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Guerre contre l’Etat Islamique : Des lendemains qui déchantent (Editorial)

Gwendal Gauthier, éditeur du Courrier de Floride.
par Gwendal Gauthier, directeur du Courrier de Floride.

« Il n’y aura plus jamais de guerre », « Jouir sans entrave », « Interdit d’interdire », « Peace and love » : les leitmotiv d’une grande partie des sociétés occidentales (empruntés au « mai 68 » français ou aux seventies américaines) sont les victimes collatérales des attentats de Paris. La France est l’un des premiers pays de « l’ouest » à changer d’époque ; à rentrer dans une nouvelle période historique. Non parce que l’attentat est le premier à y être commis, mais justement parce qu’il ne l’est pas : il faudra désormais vivre avec, et pas seulement en France. Ces attentats deviennent réguliers, de plus en plus graves, et ils ne sont pas l’oeuvre de « déséquilibrés » commettant un « attentat contre la liberté d’expression » (comme ce fut dit en janvier). Le mot « guerre » a cette fois été lâché par la plupart des politiciens : la situation est donc plus grave que ce qu’ils avaient prévu*.

(Illustration : L’Oublié du peintre Emile Betsellère – 1872)

 

QUEL EST L’ENNEMI ?

Il est de deux natures. Extérieure tout d’abord : L’Etat Islamique (E.I) est en deux ans passé du statut « d’organisation » à celui de « pays » : le « califat ». Un pays qui n’a aucune reconnaissance internationale, mais qui englobe de larges territoires (surtout en Irak et en Syrie) où les populations sunnites, elles, sont parfois heureuses de sa présence (surtout dans la partie nord de l’Irak). L’E.I dispose de villes, d’institutions, de gouvernements provinciaux, d’une monnaie, de ressources et (selon les dernières analyses) de 160 chars, 3 avions de chasse, 3000 véhicules blindés américains (volés en Irak), et 150 000 soldats. Il y a deux ans, ils n’étaient que quelques centaines. Et malgré près de 4000 bombardements américains (puis ceux des Russes), ils ont progressé jusqu’à ce point. Il est donc difficile de parler d’un petit phénomène commis par des « terroristes déséquilibrés ».

La deuxième nature de l’E.I, c’est le fanatisme qu’il inspire hors du Moyen-Orient, à des populations (souvent déshéritées) qui sont nées et ont grandi dans nos pays : la plupart des terroristes frappant le monde occidental en sont issus, et ne connaissent rien aux problèmes du Moyen-Orient.

Il faudra analyser et nommer les dangers, sans se contenter d’une position manichéenne. Crier à la guerre ne sera pas suffisant. Elle sera peut-être utile, mais elle peut aussi, si elle est mal faite, apporter plus de mal qu’en l’état actuel (les frappes américaines n’ont, par exemple, pas contribué à améliorer la situation). Eradiquer l’E.I du Moyen-Orient peut aussi contraindre ses membres à fuir et à porter leur « guerre sainte » ailleurs… Chez nous par exemple.

Au lendemain des attentats de Paris, j’ai été surpris par le nombre de jeunes, des centaines, qui sont venus sur Lincoln Road à Miami Beach participer à la manifestation : de jeunes expatriés français, canadiens, et des Américains, qui sont tous atterrés par ce qui s’est passé. Merci aux autres générations de les accompagner, car ils ne trouveront pas les solutions tout seuls : à cet âge, on a du mal à vivre de tels traumatismes ; on ne se rend pas compte des réalités si facilement ; on n’entre pas dans une nouvelle période historique sans des remises en questions difficiles.

* A noter (sans vouloir faire de mauvais esprit) que la « guerre » de la France, si elle est nouvelle pour les Parisiens, ne l’est pas pour les Maliens, Irakiens, Syriens, Libyens, Afghans…

 

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