Manhunt – Unabomber : une très bonne série sur Netflix
« Manhunt : Unabomber » (chasse à l’homme), et son affiche pourrait laisser supposer que cette série diffusée depuis le mois d’août sur Netflix est un remake violent des productions déjà vues sur le cas du plus célèbre terroriste américain : Ted « Unabomber » Kaczynski. Il n’en est rien. A l’instar du « American Crime Story » consacré l’an passé à O.J Simpson, c’est une analyse détaillée, passionnante et haletante du travail des enquêteurs auxquels se sont livrés les réalisateurs de la série. Et si le problème de la police avec O.J Simpson fut qu’il soit plus populaire qu’elle, Unabomber était pour sa part plus intelligent que le commun des mortels, d’où ce travail unique ayant mobilisé des dizaines d’enquêteurs du FBI pendant plusieurs décennies.
Rappel : Theodore Kaczynski (né en 1942 à Chicago) entre à Harvard à l’âge de 16 ans et devient docteur en Mathématiques à l’âge de 25 ans, puis prof à l’Université de Californie (Berkeley). Mais deux ans plus tard, en 1969, il démissionne et part vivre dans une cabane en bois dans une forêt du Montana. Il n’en sortira qu’une fois de temps en temps durant 18 ans, pour envoyer 16 bombes cachées dans des lettres ou colis postaux, faisant trois morts et 23 blessés, et déclenchant la plus longue chasse à l’homme policière de l’histoire des Etats-Unis. Les premières bombes s’attaquant à des universités (« un ») et des avions (« a » pour « airlines »), il est surnommé « Unabomber ». Les rares éléments qu’il laisse derrière lui laissent volontairement croire aux profileurs qu’il est limité intellectuellement, et qu’il n’y a pas de cohérence dans le choix de ses cibles. « L’ennemi » de Kaczynski est de facto difficile à trouver pour les policiers, puisqu’il s’agit de la technologie en général. « La révolution industrielle et ses conséquences ont été un désastre pour la race humaine. Elle a accru la durée de vie dans les pays « avancés », mais a déstabilisé la société, a rendu la vie aliénante, a soumis les êtres hu- mains a des humiliations, a permis l’extension de la souf- france mentale (et de la souffrance physique dans les pays du Tiers-Monde) et a infligé des dommages terribles à la biosphère », écrit-il dans un manifeste philosophique adressé à la presse américaine sous le titre : « La société industrielle et son avenir ». Il leur assure qu’il cessera immédiatement les attentats si son texte est publié. Le 19 septembre 1995, le New-York Times et le Washington Post éditent le « manifesto ». Les enquêteurs sont divisés sur l’approche à considérer. La plupart cherche des pièces à conviction bien concrètes, un « smoking gun ». Mais les linguistes vont s’imposer progressivement. Pour la première fois, un mandat de perquisition (pour une cabane au fond des bois) sera justifié par le FBI sur les seuls fondements linguistiques ; un travail de fourmi afin de comparer les mots, phrases et expressions utilisées dans le manifeste d’Unabomber avec d’autres écrits de Kaczynski.
C’est cette « première » dans les annales policières que raconte la série, mettant également bien en avant les enjeux du procès, dans une lutte acharnée entre Kaczynski et ses accusateurs. On regrettera un tout petit peu que la série « Manhunt » limite surtout les motivations de Kaczynski à des désordres psychologiques, sans explorer l’originalité bien réelle de sa pensée philosophique écologiste et anti-moderne. Mais, de toute évidence, le terrorisme déboussolé « d’Unabomber » est ce qui a choqué le plus le pays et ce qui restera dans l’histoire des Etats-Unis, bien plus que ses thèses philosophiques. A moins qu’il ne s’agisse d’une bombe… à retardement !
www.netflix.com/title/80176878
– Voir aussi notre article sur le dernier livre de Michel Onfray, consacré au philosophe écologiste américain Henry David Thoreau, qui vivait dans une cabane au fond des bois et dont la pensée affichait des similitudes avec celle d’Unabomber.
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