Edward Hopper : Le peintre de la Société Américaine
« Si on pouvait le dire avec les mots, on n’aurait plus de raison de peindre. » E. H.
Des débuts difficiles :
Victime de son succès, le peintre américain de l’entre-deux guerres, est né le 22 juillet 1882, à Nyack dans l’Etat de New York. A l’âge de 40 ans la reconnaissance de son art se faisait toujours attendre et les années passaient ainsi : peu connu, il luttait pour vendre le moindre tableau. Cependant, à 80 ans, il fera la couverture du magazine Time. C’est tout le paradoxe de sa vie et une immense reconnaissance devenue pérenne de nos jours.
Le reflet de sa propre vie :
Né dans une famille modeste de commerçants merciers, il reçoit une éducation baptiste et fréquente tout d’abord une école privée, puis il poursuivra dans le lycée de sa ville natale. Une fois ses premières études terminées, il s’installe à New York dans la New York School of illustrating puis en 1900 à la New York School of Art. Là, il fera de multiples rencontres qui nourriront les prémices de son art, dont celles de professeurs, tel Robert Henri, entre autres, qui lui enseigne à représenter des scènes réalistes de la vie urbaine. Auparavant il aura travaillé en publicité, ce qui ne le satisfait pas. Il est également graveur à l’eau forte.
L’expérience de la vie moderne :
La Société Américaine est son véritable support, une grande partie de son œuvre met au jour l’expérience de la ville moderne. Toile après toile, il a représenté la vie au quotidien, le plus banal, son œuvre est complexe dans sa simplicité : diners, cafés, vitrines, stations-service, gare, chambres d’hôtel, lumières de la ville. Sincérité et réalisme font bon ménage même s’il est « classé » peintre de l’art moderne à ne pas confondre avec l’art contemporain qu’il détestait. La nuance était très importante à ses yeux.
Haut en couleur :
Ses œuvres sont marquées par des juxtapositions de couleurs vives et un éclairage théâtral et cru, ainsi que des silhouettes très marquées qui semblent aussi intégrées qu’étrangères à leur environnement.
Un voyageur en recherche :
Pour en arriver à sa totale inspiration, Hopper a beaucoup voyagé en Europe, d’abord trois séjours à Paris de 1906 à 1910, dont il produira une trentaine d’œuvres. Puis les Pays-Bas (Amsterdam et Haarlem), le Royaume-Unis (Londres), l’Espagne (Madrid, Tolède), l’Allemagne (Berlin), la Slovaquie (Bratislava) et le Belgique (Bruxelles). Il étudie les grands maîtres de tous ces pays.
Une atmosphère particulière :
De retour en Amérique, il s’est installé définitivement à New-York dès 1908. Dès lors, la transition entre ses toiles françaises et ses toiles américaines ne se fera que progressivement, de ses motifs initiaux sera suivie une radicalité dans sa manière de peindre, avec plus de dynamisme et d’expressivité. Une luminescence va naître.
Son univers est un mélange de trouble étrange, de solitude, de tension psychologique, même si les scènes rurales ou côtières de l’artiste peuvent offrir un contre-point de tranquillité ou d’optimisme. Il souhaite mettre en valeur toute la psyché américaine, dans une presque mise à nu.
Expositions prestigieuses et consécration :
Dès 1930, l’œuvre de Hopper est enfin reconnue et elle rentrera dans les collections du Museum Of Moderne Art. La même année, le Whitney Museum of American Art fera l’acquisition de son célèbre tableau Tôt un dimanche matin qui lui aura valu se réputation mais aussi sa fortune.
Puis le peintre devient jury du Carnegie Institute et sera aussi élu membre de l’Académie Américaine des Arts et des Lettres en 1945.
Sept ans plus tard, en 1952, il expose à la biennale de Venise. Il recevra, l’année suivante, le titre de Docteur of Fine Arts de l’Art Institute of Chicago.
La disparition d’un grand peintre de l’observation humaine :
Après un long séjour de plusieurs semaines passé à l’hôpital, Edward Hopper meurt le 15 mai 1967, dans son atelier, à l’âge de 85 ans, laissant derrière lui un ensemble de plus de 3 000 œuvres signées, et d’autres encore montées dans leurs précieux cadres dorés. Son épouse, également artiste-peintre, mais aussi son modèle, Joséphine Versille-Nivison Hopper, mourra dix mois plus tard, en ayant légué les œuvres de son mari au Whitney Museum of American Art. D’autres œuvres importantes se trouvent aussi au MoMa de NYC et à l’Art Institute of Chicago.
Cinquante-cinq ans après son décès et 140 ans après sa naissance, l’œuvre d’Edward Hopper continue de parler au plus grand nombre pour ses qualités, dans la démonstration humaine, reprises par son art et qui auront jalonné toute sa vie.
Sources et références :
Pour compléter cette courte biographie de l’artiste, nous vous renvoyons au livre de Rolf G. Renner – Edward Hopper – Métamorphose du réel – paru aux Editions TASCHEN. www.taschen.com. Edition française. Ce même ouvrage ayant servi à nos recherches afin d’alimenter notre sujet et d’être surtout fidèle à l’homme et à son œuvre.
Isaline Rémy
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