Québec : importante vague d’immigration haïtienne en provenance des Etats-Unis
Depuis quelques mois, le Canada accueille à sa frontière un nombre de plus en plus important de demandeurs d’asile provenant des Etats-Unis et pour 80% d’entre eux d’origine haïtienne. Ces migrants arrivent par voie terrestre pensant obtenir très facilement un statut de résident permanent. Mais la procédure n’est pas si simple. Face à cet afflux massif, le gouvernement canadien a mis en place une communication visant à informer les candidats au départ sur le processus d’immigration.
Photo ci-dessus : Manifestation en soutien aux réfugiés devant le stade olympique de Montréal début août 2017 (crédit photo : Youtube)
Les demandeurs d’asile haïtiens viennent d’Amérique du sud, poussés par une conjoncture économique difficile, ou bien directement d’Haïti (en transitant par la Floride), fuyant la pauvreté de leur pays, mais – plus surprenant – ils arrivent aussi des Etats-Unis, incités par la crainte d’être expulsés sans plus de formalités par l’administration Trump dans les mois à venir.
En effet, quelques 58 000 haïtiens vivent actuellement aux Etats-Unis avec un Statut de Protection Temporaire (TPS). Ils ont obtenu ce précieux sésame après le séisme de 2010 qui avait détruit leur pays et provoqué une épidémie de choléra, ce qui leur permettait de vivre et de travailler légalement sur le sol américain. En mai dernier, l’administration Trump a prolongé le statut de six mois « seulement », menaçant en même temps de le retirer en janvier 2018. Cette annonce a semé un vent de panique au sein de la communauté haïtienne et a décidé un bon nombre de prendre la direction du Canada, bien connu comme étant une terre d’accueil.
Le Québec, et plus particulièrement Montréal, abrite déjà une des plus importantes communautés haïtiennes au monde. Dans la ville, les nouveaux migrants peuvent évidemment compter sur la solidarité de cette communauté. Le calcul est donc vite fait pour les candidats au départ.
Cet été le phénomène migratoire s’est accéléré. En juin 700 personnes ont passé la frontière, en juillet leur nombre est passé à 2 900 et les deux premières semaines du mois d’août comptaient déjà plus de 3 000 passages. Ces personnes tentent de rentrer illégalement au Canada, pour la plupart à pied avec enfants et bagages, et selon la procédure en vigueur, sont arrêtés à la frontière américano-canadienne.
Face à l’afflux, les forces armées canadiennes ont installé à la frontière deux camps avec électricité et chauffage. A Montréal, les nouveaux arrivants étaient logés dans des structures classiques (hôtels, centres d’accueils…), mais ces hébergements ne suffisant plus, des centaines de lits camps ont été dressés début août au stade olympique.
Mais certaines associations haïtiennes aux Etats-Unis, et particulièrement en Floride où vivent de nombreux haïtiens, sont inquiètes car de fausses informations circulent sur les réseaux sociaux concernant le passage clandestin à la frontière canadienne. Des messages diffusés sur WhatsApp, Facebook et YouTube laissent croire qu’il suffit de franchir la frontière pour être acceptés dans le pays. Or la procédure d’admission est bien plus complexe.
Face à ces fausses informations, le gouvernement fédéral canadien a mobilisé tous ses consulats aux États-Unis afin de rétablir les faits sur le processus d’immigration au Canada. L’objectif est d’expliquer clairement les règles en vigueur et les critères qui doivent être satisfaits avant qu’une personne puisse être acceptée au Canada.
Emmanuel Dubourg, député fédéral, était à Miami cette semaine pour rencontrer des officiels canadiens et haïtiens, des groupes communautaires, des associations locales et des leaders de la communauté haïtienne pour rétablir la vérité. « Un des objectifs de ma venue en Floride est de rencontrer des gens directement pour leur expliquer le fonctionnement du système d’immigration et donner la bonne information. Rectifier le tir en quelque sorte, par rapport aux fausses informations qui circulent actuellement ! », explique le Député
« Il est vrai que le Canada est un pays accueillant, mais nous avons un système d’immigration strict. Les demandeurs d’asile doivent notamment prouver qu’ils courent un grand risque s’ils retournaient dans leur pays d’origine pour être reconnus comme réfugiés. Le fait de traverser la frontière illégalement ne leur donne aucun avantage au Canada, ce n’est pas un passe-droit. Ils peuvent être renvoyés dans leur pays d’origine. Il faut que les gens sachent tout cela », précise Emmanuel Dubourg.
Le député indique également que le gouvernement a mis en place un comité inter-gouvernemental, dans lequel il siège, et que cette mission en Floride va lui permettre de rapporter des « informations terrain » pour pouvoir mettre en place des actions appropriées.
Les associations locales de leur côté, encouragent les Haïtiens installés à Miami à rester et à s’organiser pour trouver une solution à la politique de Donald Trump.
Le général John Kelly, secrétaire à la Sécurité intérieure américaine, annoncera le 22 novembre prochain si la suspension des visas temporaires des Haïtiens est confirmée.
– Infographies de la procédure d’immigration en créole et en anglais
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