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Entrevue avec Gandy Thomas, nouveau consul Général d’Haïti à Miami

Beaucoup d’actualité pour les Haïtiens en ce moment, avec les élections présidentielles et législatives qui doivent se dérouler en octobre et qui suscitent les passions de part et d’autre de l’Atlantique. Il y a toutefois moins d’enjeux en Floride, puisque les expatriés ne peuvent pas prendre part au vote. C’est dans ce cadre que le gouvernement haïtien a décidé de mettre en place un diplomate de choc à la tête de sa représentation à Miami, avec l’arrivée en juin dernier de Gandy Thomas, en provenance d’Atlanta où il a ouvert ce Consulat voilà 5 ans. Le point avec lui sur l’actualité des Haïtiens de Floride.

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Qui est Gandy Thomas ?

Originaire de Hinche, dans le département du Centre d’Haïti, Gandy Thomas est entré au ministère des Affaires Etrangères en 1994. En 1998 il a fait partie de l’équipe ayant rouvert l’Ambassade d’Haïti à La Havane, puis a été présent en Colombie, au Vénézuela et au Chili avant d’être nommé consul général à Atlanta. Il a beaucoup travaillé pour redéfinir les missions diplomatiques haïtiennes et leur compétitivité vis-à-vis des autres pays du monde.

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LE COURRIER DE FLORIDE : Tout d’abord M. le Consul, pouvons-nous savoir exactement combien sont les Haïtiens en Floride aujourd’hui ?

Gandy THOMAS : Nos ressortissants sont aux environs de 300 000 en Floride à détenir un passeport. Mais comme la double-nationalité existe depuis seulement deux ans, beaucoup n’ont pas encore leur passeport. Il n’est pas possible de donner un nombre précis du nombre d’Haïtiens qui n’ont pas la nationalité, mais il avoisine 1,5 ou 2 millions aux Etats-Unis. Comme un peu plus de 46% des Haïtiens résident en Floride, ça vous donne une idée de l’importance de la communauté.

LE CDF : Quelles sont les zones géographiques où cette présence est la plus marquée ?

G.T : Miami, Orlando, Fort Pierce, Fort Myers, West Palm Beach, Lauderhill… et en fait à peu près toutes les villes jusqu’à Key West !

LE CDF : Donc tout est très bien structuré…

G.T : Ah, quand on arrive à Miami, on se sent chez soi, pas de problème ! Mais vous ne pouvez imaginer les défis que nous avons aussi bien en Haïti qu’ici en Floride : nous devons mettre les bouchées doubles à tous les niveaux.

LE CDF : C’est la mission qui vous est fixée ?

G.T : Oui, avec le budget assez contraint qui est le nôtre, nous avons beaucoup d’ambitions, et nous avons déjà commencé avec la réorganisation de nos services consulaires afin de pouvoir offrir un service d’une plus grande qualité à nos ressortissants. Et ceci est un objectif permanent. Nous sommes le plus important consulat haïtien dans le monde avec 13599 passeports délivrés l’année dernière. Depuis cinq ans nous opérons un service mobile dans les différents comtés afin de faciliter la tâche.

Comme chaque consulat, nous avons cette double-mission de représenter notre pays auprès de nos concitoyens expatriés, mais aussi vis-à-vis des autorités de la Floride, le tout en bonne articulation avec notre ambassade et notre chancellerie. Nous souhaitons moderniser nos structures afin d’instrumentaliser les missions consulaires en tant qu’outils d’accumulation de ressources en faveur du développement économique durable du pays. Ceci peut se faire par le biais d’une stratégie d’amplification de nos relations commerciales, en suscitant les investissements étrangers directs, et en élargissant le champ de nos dialogues avec les membres de la société civile dans notre zone consulaire de Floride. Concrètement, ça passe par exemple par l’encouragement des Haïtiens des Etats-Unis, spécifiquement la 2ème génération, à aller découvrir Haïti, faire des affaires, mais aussi rencontrer les autres francophones de la Floride ! La quarantaine de collaborateurs du consulat n’est pas de trop pour tout ce travail !

« La diaspora va aider à construire l’Haïti de demain »

LE CDF : L’économie semble une de vos missions prioritaires…

G.T : Oui, il nous faut d’une part bien veiller à la visibilité d’Haïti, la compétition est considérable dans les Caraïbes en ce moment surtout avec le dégel des relations entre les Etats-Unis et Cuba !  Mais il nous faut aussi travailler de très près avec la diaspora et accompagner les projets de nos compatriotes aux Etats-Unis. L’économie n’est pas non plus dissociable de la culture et de la langue. Nous devons aussi accompagner leur développement. Il y a plusieurs écoles et universités où on peut apprendre le créole en Floride, et notre tâche est d’entretenir et valoriser ce réseau exceptionnel. Nous allons également lancer un programme d’alphabétisation.

Vous savez à quel point les échanges internationaux sont importants, notamment chez les jeunes, on le voit avec les Français ou les Canadiens qui envoient leurs étudiants partout dans le monde. Haïti n’a jamais suscité l’émigration, mais nous avons tout de même aujourd’hui cette large présence à l’étranger. Et 25% des ressources haïtiennes proviennent des immigrés. La 2ème génération, née aux Etats-Unis, a un taux de scolarisation supérieur à celui d’Haïti. Il faut en profiter, elle est un atout majeur pour le développement de notre île comme leurs parents l’ont été avant eux. Pour cela, il faut deux choses. Premièrement il faut que les élites soient connectées avec notre pays. Deuxièmement il faut que tout le monde fasse partie des élites ! Ca veut dire qu’il faut que tout le monde sache lire et écrire le créole. Ca veut dire aussi qu’il faut considérer chaque expatrié haïtien comme un agent proactif, et faire en sorte que certains ne soient pas aspirés par cette criminalité qui gangrène certaines villes et communautés de la Floride.

LE CDF : A Atlanta vous aviez lancé un programme pour que les jeunes puissent visiter les prisons…

G.T : Certains, peut-être à cause du cinéma, pensaient que la prison c’était quelque chose de sympathique, de familier. Je peux vous dire que, quand les adolescents font ce genre de visite, ça les dissuade de se lancer dans la criminalité ! Nous verrons ce que nous pourrons faire à ce niveau-là à Miami, mais nous allons y réfléchir. J’ai déjà rencontré le chef de la police de North Miami, et nous allons travailler à des solutions.

LE CDF : Pour revenir à la langue, les Haïtiens parlent-ils mieux créole et français à Miami qu’à Atlanta ?

G.T : Oui, la taille de la communauté, et les infrastructures déjà existantes, aident beaucoup. Mais ce n’est pas encore suffisant. Ce qui a fait des Etats-Unis le pays le plus puissant du monde, c’est entre autre la langue, leur culture. Il faut donc faire progresser la nôtre, et aussi ne pas baisser les bras au niveau de la francophonie. Il y a 20 ans ou 30 ans, pour un Haïtien, aller faire ses études en France c’était le rêve. Aujourd’hui l’Amérique Latine et les Etats-Unis ont gagné le cœur d’un grand nombre. Il faut renforcer la francophonie. J’ai commencé à rencontrer les autres consuls francophones, et nous nous nous reverrons prochainement. On dit qu’un jeune qui parle plusieurs langues développe beaucoup plus son quotient intellectuel. En tout cas il augmente de 25% ses chances de réussites professionnelles. La francophonie c’est important, mais il ne faut pas non plus oublier la pédagogie qui l’accompagne au niveau scolaire, ce n’est pas le moindre atout des francophones.

Il est également important de créer des liens entre diasporas francophones, et j’espère que vos lecteurs Canadiens et Français viendront nous rencontrer à Miami et surtout visiter Haïti : c’est juste à côté !!

LE CDF : En juin dernier la Ville de Miami a pour la première fois officialisé le nom d’un de ses quartiers, en l’occurrence celui de Little Haïti. Est-ce important pour la communauté ?

G.T : Bien sûr. Little Haïti a une histoire riche et beaucoup d’atouts. Il faut néanmoins profiter de l’élan pour créer des liens, des jonctions avec le reste de la ville, comme par exemple sa proximité avec le Design District, et les autres communautés.  Il faut sortir « out of the box » ! Le monde maintenant est un village et c’est en créant ces liens, ces passerelles, que la diaspora va aider à construire le Haïti de demain.

 

 

Sorbonne Université

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