La Confédération se fait déboulonner dans le sud des Etats-Unis
Conflit de civilisation dans le sud des Etats-Unis : un nouveau monument confédéré vient d’être déboulonné le 11 mai. Cent-sept ans après avoir été érigée à la Nouvelle-Orléans, une statue de Jefferson Davis, le président des 13 Etats « rebelles », a été enlevée à la demande de la mairie à trois heures du matin par des ouvriers masqués et protégés par des dizaines de policiers, face à des manifestants favorables ou hostiles à cet acte.
C’est le 2ème de quatre monuments à la gloire de la Confédération a être ôté des rues de New Orleans. Plusieurs drapeaux sudistes et monuments ont ainsi été enlevés par différentes collectivités ces derniers mois, déclenchant des polémiques entre associations anti-racistes et descendants d’esclaves d’une part, et des défenseurs de la mémoire et des descendants des confédérés (les habitants de ces états ruraux ayant pour la plupart un aïeul présent du temps de la Guerre Civile) d’autre part. Statues et drapeaux sont les symboles les plus visibles de cette histoire dans le sud des Etats-Unis, mais il sera difficile de tous les effacer vu le nombre de rues et de « Dixie Highway » qui jalonnent les Etats (« Dixie » étant le surnom de la Confédération), sans parler des sculptures géantes sur la « Stone Mountain » d’Atlanta. Si la plupart des gloires de la rébellion n’ont jamais été célébrées que dans le sud, d’autres comme le général Robert E. Lee sont néanmoins entrés rapidement dans le patrimoine historique des Etats-Unis ; Lee ayant dirigé les troupes sudistes plus par fidélité envers son Etat de Virginie que pour l’esclavage (auquel il était opposé) ou d’autres « valeurs » très discutables propres à la Confédération. C’est justement ce que mettent en avant les défenseurs de la mémoire : « c’est l’histoire qu’on efface », disent-ils en comparant l’acte à ceux d’iconoclastes comme l’Etat Islamique (qui détruit les statues partout sur son passage). Jefferson Davis lui-même était d’ailleurs opposé à la sécession des Etats du sud, et encore deux mois seulement avant d’en devenir président. Comme Lee, c’est la sécession de son propre Etat qui l’a incité par fidélité à devenir « sudiste » (mais à la différence du général, Jefferson Davis était favorable à l’esclavage, dont il profitait lui-même).
En tout cas, rien ne va plus pour les groupes défendant la mémoire de la Confédération. Quatre jours après La Nouvelle Orléans, ils ont dû se rassembler devant la mairie d’Orlando afin qu’elle ne fasse pas enlever le drapeau sudiste de Lake Eola. Par ailleurs, une femme de Floride vient de porter plainte contre les « United Sons of Confederate Veterans » qui gèrent le site de la maison de Jefferson Davis, à Beauvoir dans le Mississippi, assurant qu’elle s’y est fait mordre par un chameau du nom de « Sir Camelot » ! Ca commence à faire beaucoup de téléscopages historiques !!! D’ailleurs le prochain monument dans le collimateur des autorités de la Nouvelle Orléans est la statue d’un officier sudiste portant un nom français (qui par ailleurs détestait son président Davis) : le général louisianais Pierre Gustave Toutant-Beauregard.
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