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Le « revenu universel d’existence » : une idée qui va et vient depuis l’an 1516 !

C’est le philosophe anglais Thomas More qui en parlé le premier dans son « Utopia » en 1516. Depuis lors, l’idée de créer un « revenu universel de base » – une somme d’argent versée par le gouvernement pour tous, travailleurs et non-travailleurs – continue de faire son chemin… mais sans jamais être appliquée (ou presque).

Mais elle revient de plus en plus dans les débats via, par exemple, la présidentielle française (les socialistes étaient pour et les communistes contre), la sphère politique canadienne, et même la presse américaine (1) ! La grande nouveauté (entre 1516 et 2017), c’est qu’un nombre croissant de partis politiques et de courants d’idées semble avoir fait une croix sur le plein emploi. Et ce serait la faute… des robots. En effet, la robotisation a rendu inutile, décennie après décennie, un nombre croissant de postes autrefois pourvus aussi bien par des ouvriers non-qualifiés que par des ingénieurs. Donc, aujourd’hui, il n’y aurait plus de travail pour tous, ce serait une fatalité.

C’est un fait, il y a moins de travail, et cela semble avoir un impact sur les propositions de tous les partis politiques. En conséquence, certains veulent plus de partage du temps de travail (actuellement 35 heures hebdomadaires en France), d’autres souhaitent arrêter ou inverser l’immigration (Trump, Le Pen…) et, ainsi, plusieurs pensent que la mondialisation et ses travers (« uberisation », fragilisation de l’emploi) rendent obligatoire et moral que tout le monde, travailleurs ou pas, doive toucher les dividendes de la modernité et de la robotisation, via ce « revenu universel de base ».

Une observation : les politiciens occidentaux en faveur du « revenu universel » sont souvent ceux qui oublient de préciser que leurs supermarchés et autres Apple Stores ne sont pas remplis de marchandises « Made in Robots ». La concurrence « déloyale » au travail des Européens et Américains n’est pas toujours l’œuvre des robots… mais parfois d’enfants exploités.

TOUJOURS A L’ETAT « D’UTOPIA »

Si les pays communistes ont créé une sorte de revenu universel bien à eux, néanmoins l’idée a beau avoir été débattue depuis des siècles, elle est toujours un peu une utopie en terre capitaliste. Néanmoins, des projets sont débattus. La Suisse en a rejeté l’idée par référendum en juin 2016. Des projets existent aujourd’hui en Finlande ou en Espagne pour expérimenter ou étendre à grande échelle le revenu universel. Le Brésil a pour sa part commencé à petite échelle et à petit budget, mais comptait également étendre le dispositif. Mais ce pays a été entre temps frappé par une crise économique majeure. C’est toutefois au Canada que l’idée semble en pointe. En mai 2016, le Parti Libéral de Justin Trudeau a voté une résolution en faveur d’un revenu de base. La même année, la province de l’Ontario a annoncé sa volonté de l’expérimenter.

La province de l’Ontario a ainsi annoncé, lors de la publication de son budget 2016, sa volonté d’expérimenter un revenu de base. Par ailleurs, le Parti libéral du Canada de Justin Trudeau, actuel Premier ministre, a voté lors de sa dernière convention nationale, fin mai, en faveur d’une résolution pour la création d’un revenu de base garanti.

Entre 1974 et 1979, les 12000 habitants de la petite ville canadienne de Dauphin, dans la province du Manitoba, avaient expérimenté le « Mincome Program » (pour « minimal income »), qui n’avait pas laissé de mauvais souvenir, mais avait été stoppé par le nouveau gouvernement conservateur.

A noter également qu’aux Etats-Unis il existe deux exemples locaux ressemblant au revenu universel, financé par des fonds en provenance des richesses locales. Depuis 1982 les habitants de l’Alaska touchent ainsi un « Alaska Permanent Fund » provenant des revenus pétroliers et miniers de leur Etat. De même, dans la réserve Cherokee des Appalaches (Caroline du Nord), les 16000 indiens vivant dans les montagnes reçoivent deux fois par an plusieurs milliers de dollars en provenance de leur casino.

QUI EST POUR, QUI EST CONTRE ?

L’idée de « revenu universel d’existence » est défendue à la fois par des progressistes et par des capitalistes. Les progressistes pour des questions d’égalité, et des capitalistes car ils pensent qu’un « revenu pour tous » coûterait moins cher que les aides sociales. Ainsi, aux Etats-Unis, Martin luther King Jr était partisan de cette idée, tout comme l’économiste conservateur Milton Friedman (ou l’anglais Friedrich Hayek). L’administration Nixon avait même exploré (sans succès) devant le Congrès à la fin des années 1960 l’idée d’un « Universal Basic Income », comme elle est aujourd’hui appelée.

De leur côté, les marxistes y sont hostiles car ils pensent que le revenu universel serait effectivement une ruse, une béquille du capitalisme. D’autre part, les Libertariens refusent ce genre d’idées (comme la plupart des aides d’Etat : tout ce qui peut être assimilé à de « l’assistanat ») qu’ils jugent « marxistes ». Quelques Libertariens y sont tout de même favorables, pensant que c’est le prix à payer pour que chacun puisse disposer d’une « liberté réelle ».

G.G

(1) – http://time.com/4737956/a-utopian-idea-whose-time-may-finally-have-arrived/

 

 

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