Pas de trompettes pour Raúl Castro ! (Editorial du Courrier de Floride)
Comme souligné le mois dernier, l’événement dans la région au mois d’avril ce sera le départ de Raúl Castro de la présidence cubaine ; mettant ainsi terme à 58 ans de partage du pouvoir avec son frère Fidel.
Notre article était titré « Raúl Castro va (enfin) quitter le pouvoir« . Un lecteur (et un seul) a (momentanément) écrit un commentaire sur Facebook remettant en cause notre neutralité en raison de l’utilisation de ce mot « enfin ». Nous pensions que l’histoire du XXème siècle avait enseigné à tous que les totalitarismes nazi et soviétique (y compris ceux portant sourires, cigares et mojitos) étaient des abjections et que, en conséquence, les condamner n’était pas une « opinion » (ni un acte de courage de notre part) mais une simple évidence. Apparemment, il en reste au moins un qui a la mémoire défaillante !
Certes, Staline est mort depuis longtemps, et il est difficile de juger aujourd’hui le régime cubain au travers des douloureux événements des années 1950-60. On ne rappellerait pas les assassinats commis lors de parodies de procès par le procureur Ernesto Guevara si l’histoire ne le nécessitait pas encore aujourd’hui. Bien sûr, Che Guevara n’est plus là, lui non plus, et Cuba ne menace plus le « monde libre ».
Néanmoins, le régime castriste a aujourd’hui encore un grand nombre de restes du régime totalitaire soviétique : stupide économie planifiée, parti unique, interdiction de l’opposition, interdiction de la liberté de la presse, internet « disponible » a un coût suffisamment élevé pour que le nombre de personnes très limité qui l’utilisent soit facilement fichables par la police, système électoral pyramidal comme en URSS où on fait croire au peuple qu’il élit les couches successives de représentants, alors qu’en réalité les « vainqueurs » sont préalablement connus et nommés par le haut de la pyramide (le président) etc etc…
Et puis… il y a les trompettes. Toujours sur le modèle soviétique avec ses commissaires de quartier, les « cederistas » (pour Comité de Défense de la Révolution – CDR) ont été mis en place par Fidel dès 1960. Huit des onze millions d’habitants que compte l’île en fait partie (autant dire que seuls les policiers, les militaires et les enfants n’en sont pas). Leur rôle : rapporter au gouvernement tout « comportement déviant » dans chaque immeuble de l’île. Les « balances » les plus zélées sont surnommées les « trumpetas » car, bien évidemment, sur les 8 millions de CDR, la plupart préféreraient ne pas en être.
Alors, oui, il y a eu aussi de bonnes choses de faites par les Castro à Cuba. Oui, c’est le droit des nations des Amériques de défier les Etats-Unis et le capitalisme, si elles le souhaitent. Mais le propre d’un régime totalitaire n’est pas de tuer plein de monde comme Staline et Hitler. Il est de contrôler la pensée des individus pour qu’une oligarchie ou une fratrie se maintienne au pouvoir « durant 1000 ans ».
C’est pourquoi, le départ de Raúl Castro est une très bonne nouvelle, et que je ne considère pas que ce soit une opinion. Et si c’en est effectivement une, alors dans ce cas je la dédicace aux centaines de milliers de pauvres cubains qui ont dû gagner Miami sur des radeaux de fortune.
S’il fallait vraiment que je donne une opinion, elle sera alors sur l’avenir : il faut que les Etats-Unis aident le nouveau président cubain à tourner la page. Peut-être est-il temps de lever l’embargo afin de lui donner un signe positif.
Gwendal Gauthier
Cuba : la famille Castro va (enfin) quitter le pouvoir, 58 ans après la « Révolution » !
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