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Entrevue avec Serge J. Massat : Les Français et l’investissement en Floride

Serge J Massat est depuis février 2023 le président de la French American Chamber of Commerce (FACC) de Miami. Il a une longue expérience professionnelle d’accompagnement des entreprises françaises, et il est à la tête d’une des plus importantes chambres de commerce étrangères dans la « Magic City ».

LE COURRIER DES AMERIQUES : Comment sentez-vous l’économie américaine ? Pensez-vous que c’est toujours le bon moment pour investir en Floride ?

SERGE J. MASSAT : En ce qui concerne l’économie américaine, plusieurs éléments sont à prendre en considération :

  • Après une période difficile, il semblerait que l’inflation soit à présent maitrisée.
  • Les taux d’intérêts sont encore élevés par rapport à ce que l’on a connu avant Covid, ce qui freine un peu le marché immobilier qui a connu son heure d’euphorie en Floride en plein Covid.
  • Le marché de l’emploi est solide.

Quant à l’Etat de Floride, il est toujours aussi attractif, tant pour les investisseurs internationaux que pour les retraités d’Europe et d’ailleurs qui cherchent le soleil avant tout, avec quelques bémols cependant :

  • On n’est jamais à l’abri d’un ouragan qui peut être très destructif comme l’ont été Helene et Milton récemment, mais c’est un risque à gérer.
  • Le coût des assurances est très élevé.

Donc… bon moment pour investir en Floride ? La réponse ne peut être unique. Il faut dissocier investissement immobilier et investissent dans une activité commerciale ou industrielle. Pour l’immobilier, le marché s’est stabilisé et les prix ont même un peu régressé après une forte hausse créée par une arrivée massive de New Yorkais et de Californiens pendant la période de la Covid et, oui, on peut investir a nouveau. Au niveau industriel ou commercial, la Floride a ses attraits et son économie est en plein essor. Mais le conseil le plus avisé que l’on peut donner est : installez-vous près de votre marché, près de vos clients. Il ne vous viendrait pas à l’esprit d’installer votre usine de pièces automobiles en Floride, par exemple, pour de simples raisons de coûts de transport et de logistique. La logique dans ce cas la est d’ouvrir à Detroit ou ses environs.

LE C.D.A : Les Etats-Unis sont donc toujours une terre d’opportunité ?

S.J.M : Le rêve américain existe toujours ?  Etats Unis = Terre d’opportunité ou tout est facile ? Oui et non, il faut savoir faire son « Homework », bien étudier son marché avant d’arriver. On voit trop d’entrepreneurs qui souhaitent à tout prix vivre ce rêve américain sans s’y être préparé. On ne s’invente pas restaurateur quand on était garagiste en France. Et puis, il faut sortir de cette dialectique qui dit : ça a marché pour mes produits et mon concept en France, donc ça va marcher de la même façon aux Etats Unis. Il faut savoir adapter ses concepts, ses produits à la réalité locale. D’ailleurs, il n’y a qu’à regarder l’épopée Renault aux USA : dans les années 1980, Renault a lancé la R9 et la R11 en France qui ont été rebaptisées Renault Alliance et Renault Encore aux Etats Unis. Le problème de ces mignonnes petites voitures ? Les Américains mettent la clim à fond et de ce fait la motorisation était un peu poussive pour supporter cela. Les ingénieurs de Detroit ont demandé à Boulogne-Billancourt de remédier à ce problème, et les ingénieurs français ont répondu : les Américains n’ont qu’à s’adapter à nos voitures.  Conclusion ? Renault n’est plus sur le marché américain. (Je tiens ces infos d’un ingénieur français expatrié à Detroit à l’époque).

Cette entrevue avec Serge J Massat a été diffusée dans Le Guide de l’Investissement et de l’Immobilier en Floride 2025-2026 (cliquez pour lire)

LE C.D.A : La fiscalité y est-elle compliquée en comparaison avec la France ?

S.J.M : C’est un maitre sujet pour l’expert-comptable diplômé des deux côtés de l’Atlantique que je suis, mais le terrain de jeu aux Etats Unis est beaucoup plus vaste qu’en France. A première vue, c’est plus simple, plus direct quand on reste au niveau Federal. Là où ça devient plus compliqué, c’est qu’il n’y a pas une seule « fiscalité » mais 52 si on prend en considération le niveau Federal, la fiscalité des 50 Etats plus la fiscalité du District of Columbia. Et forcément, chaque Etat a ses propres règles, ça serait trop simple d’homogénéiser. Là où ça devient encore plus compliqué, c’est quand on apprend que le Code General des Impôts (IRC en langage local) fait plus de 4,000 pages avec des exceptions à la règle à chaque coin de rue.

Donc, si vous avez votre petit commerce local fort sympathique, c’est plus simple qu’en France.  Si vous êtes établis dans plusieurs Etats avec des montages fiscaux alambiqués, c’est plus compliqué. Pour illustrer cela, je vais juste faire référence à une question de la déclaration fiscale fédérale (qui est la même pour votre petit commerce de détail que pour General Motors, d’ailleurs) : page 5 de cette déclaration 1120 (et oui, ça devient un peu technique, mais c’est pour illustrer) question 14 que je traduis pour vous : avez-vous retenu une approche « Uncertain » (à la limite du hors-jeu) lorsque vous avez établi votre déclaration et si Oui, quelle est-elle ?  La réponse n’est pas Blanc ou Noir comme en France, c’est un peu flou et sujet a interprétation.

LE C.D.A : Quelle est la tendance, y a-t-il plus ou moins d’investisseurs à arriver de France ?

S.J.M : Sans vouloir offenser quiconque et sans connotation politique, la réponse est Oui, on voit d’avantage d’investisseurs arriver de France. Les motifs : fuir une pression fiscale de plus en plus difficile à supporter, trouver des nouveaux marchés pour des produits ou services innovants, sachant que le marché américain est tellement vaste comparé au français.

LE C.D.A : Y a-t-il des profil-types d’investisseur français en Floride ?

S.J.M : La question dit bien « DES » au pluriel, profil-types. Et la réponse est au pluriel également : certains investissent dans l’immobilier résidentiel qui a eu ses heures de gloire et est un peu moins fringant aujourd’hui, les taux de rentabilité ont baissé. Il y a l’investissement dans l’immobilier de loisir pour venir passer quelques mois par an sous le soleil des tropiques, l’investissement industriel pour se rapprocher de ses clients, souvent dans l’aéronautique.

LE C.D.A : Est-il toujours aussi facile d’obtenir un visa d’investisseur aux Etats-Unis ?

S.J.M : Si on n’est pas une star du foot ou de la mode ou si on n’a pas 1,050,000 USD à investir, il reste 3 types de visas accessibles : le visa J1 valable 18 mois qui est en quelque sorte un visa de stagiaire, le visa L1 où vous détachez aux USA un manager qui aura pour rôle d’encadrer votre équipe locale, et le visa E2 ou visa d’investisseur : vous créez votre propre business ou rachetez un business existant, vous investissez 100,000 USD au bas mot et vous avez 4 ans pour faire vos preuves de réussite avant que le visa ne soit renouvelé.

LE C.D.A : Deux questions en une : Pour le cas particulier des startups, il y a depuis longtemps plus de créations en Floride qu’en Californie. Mais pensez-vous qu’il est aussi facile pour un créateur – par exemple Français – de procéder à des levées de fonds en Floride ? Y a-t-il des « business angels » français prêts à les aider en Floride et aux Etats-Unis ?

S.J.M : Pour commencer, précisons que contrairement à ce que l’on pense, les banques américaines ne prennent pas de risque et ne prêtent pas. Exemple : vous avez le projet le plus merveilleux. Sur le papier, les chiffres font rêver, mais vous avez besoin de financement pour le mettre en musique.  Vous allez voir votre banquier américain et vous lui demandez des sous, comme vous le feriez en France.  Le banquier va vous poser une seule question qui est celle-ci : vous croyez à votre projet ?  Et fier de vous, vous allez lui répondre : « oh que oui » ! et il va alors vous dire, « si vous y croyez, alors donnez-moi un gage sur votre habitation principale ». Voila un peu caricaturé le cheminement.

A par cela, y a-t-il de « business angels » en Floride ?  Oui, bien sûr.  Chaque année, la Chambre de Commerce Franco-Américaine que j’ai l’honneur de présider coorganise avec les French Tech ce qu’on a baptisé « French Tech Capital Days ». Sur deux jours, au printemps, sont organisés ces réunions et séminaires qui réunissent des investisseurs, entrepreneurs, « business angels » pour reprendre l’expression ci-dessus ou autres professionnels avec des startups qui viennent de France ou sont déjà aux Etats Unis. Mais ceci est la partie la plus visible de l’iceberg, la partie la plus médiatique. French Tech Capital Days ou pas, les « business angels » sont ici en Floride.

LE C.D.A : Comment, avec la FACC, pouvez-vous aider les entreprises françaises à s’installer ici?

S.J.M : La FACC, c’est un petit peu le chef d’orchestre de votre implantation en Floride. Elle vous offre un service clef en main à tous les niveaux, en commençant chronologiquement à organiser vos rendez-vous lorsque vous venez prospecter la 1ere fois, soit seul soit en groupe, puis en vous offrant une domiciliation qui permet à votre société locale – dès que créée – de pouvoir exister vis-à-vis des autorités, immigration ou autre, en hébergeant si besoin votre ou vos premiers employés dans son booster, en mettant à votre disposition un carnet d’adresse de professionnels testés qui répondront à vos besoin et à vos questions : avocats, experts-comptables, assureurs, agent immobiliers…  En conclusion, la FACC est le partenaire idéal et elle est incontournable, c’est son président qui vous le dit ;-) !

Cet entretien et une partie de notre Guide de l’investissement et de l’immobilier en Floride :

Le Guide de l’investissement et de l’immobilier en Floride


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