Les « affaires Clinton » font passer Trump en tête dans les sondages
La courbe des sondages vient de s’inverser, Donald Trump est en tête de la course à la Maison-Blanche à une semaine de l’élection. Le point sur les scandales ayant amené à ce résultat.
Une élection basée uniquement sur les scandales et les sondages, avec peu de politique au compteur, peut réserver des surprises à tout moment. Ainsi, durant toute la campagne électorale, Hillary Clinton aura fait course en tête dans les sondages (à part durant quelques jours au mois de juillet), mais dans la dernière ligne droite, à 7 jours du scrutin, c’est le candidat Républicain Donald Trump qui semble avoir le vent en poupe. Depuis la reprise de l’enquête sur les emails d’Hillary Clinton par le FBI, il y a quelques jours, M. Trump n’en finissait pas de remonter pour atteindre un niveau quasi identique à celui de sa rivale Démocrate. Mais le 31 octobre, un sondage pour ABC le donne en tête, d’un petit point seulement. Mais, tout de même, la tendance est en ce moment en faveur du milliardaire new-yorkais.
Aucun des deux candidats n’étant très populaire auprès d’une majorité d’Américains, les scandales jouaient jusqu’ici plutôt en faveur de Mme Clinton. Mais deux informations viennent de lui faire perdre son rang de candidate un peu moins « trash » que l’autre.
MME CLINTON A RECU LES QUESTIONS AVANT CERTAINS DEBATS
Le site internet Wikileaks, qui révèle chaque semaine des emails concernant Hillary Clinton, vient de dévoiler le 31 octobre qu’une collaboratrice de la chaîne CNN avait donné à Mme Clinton la liste des questions qui allaient être posées durant un débat de la primaire démocrate l’opposant à Bernie Sanders. Embarrassée, CNN a précisé que cette collaboratrice n’était pas censée avoir accès aux questions.
LE RETOUR DE « L’AFFAIRE DE LA BOITE EMAIL »
Mais c’est surtout l’affaire de sa propre boîte email qui s’est réinvitée sur le devant de la scène. Le FBI avait classé l’affaire en début d’année, mais son directeur, James Comey, vient d’annoncer qu’il rouvrait l’enquête sur Hillary Clinton.
Pour rappel, Hillary Clinton a utilisé sa boîte email personnelle alors qu’elle était Secretary of State, c’est à dire n°2 du gouvernement Obama en charge entre autres des affaires internationales (ce qui comprend les guerres). Or cet usage est totalement interdit, vu qu’il expose les secrets d’Etat et les opérations militaires à n’importe quel « pirate » sur internet. Hillary Clinton avait plaidé l’ignorance, et le FBI, n’ayant pas trop le choix, lui avait accordé le bénéfice du doute. Mais ses opposants avaient au passage souligné que de nombreux emails avaient été effacés du serveur avant l’enquête. Et ce sont certains de ces emails qui apparemment viennent de réapparaître fin octobre, d’une manière parallèle et relativement glauque. C’est le journal New-York Times (favorable à la candidature Clinton) qui révèle de source policière comment ils ont été trouvés : dans un « appareil électronique » appartenant à certain Anthony Weiner, qui est l’objet d’une enquête policière n’ayant rien à voir avec la politique, puisqu’il est poursuivi pour des scandales sexuels. Au point où son épouse a divorcé en août dernier. L’épouse en question n’est autre que Huma Abedin. Celle que Mme Clinton présente comme étant sa « seconde fille », qui est son actuelle directrice adjointe de campagne, et qui était sa chef de cabinet à l’époque où Hillary Clinton était Secretary of State. Ce n’est pas la première fois que Mme Abedin est au centre d’un scandale : cette femme qui a grandi en Arabie Saoudite était prise à partie en 2012 par un groupe de Républicains dénonçant ses liens (supposés) avec l’organisation islamiste des Frères Musulmans. En tout cas ce serait ainsi dans l’un des appareils électroniques de Mme Abedin ou de son ex-mari que des emails ont été retrouvés. Aussi bien Donald Trump, que Hillary Clinton – éprouvée par ces révélations – ont tous deux demandés au FBI d’en dire plus sur le contenu des emails en question. Ce qui paraît un peu paradoxal puisque, justement, ce qui lui est reproché est d’avoir pris des risques avec le « secret défense ». Il apparaît donc inconcevable que la police fédérale donne des détails sur ces emails confidentiels durant la semaine précédent l’élection.
LES RISQUES ENCOURUS PAR MME CLINTON
D’une part le contenu des emails pourrait avoir des conséquences, par exemple si le secret d’activités militaires a ainsi été fragilisé (chacun pense à l’assassinat de l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye alors qu’Hillary Clinton était en poste). Mais s’ajoute désormais à cela le risque d’accusations de mensonge et de parjure. Comme lors de l’affaire Monica Lewinski, frasque sexuelle de Bill Clinton alors qu’il était président, ce n’est plus l’affaire en elle-même qui est jugée, mais le mensonge (potentiel) de l’élu. Le risque pénal est donc important pour Hillary Clinton, et il comprend une peine de prison, qui est tout aussi potentielle et conditionnelle : si elle est élue présidente la semaine prochaine, elle sera vraisemblablement « too big to fail » (trop importante pour tomber). Mais cela n’empêcherait pas une procédure de destitution (« impeachment ») de s’enclencher et de déstabiliser le « gouvernement Clinton », comme à l’époque de son mari. En revanche, si c’est Donald Trump qui est élu… il lui a déjà promis « la prison » !
La dernière semaine de campagne électorale promet d’ores et déjà d’être intense, mais pas plus propre qu’elle ne l’a été durant 1 an.
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Tout d’abord bravo pour votre article neutre, sans parti pris. C’est rarissime sur ce sujet par les temps qui courent…
Cette dernière affaire est potentiellement dévastatrice pour HC. L’avenir est pour elle binaire : soit les révélations pouvant survenir dans les prochains jours lui font perdre l’élection, soit elle sera prisonière d’une procédure d’empeachment qui démarrera le lendemain de son élection…