Le choix de partir (chronique d’une expatriée à New-York : Charlotte Jimenez)
La France… On me pose souvent la question: “pourquoi tu es partie?”, ou on me fait des commentaires tels que: “la nourriture, la qualité de vie, mais enfin tu es folle?”
Et en fait, je réponds toujours la même chose: “oui, j’adore mon pays, non je ne veux pas y vivre.” Mais pourquoi ce paradoxe?
Charlotte Jimenez a commencé sa carrière de professeure de Français Langue Étrangère en Espagne, avant de venir enseigner à New York où elle réside depuis huit ans. Elle nous livre ici les raisons de son expatriation.
J’avoue que ça fait bien dix ans que je me pose la question et que je n’ai jamais vraiment su y répondre.
Alors voici MA vision propre à moi, certainement bien différente de celle de la plupart de mes concitoyens.
En France, tout (ou presque) est sûr, confortable, lisse, sécurisé, sécurisant, cadré, et plus ou moins déjà tout tracé d’avance. J’ai toujours eu cette impression que pour rester là-bas il fallait que je “rentre dans le moule”. Ma mère m’a d’ailleurs souvent dit “toi, tu fais pas comme les autres”. Petite, je prenais ça pour quelque chose de négatif. Après tout, quand on est enfant, on veut être comme les autres. Et puis, peu à peu je me suis dit que c’était peut-être pas si mal que ça d’être “différente”.
Vous allez me dire, “différente en quoi?”. Je pense que dans ma manière d’être en général, difficile à expliquer comme ça. En tout cas quelque chose qui me relie à d’autres Français qui habitent à l’étranger comme moi.
M’expatrier, c’est un “vieux” rêve. Déjà toute petite, j’aspirais à une vie ailleurs. Dans les années 90, on n’avait pas encore Internet, mais on avait déjà beaucoup de films et séries étrangers. Et ça nourrissait mon imaginaire de petite fille et faisait grandir en moi cette soif d’autre chose.
J’ai d’abord tenté l’Espagne, le pays voisin, pour aller à un endroit plus marqué par le soleil, la musique, la passion, la joie de vivre, des éléments qui sont indispensables pour moi et que je n’ai jamais vraiment trouvés en France. Mais le rêve espagnol s’est terminé au bout de quelques années, fatiguée par la situation économique et le manque de perspectives. Être titulaire d’un master et gagner 500 euros par mois, au bout d’un moment ça ne séduit plus.
J’ai donc fait mes bagages pour une seconde fois, cette fois-ci avec un boulot de prof à New York. Huit ans que j’y suis, une petite fille qui y est née, et toujours le même constat: la qualité de vie est médiocre. Pour bien manger, il faut être prêt à débourser plus d’argent que de coutume, ou faire plusieurs “miles” pour trouver des ingrédients français ou bien “tout simplement” une bonne baguette. Je dis “tout simplement”, parce qu’il faut le dire, aux Etats-Unis (et dans beaucoup de pays), trouver de la nourriture française c’est un luxe! L’éducation y est chère, les frais de santé n’en parlons pas! Vivre ici a un prix. Bref, je ne pense pas objectivement que ce soit la ville où on vit le mieux, mais vous savez quoi? Je m’y sens bien. Je sens cette adrénaline dont j’ai besoin pour avancer et me surpasser. Rencontres, opportunités, et différences. Et surtout, je me sens libre: libre de penser ce que je veux, libre de m’habiller comme je veux, libre d’être ce que je veux.
C’est comme en amour: on peut trouver un super beau mec avec la tête sur les épaules mais avec qui on s’ennuie, et un autre moins beau, moins stable mais avec qui il y a une alchimie et une vraie connexion. Le mec parfait c’est la France, mais celui qui me correspond le mieux c’est l’étranger.
Pour l’instant, revenir serait synonyme de renoncer à mes rêves d’enfant, et donc de vieillir. Et c’est finalement peut-être ça qui me fait peur: le passage du temps et la peur du vide.
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