salle avait fait jouer ses contacts en France.

    Les Canadiens se sont moqués de lui parce qu’après avoir dit aller découvrir la Chine il était revenu bredouille en mettant la responsabilité sur ses « coureurs de bois » qu’il disait insuffisamment « expérimentés » pour ces voyages. Avouons que c’était très risible en effet.

    Ce ne sont pas les conditions difficiles de l’environnement qui fit mutiner les « engagés de La Salle; ceux-ci y étaient habitués depuis longtemps. C’est plutôt les qualités de chef de La Salle qui en sont la cause. Aucun autre « explorateur » n’a vécu semblables événement. C’est également ce qui provoquera son assassinat au Texas.

    Ses résultats positifs lors d’exploration sont strictement attribuables à la présence de son second Henri de Tonti qui possédait les qualités de chef pour diriger des hommes « libres » comme les « coureurs de bois ».

  2. À Montréal, j’habite juste à côté de deux municipalités qui se nomment Lasalle et Lachine sur les bords du Saint-Laurent.

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