The Florida Project : le réalisateur Sean Baker dévoile les dessous du rêve américain en Floride
Soutenu par une critique plutôt enthousiaste, le réalisateur Sean Baker a présenté en mai dernier son nouveau film à la Quinzaine des Réalisateurs dans le cadre du Festival de Cannes 2017, « The Florida Project », qui comme son nom d’indique se déroule en Floride.
Après « Tangerine » qui suivait les 24h de la vie d’une transsexuelle dans les quartiers chauds de Los Angeles, le réalisateur donne à nouveau la parole à une Amérique marginalisée pour qui le rêve américain n’est pas franchement d’actualité.
Une Amérique de seconde zone
Cette fois-ci, Sean Baker a planté son décor à l’ombre de l’univers magique de Disney à Orlando, là où le rêve, la légèreté, l’amusement et la consommation dominent. Mais tout le monde n’y a pas droit. Une partie de la population vit dans des motels autrefois destinés aux touristes du parc d’attraction, coincés entre les autoroutes, les héliports, les lotissements désaffectés et les pancartes « Disney » ; tentant de survivre de petits boulots et de combines.
Au centre du film, une petite fille délurée de 6 ans avec un sacré tempérament, Moonee. Lâchée en liberté dans un de ces motels de la banlieue de Disney World, elle tente de s’amuser dans cet univers désolé et fait les quatre cent coups avec sa petite bande de gosses insolents. Ses bêtises ne semblent pas trop inquiéter sa mère Hally, une très jeune femme à peine sortie de l’adolescence plutôt paumée. En situation précaire comme tous les habitants du motel, elle est trop concentrée à trouver des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien. Dans ce semi-chaos, le gérant du motel tente d’intervenir entre fermeté et compassion pour essayer de canaliser et d’aider tout ce petit monde, mais la fatalité semble inéluctable.
Un conte tragique mais attachant
Un film aux allures de comédie légère et enfantine, mais qui révèle en réalité la vie de toute une frange de la population américaine gravement précarisée, les laissés pour compte d’une Amérique du chacun pour soit, où il est difficile de survivre. Mais malgré le drame social qui se joue devant nos yeux et la dureté des propos, en racontant l’histoire à travers la petite Moonee, le réalisateur évite de tomber dans le pathos et livre finalement un film touchant et très attachant.
Extrait du film :
A propos du réalisateur :
Sean Baker est un né à New York, il a écrit et réalisé les films « Take Out, Prince of Broadway » et « Starlet » (lauréat du Robert Altman Spirit Award). Son dernier film « Tangerine » a été présenté au Festival de Sundance. Il est l’un des créateurs de la série « Greg the Bunny » (2005).