Joe Biden gagne l’élection présidentielle. Donald Trump conteste
Après une campagne électorale unique en son genre, Joe Biden a gagné la majorité des délégués dans les Etats. Ces derniers devront le nommer en décembre quarante-sixième « président elect » des Etats-Unis d’Amérique. Joe Biden devrait intégrer la Maison Blanche en janvier prochain à l’âge de 78 ans, avec la Californienne Kamala Harris à ses côtés en qualité de vice-présidente. Elle deviendra alors la première femme, et la première personne de couleur, à occuper ce poste.
La totalité des mass médias américains (y compris Fox News) a annoncé la victoire de M. Biden à 11h30 (côte est), après que des victoires aient été acquises en Pennsylvanie et dans le Nevada, permettant à M. Biden de passer la barre des 270 délégués.
Les félicitations commencent à arriver :
Félicitations, @JoeBiden et @KamalaHarris. Nos pays sont de proches amis, partenaires et alliés. Nous avons une relation unique sur la scène internationale. J’ai vraiment hâte de poursuivre notre travail en ce sens, avec vous.
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) November 7, 2020
DONALD TRUMP CONTESTE
Donald Trump a publié un communiqué dans la foulée : « Nous savons tous pourquoi Joe Biden se dépêche de se poser faussement en vainqueur et pourquoi ses alliés les médias essaye durement de l’y aider : ils ne veulent pas que la vérité soit exposée. Voici un fait très simple : cette élection est loin d’être terminée. (…) Ce sont les votes qui décident qui est le président, pas les médias de news. (…) A partir de lundi, notre équipe va poursuivre en justice pour s’assurer que les lois électorales soient pleinement respectées et que le véritable vainqueur soit déclaré.«
Pour le moment, le président sortant, Donald Trump, ne concède donc pas sa défaite et il serait étonnant qu’il le fasse durant le weekend. Il accuse au contraire depuis plusieurs jours ses adversaires d’avoir « triché », et il a en conséquence enclenché des procédures judiciaires dans plusieurs Etats. Vu que M. Trump ne concède pas sa défaite (ce qu’il peut toutefois faire à tout moment), il faudra attendre la fin de ces procédures, qui dans le pire des cas seront tranchées par la Cour Suprême avant le 8 décembre, date à laquelle les délégués doivent être officiellement nommés. Ils désigneront ensuite le président le 14 décembre.
Les fraudes électorales sont régulières aux Etats-Unis, néanmoins il convient de préciser qu’il n’y a pas encore de preuves de tricherie massives de dévoilées. Donald Trump et les avocats républicains assurent en détenir.
Ainsi, comme le dit l’ex-ambassadeur de France à Washington, Gérard Araud, les procédures de Donald Trump iront à leur terme (sauf si M. Trump décide de les arrêter) :
La presse annonce la victoire de Joe Biden. Ça n’a aucune valeur officielle. Il appartiendra au Collège Électoral de l’élire le 14 décembre. D’ici là, la justice examinera les recours trumpistes.
— Gérard Araud (@GerardAraud) November 7, 2020
QUI EST JOE BIDEN
Joseph Robinette Biden Jr. est né le 20 décembre 1942 en Pennsylvanie dans une famille modeste d’origine catholique irlandaise. Sa grand-mère paternelle, Mary Elizabeth Biden (née Robinette), descend de huguenots français ayant immigré en Pennsylvanie. Il a été diplômé d’histoire et de science politique en 1965 à l’université du Delaware, puis a obtenu un diplôme en droit en 1968.
En décembre 1972, sa femme et leurs trois enfants ont été victimes d’un accident de la route, leur voiture ayant été percutée par un tracteur de semi-remorque. Son épouse et sa fille Naomi Christina, âgée de treize mois, sont tuées, et ses deux fils sont gravement blessés. Joe Biden élève seul ses fils puis se remarie, en 1977, avec Jill Tracy Jacobs avec qui il a une fille, Ashley, née en 1981.
Son fils aîné, Beau Biden meurt d’un cancer du cerveau en 2015. Son second fils, Hunter Biden, est avocat à Washington D.C ; sa participation à partir de 2014 au directoire d’une des plus importantes compagnies gazières ukrainiennes, Burisma a suscité des controverses extrêmement fortes depuis un an, en lien notamment avec la fonction que son père occupait alors : vice-président de Barack Obama.
Avant de devenir vice-président, Joe Biden avait été sénateur du Delaware de 1972 à 2008. Il avait sans succès tenté de remporter les primaires démocrates en 1988 et 2008 avant d’y réussir en cette année 2020.
QUELLE POLITIQUE POUR JOE BIDEN
Il faut attendre la totalité des résultats de l’élection au Sénat pour savoir si les Démocrates y auront aussi une majorité. Si ce n’est pas le cas, ils ne pourront pas augmenter les impôts et se créer de nouvelles marges de manœuvre, ce qui aurait un impact évident sur leur politique.
En raison de la pandémie, Joe Biden a annoncé en juillet un plan « Build Back Better » (reconstruire mieux) basé sur une sorte de patriotisme économique (comme Trump) (mais « en mieux », donc). Il devrait toutefois y avoir des différences importantes sur la défense de l’environnement ou la lutte contre le racisme systémique, par exemple. Au niveau de la politique étrangère, Joe Biden devrait revitliser les Etats-Unis dans les organisations internationales, et il rejoindra les accords de Paris sur le climat. De même sur le nucléaire iranien, les accords devraient être rétablis. En revanche il n’est pas évident du tout que M. Biden ait de meilleurs rapports avec la Chine. L’avenir proche le dira !
Il devrait aussi y avoir rapidement des signes symboliques sur la pandémie, comme par exemple le port du masque obligatoire au niveau fédéral. Mais, au final, ce seront les Etats et les comtés qui décideront sur ce sujet (et de toute façon la situation sanitaire a bien le temps de changer avant que M. Biden ne prenne ses fonctions à la mi-janvier).
UNE ELECTION TRES SERREE
Contrairement à ce qu’annoncent les sondages depuis plusieurs années, Donald Trump a une base électorale extrêmement solide. Les deux adversaires ont profité d’une actualité brulante (covid-19, exactions policières…) pour motiver des millions d’Américains supplémentaires à voter pour eux, avec au final un score très serré, y compris et surtout dans les « Swing States », ces Etats qui décident de l’élection, et dont les résultats sont aujourd’hui contestés.
– Voir notre article : Comment et pourquoi les sondages américains ont sombré
En raison de l’épidémie de coronavirus, Joe Biden a cette année opté pour une campagne assez « virtuelle », alors que Donald Trump enchaînait cet automne les réunions publiques.
Les deux ont apparemment été efficaces. La défaite de Donald Trump s’est jouée à peu de choses, quelques centaines de voix dans les « swing states », et il pourra certainement nourrir des regrets, notamment sur le style un peu nonchalant avec lequel il a abordé des sujets graves, comme la pandémie de covid-19.
Annie Karni note dans le New-York Times : « Dans certains des États que M. Biden a réussi à renverser, comme le Wisconsin, sa victoire l’a été par une mince marge d’environ 20 000 voix. Il y a quatre ans, Mme Clinton avait perdu l’État pour environ 22 000 personnes. Une victoire potentielle de M. Biden avec plus de 300 votes électoraux ressemblerait pour lui à une éruption cutanée, mais cela masquerait également le fait que dans certains des États les plus critiques, la course n’était cette fois encore remportée que par un cheveu.«
L’une des infos les plus importantes à retenir de cette campagne c’est donc la fracture profonde entre deux Amériques qui ont du mal à se comprendre et à se supporter. Le 46ème président aura un mur de difficultés de ce côté-là.
Si les candidats avaient l’air d’au moins s’entendre sur un point, c’était de faire de cette élection une sorte de « référendum pour ou contre Trump ». Ca n’a pas tourné à l’avantage du président sortant. Ainsi (pour le moment), le président élu est Joe Biden.
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