400e anniversaire du naufrage de l’Atocha près de Key West
La Nuestra Señora de Atocha est un galion espagnol de 34 mètres de long et de 550 tonnes construit en 1620, portant d’impressionnant « châteaux » à la proue et à la poupe, comme c’était le cas à cette époque (et dans les films de pirates !).
Durant deux mois, les colonnes de mules convergèrent vers ce navire amarré à Carthagène-des-Indes (Colombie), afin d’y déverser les richesses des Amériques, qui partiront ensuite en convoi vers Madrid : on appelle ça « la flotte des Indes ». S’entasse à bord de l’argent de Bolivie, du Pérou et du Mexique ; de l’or et des émeraudes de Colombie, des perles du Vénézuela… Si les bateaux partent en colonne c’est précisément afin de pouvoir se défendre en cas d’attaque, assurant ainsi la tranquillité par rapport aux pirates, et un monopole vis-à-vis des autres nations. L’Atocha atteint d’abord La Havane, passage nécessaire avant la traversée de l’Atlantique. Puis le 4 septembre 1622 (il y a exactement quatre-cent ans), par un temps estival magnifique, elle quitte capitale cubaine en direction de l’Espagne mais en mettant d’abord le cap vers Key West. L’Atocha est un « Almirante », c’est à dire un navire armé qui ferme la colonne de bateaux. Sa ligne de flottaison est très basse, car en plus de ses armes, de 265 hommes (équipage, passagers plus 82 soldats d’infanterie), elle transporte (entre autres) 24 tonneaux d’argent en 1038 lingots, 180 000 pesos en monnaie d’argent, 582 lingots de cuivre, 125 barres et disques d’or colombien, 350 coffres d’indigo, 525 fardes de tabac, 20 canons de bronze, et 1200 livres d’argenterie travaillée.
Dès le lendemain, 5 septembre, le navire est pris dans un ouragan, tels que les Caraïbes en connaissent à la fin de chaque été. Ça tangue si fort que les hommes ne peuvent pas rester sur le pont : ils prient à l’intérieur, alors que le navire tente de gagner les eaux généralement plus calme du Golfe du Mexique. Le 6 septembre, l’Atocha sombre (par 17 mètres de fond) avec sept autres navires, tous en queue de colonne, entre Key West et l’archipel des Dry Tortugas. Des 285 hommes présents à bord de l’Atocha, les seuls survivants sont trois marins et deux esclaves qui étaient tous à l’extérieur du navire durant le naufrage et furent découvert par un navire marchand au lendemain. Les sauvetages arrivèrent ensuite, mais ils furent difficiles, d’autant qu’un autre ouragan passe dans la région quelques semaines plus tard. Mais les Espagnols retournèrent toute de même sur le site durant 60 ans, et ils réussirent à récupérer la moitié des richesses perdues, en faisant plonger des esclaves sous des cloches, notamment sur la Santa Margarita. Mais jamais ils ne retrouvèrent l’Atocha.
L’Atocha et ses richesses enfouies devinrent alors une légende. La fièvre de l’or sous-marin s’interrompit durant plusieurs siècles, jusqu’à ce qu’elle germe à nouveau dans l’esprit d’un dénommé Mel Fisher (1922-1998), chasseur de trésors de son état. Financé par des investisseurs, en 1969 il débuta avec sa société la quête de l’Atocha, mais avec les moyens technologiques de l’époque. Ils étaient plus modernes que ceux des galions espagnols, mais ça allait quand même lui prendre un peu de temps et de détermination. En 1970 il découvrit la Santa Margarita. Mais il fallut attendre 1973 pour trouver les premières barres d’argent de l’Atocha, puis en 1975, Dick Fisher, le fils de Mel, découvrit un canon qui prouva qu’il s’agissait bien du navire recherché. Le trésor n’était pas loin, mais il fallut attendre 1985 pour que l’équipe finissent par la découvrir, soit seize ans et demi de recherches ! Ce qu’il trouva en 1985 avait une valeur de 400 millions de dollars ! Depuis lors (ou « depuis l’or ») le site du naufrage est dénommé « The Bank of Spain ».
A noter que, quelques jours après avoir trouvé le premier canon, Dick Fisher, sa femme et un photographe périrent après que leur bateau se sont retourné durant la nuit.
Un très intéressant musée existe à Key West, racontant ces aventures, et exposant photos d’époques et découvertes sur l’Atocha : www.melfisher.org
Du 2 au 6 septembre :
Mel Fisher Days pour commémorer les 400 ans
Cette année les « Mel Fisher Days » de Key West seront bien entendu consacrés aux 400 ans du naufrage de l’Atocha. Vous pouvez découvrir les événements (films, symposium, banquet…) sur leur site internet :
Voir aussi :
– Notre article sur les épaves des Keys
– Voir notre (magnifique) guide des Keys de Floride
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