Jacksonville : Jean Ribault survit à la cancel culture
Que certaines figures historiques un jour adulées ne survivent pas aux siècles, ce n’est pas nouveau. Mais embarquer Jean Ribault dans la galère de la cancel culture… il fallait oser !
Depuis onze mois le bureau des écoles publiques du comté de Duval étudiait la possibilité de renommer neuf de ses établissements. Le verdict est tombé le 1er juin : les officiers sudistes n’auront plus leurs noms sur le fronton des écoles de la région de « Jax » : adieu Robert E. Lee, Stonewall Jackson, J.E.B Stuart, Kirby Smith, Joseph Finegan, et le président sudiste Jefferson Davis.
En revanche, deux ont échappé à la « débaptisation », dont Andrew Jackson. L’attaque en elle même procède d’une petite révolution culturelle aux Etats-Unis, car c’est précisément CE Jackson qui a été célébré dans le nom « Jacksonville ». Andrew Jackson est à la fois un nom glorieux (vainqueur de la bataille de La Nouvelle-Orléans en 1815, gouverneur militaire de Floride, 7e président des Etats-Unis qui y renforça la démocratie… MAIS. Mais il était lui même esclavagiste, et il est l’auteur de la déportation de la totalité de la Nation Cherokee vers l’ouest du Mississippi. L’histoire est compliquée, et les Américains doivent y faire face. La silhouette de Jackson est toujours sur les billets de 20 dollars, mais il ne devrait pas survivre au mandat de Joe Biden. En revanche, ainsi, Jacksonville n’est pas allé jusqu’à débaptiser sa « Andrew Jackson High School ».
Qu’est ce que Jean Ribault a avoir avec tout ça ? Pas grand chose. Deux des écoles de Jax portent le nom de l’explorateur Français. Rappelons qui était Ribault : il avait été choisi pour aller fonder le tout premier fort sur le territoire des futurs Etats-Unis : Fort Caroline, en 1562, précisément dans la région où sera établie Jacksonville beaucoup plus tard. Mais les Espagnols débarquent à leur tour, à St Augustine, avec l’ambition de chasser les Français. Ribault revient avec six navires en 1565. Il est surpris par la présence espagnole et contraint de reprendre la mer pour ne pas laisser ses navires à la merci d’une attaque. Mais un ouragan décime sa flotte (l’épave de la Trinité, le bateau de Ribault, a été retrouvée récemment). Libres de leurs mouvements, les Espagnols foncent alors massacrer les Français présents au fort, puis reviennent s’occuper des survivants du naufrage. Les 500 marins Français proposent de se rendre contre la vie sauve. Les Espagnols acceptent, mais massacrent tout de même la totalité des équipages, tous Protestants, et laissent la vie sauve à seulement 10 marins catholiques français. La rivière de St Augustine où le drame s’est joué s’appelle encore aujourd’hui « Matanzas » : la rivière du massacre.
Mais, ainsi, puisque RIbault a été à l’origine d’une « colonie », certains ont tenté de le « canceler ». Ce n’était pas, en soi, très sympathique : les symboles de l’héritage français ne sont pas forcément majoritaires sur le territoire américain. A noter que 85% du bureau des écoles publiques ont choisi de « sauver » Jean Ribault, après que ses bonnes relations avec la tribu des Timucua fut mise en évidence. Si cet épisode a pu montrer à certains que tous les hommes du passé n’étaient pas mauvais…. tant mieux. Rappelons que les Protestants d’Europe s’établissaient très souvent en Amérique pour fuir des persécutions….
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