Les Français de Miami vont célébrer l’entrée de Joséphine Baker au Panthéon
Le 30 novembre prochain, la franco-américaine Joséphine Baker (1906-1975) va être panthéonisée : elle entrera là où reposent les « Grands Hommes » célébrés par la République, au Panthéon de Paris.
Pour l’occasion, le Consulat général de France à Miami va organiser plusieurs manifestations. L’histoire de Joséphine Baker est effectivement (un peu) liée à la Magic City, puisqu’elle est d’une part une icône de l’époque art-déco (omniprésent à Miami Beach) mais qu’elle a aussi directement marqué Miami comme elle l’a fait dans d’autre endroits de la planète, grace à son esprit de résistance. En effet, invitée à se produire au « Copa City Club » de Miami Beach le 18 janvier 1951, elle était alors arrivée à imposer qu’il n’y ait pas de ségrégation dans le public : un événement s’il en est à cette époque-là. Ce fut un succès : la salle était comble. Baker sera plus tard également célébrée par les révolutionnaires communistes à Cuba.
– 26 octobre : présentation à Miami du livre « Josephine Baker’s Cinematic Prism » par son auteure Terri Simone Francis suivie d’une discussion avec Laurent Gallissot, Consul général de France à 19h à la librairie Books & Books, 265 Aragon Ave, Coral Gables, FL 33134. Entrée libre mais limitée. Inscriptions :
– 9 novembre : Webinaire sur la résistance française. Discussion sur l’implication de Josephine Baker, avec Laurent Gallissot et Lynare Robbins, secrétaire du World Affairs Council of Miami.
– Le 19 novembre, un documentaire de la chaîne de télévision Arte intitulé « Josephine Baker, Première Icône Noire » sera projeté et suivi d’un débat (évènement en ligne dont la participation sera gratuite, inscription à venir très bientôt).
– Le 23 novembre, il y aura une conférence en ligne sur Joséphine Baker et son héritage dans « Le Paris Noir » par Kévi Donat (fondateur de « Le Paris Noir », une série de visites guidées révélant l’influence de la culture noire dans la Ville des Lumières). Depuis 2013, Kévi Donat retrace ainsi les pas de stars tels que James Baldwin, Frantz Fanon, Joséphine Baker et Cheikh Anta Diop dans la capitale française.
www.af-miami.org/community/event-rsvp/?event_id=40
– Le 28 novembre une soirée de célébration unique aura lieu au National Hotel à Miami Beach, avec différents hommages (musique, danse…).
Il est possible de réserver ici : www.josephinmiami.eventbrite.com
Qui fut Joséphine Baker ?
Voici un (très court) portrait pour un immense destin, celui de Freda Josephine McDonald, dite Joséphine Baker, née le 3 juin 1906 à Saint-Louis (Missouri).
Dansant depuis toute petite, elle commence à se produire dans la rue puis au music-hall, à Philadelphie et ensuite à Broadway. Elle rencontre l’épouse de l’attaché commercial de l’ambassade américaine à Paris, qui lui propose de l’accompagner en 1925 dans la capitale française afin de devenir la star d’un spectacle : La Revue Nègre. Vêtue d’un simple pagne et de fausses bananes, elle danse le charleston, dans un décor de savane et au rythme des tambours. Elle y interprète un tableau baptisé La Danse sauvage. « Un jour j’ai réalisé que j’habitais dans un pays où j’avais peur d’être noire. C’était un pays réservé aux Blancs. Il n’y avait pas de place pour les Noirs. J’étouffais aux États-Unis. Beaucoup d’entre nous sommes partis, pas parce que nous le voulions, mais parce que nous ne pouvions plus supporter ça… Je me suis sentie libérée à Paris. »
Elle entre ensuite aux Folies Bergères en 1927 et elle devient une icône des années folles avec sa coupe de cheveux « garçonne », bousculant bien des conventions de l’époque et inspirant les artistes. Dès 1929 elle part en tournée mondiale. En 1930 elle passe au Casino de Paris avec un guépard nommé « Chiquita » qui partage l’affiche avec elle. En 1931 elle devient définitivement une célébrité française avec sa chanson « J’ai deux amours« .
En octobre 1935 elle part pour une tournée américaine d’un an, mais qui ne rencontre pas le succès escompté. En 1937 elle devient française par mariage. Durant la Seconde Guerre Mondiale, elle chante pour les soldats au front, et elle entre dans le contre-espionnage sous les ordres du commandant Abtey. Après la défaite, elle reste à son service, mais dans la Résistance, en France puis au Maroc. Son parcours est singulier : Joséphine Baker s’acquitte durant la guerre de missions importantes. Et elle reste connue pour avoir utilisé ses partitions musicales pour dissimuler des messages. Lors de sa première mission à destination de Lisbonne, elle cache dans son soutien-gorge un microfilm contenant une liste d’espions nazis, qu’elle remet à des agents britanniques. Engagée dans les forces féminines de l’Armée de l’air et nommée sous-lieutenant, elle débarque à Marseille en octobre 1944.
À la Libération, elle poursuit ses activités pour la Croix-Rouge, et chante pour les soldats et résistants près du front, suivant avec ses musiciens la progression de la 1re armée française. Elle reçut pour ses faits d’arme les plus hautes décorations françaises, jusqu’à son entrée aujourd’hui au Panthéon.
Après la guerre, elle fut très investie dans la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Elle fut même en 1963 aux côtés de Martin Luther King lors de la Marche sur Washington, vêtue de son ancien uniforme de l’Armée de l’air française et de ses médailles de résistante. Proche du couple présidentiel argentin, Juan et Eva Perón, elle luta aussi contre le racisme en Amérique Latine. En décembre 1965, elle est acclamée par les foules à Cuba. Fidel Castro l’emmène à la Baie des Cochons où elle déclare devant les journalistes : « Je suis heureuse d’avoir été le témoin du premier grand échec de l’impérialisme américain ! ». Elle revient au mois de juillet suivant où on lui remet un brevet de lieutenant des forces armées révolutionnaires cubaines. En 1967, après la mort de Che Guevara, elle écrit une lettre de condoléance à Castro.
Criblée de dettes, elle doit céder son château français en 1968. Elle est alors aidée par Brigitte Bardot, Jean-Claude Brialy et même la princesse Grace de Monaco. En mai 1968, elle n’est pas avec les communistes, mais en tête du cortège de soutien au président De Gaulle. Elle décède d’une hémorragie cérébrale le 12 avril 1975, à l’âge de 68 ans à son domicile parisien. Mariée cinq fois, elle avait adopté douze enfants du monde entier.
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