Adieu ALENA, bonjour AEUMC : « Accord Etats-Unis, Mexique, Canada »
Ils auront attendu le dernier moment, tard dans la nuit du 30 septembre, alors que la presse Québécoise était déjà imprimée, pour révéler un accord « AEUMC » (USMCA en anglais) qui ne se sera pas fait sans mal. Il faut dire que, en Amérique-du-Nord, seules les élections générales au Québec se déroulaient le lendemain (1er octobre) et apparemment les signataires ne souhaitaient pas que l’accord ait de l’influence sur les électeurs.
Faute de médias imprimés, lundi, Donald Trump a (comme souvent) utilisé Twitter pour saluer un « nouvel accord commercial magnifique » pour les 500 millions d’Américains du Nord qui forment ce marché, alors que Justin Trudeau déclarait qu’il s’agissait d’un bon jour pour le Canada » à la sortie d’un conseil des ministres extraordinaire. Donald Trump était toutefois le seul dirigeant des trois pays à souhaiter renégocier l’ALENA. Il faudra donc in fine regarder ce que contient l’accord pour voir s’il n’est pas largement bénéficiaire aux Etats-Unis.
Visiblement, la victoire en juillet aux élections présidentielles mexicaines du très à gauche « AMLO » (Andrés Manuel López Obrador) n’a pas non plus mené les accords dans une impasse. Mais Américains et Canadiens souhaitent tout de même signer le nouvel accord avant la prise de fonction d’AMLO le 1er décembre.
Selon les premiers éléments sur le nouvel accord, il offrirait entre autres aux USA un accès à 3,5 % du marché laitier canadien (évalué à 16 milliards de dollars). Quand on sait que 75% du lait est produit au Québec… on comprend le lien avec les élections ! Le gouvernement canadien se serait engagé à rembourser les producteurs concernés, selon des sources citées par l’agence Reuters. Par ailleurs, l’accord AEUMC protégerait le Canada d’éventuels tarifs douaniers automobiles, alors que les tarifs douaniers sur l’aluminium et l’acier imposés par le président Trump seraient quant à eux maintenus.
Late last night, our deadline, we reached a wonderful new Trade Deal with Canada, to be added into the deal already reached with Mexico. The new name will be The United States Mexico Canada Agreement, or USMCA. It is a great deal for all three countries, solves the many……
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 1 octobre 2018
OUVERTURE DU MARCHE CANADIEN DU LAIT AUX AMERICAINS
Selon les premiers éléments disponibles, l’accord offre aux Etats-Unis un accès à environ 3,5 % du marché laitier canadien, évalué à 16 milliards de dollars, tout en protégeant le Canada d’éventuels tarifs douaniers automobiles. Selon une des sources de l’agence de presse Reuters, le gouvernement canadien s’est engagé à dédommager les producteurs concernés par cet accord. Un grand nombre de secteurs professionnels canadiens ont salué l’accord. La remise en cause de l’ALENA par la Maison-Blanche avait provoqué de nombreuses sueurs froides au Canada, et sa diplomatie avait sillonné les Etats-Unis (y compris la Floride) pendant de longs mois afin d’expliquer l’intérêt de sauvegarder l’ALENA (voir nos articles ici, ici ou ici). Toutefois le nouvel « AEUMC » est loin de faire l’unanimité, surtout au Québec.
Voici le commentaire de Bruno Letendre, président des producteurs de lait du Québec : « il ne pouvait pas y avoir pire entente pour les producteurs laitiers ». Même ambiance chez le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau : « C’est un mois de production de moins et ce ne sont pas des fermes qui font des millions et des millions de bénéfices ».
Le premier ministre sortant (et candidat à sa propre succession), Philippe Couillard (PLQ) n’a pas eu de communications sur le sujet. Le chef du Parti Québécois, Jean-François Lisée, a pour sa part commenté sur Facebook dimanche soir : « M. Trudeau vient de décider que les fermes québécoises vont encore payer 300 millions $ de plus de pertes […] pour protéger l’industrie automobile de l’Ontario ».
Enfin, le favori de cette élection québécoise, Jean-François Legault (CaQ) a déclaré : « Ce n’est pas le temps d’être partisan. Il faut que les quatre chefs parlent ensemble : on doit protéger la gestion de l’offre ».
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