Le dernier débat Trump-Clinton a été un peu plus consistant… mais pas moins tendu
Un peu plus consistant ce débat, mais pas loin d’être aussi venimeux que le précédent, les accusations « d’agressions sexuelles » et « d’escroquerie » ayant de nouveau fusé des deux côtés.
Les trois débats entre Donald Trump et Hillary Clinton auront certainement été les pires de l’histoire des Etats-Unis. Souvent volontairement creux, afin d’être à la portée du plus grand nombre d’électeurs, ces joutes télévisées évoquent néanmoins d’habitude des sujets politique. Mais il en aura été assez peu question en 2016 durant le premier débat, pas du tout durant le 2ème, et un petit peu plus, mercredi soir, lors du dernier face à face entre Clinton et Trump.
Les candidats ont tenu des positions assez classiques au sein de leur propre parti sur des sujets comme l’avortement, du contrôle des armes, du système de sécurité sociale ou encore de la nomination des juges à la Cour Suprême. Hillary Clinton a la plupart du temps été de nouveau très professorale, alors que Donald Trump était plus sur la défensive, mais toutefois un peu plus à l’aise que lors des deux premiers débats. La passe d’arme sur la politique internationale – par exemple au sujet de la guerre contre l’Etat Islamique – a été d’un niveau un peu plus élevé, notamment avec des positions de Donald Trump plus construites que par le passé. Il a accusé de manière plus détaillée l’administration Obama-Clinton d’être responsable de la montée de l’Etat Islamique, en ayant laissé le champ libre aux différents protagonistes en Syrie : aussi bien des terroristes islamistes que du gouvernement Syrien et de ses alliés russes et iraniens. Hillary Clinton s’est même retrouvée un peu piégée par une question du journaliste-modérateur sur la manière dont elle allait mettre en place l’embargo aérien qu’elle propose au dessus de la Syrie, et si ça consistait à tirer sur les avions russes. Heureusement pour elle, Donald Trump n’a pas eu la présence d’esprit d’enfoncer le clou sur le sujet.
De nouveau, les Mexicains et les Russes semblaient les boucs-émissaires respectifs des candidats. A la question sur les courriels dévoilés par Wikileaks, Mme Clinton a tenté de replacer en trois mots les emails gênants dans leur conteste, avant d’immédiatement et longuement attaquer « le Kremlin » comme autant le voleur avérés des emails.
Sur le fond, pas certain que qui que ce soit ait gagné le débat. Sur la forme, Hillary Clinton était un roc, alors que Donald Trump réagissait par des expressions moins construites. Il n’est pas possible d’énumérer les attaques nombreuses ayant jailli de part et d’autre. Une phrase répétée par Trump, « une femme si horrible » (« such a nasty woman ») ne devrait toutefois pas tellement plaire à un électorat féminin qu’il doit pourtant conforter… s’il souhaite gagner l’élection. Mais il ne s’agit finalement que d’une énième passe d’arme entre les candidats. Donald Trump a aussi assuré qu’Hillary Clinton avait « incité » ces femmes qui l’accusent depuis 10 jours d’agressions sexuelles et qui selon lui « cherchent 10 minutes de célébrité« .
Sur la forme toujours, il n’y a pas eu cette fois de poignée de main avant le débat entre les familles des candidats. Et il n’y a pas eu non plus de poignée de main entre Donald Trump et Hillary Clinton à la conclusion de l’émission. Les élections américaines ont beau être souvent très rudes, elles respectent néanmoins toujours une cordialité formelle. Pas cette année. Après avoir promis il y a 10 jours la prison à Hillary Clinton si il était élu, cette fois-ci Donald Trump a estimé que le système était truqué car « elle n’aurait pas même dû pouvoir se présenter« . Et, alors que la question lui était posé, il a refusé de dire si oui ou non il accepterait le résultat de l’élection présidentielle en cas de défaite.
Ainsi, plus que jamais, une crise profonde sépare les deux camps : crise économique, crise territoriale (le centre de l’Amérique contre les côtes), et crise de confiance envers les politiques.
Les sondages donnent en moyenne Hillary Clinton en tête avec 6 points d’avance au niveau national. Mais les sondages ne font pas l’élection, et le « niveau national » non plus, puisque les candidats doivent gagner une majorité des délégués au niveau des Etats. Là aussi, selon les sondages, Hillary Clinton conforterait son avance, notamment grâce aux débats. Donald Trump n’y perdra plus de points, vu que les débats sont terminés. Mais les coups continueront sans aucun doute à pleuvoir de part et d’autres. Sans compter Wikileaks qui compte publier des révélations sur Hillary Clinton chaque semaine jusqu’au 8 novembre.
Retrouvez une analyse détaillée du sprint final de la course à la Maison-Blanche dans le prochain Courrier de Floride.
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