L’Observatoire du journalisme (OJIM) : une plateforme dédiée à l’analyse des médias
L’Observatoire du journalisme, connu sous l’acronyme OJIM, est un site internet français dédié à l’analyse critique des médias et de leurs dynamiques. Fondé en 2012, ce projet se donne pour mission de décrypter l’univers médiatique à travers des enquêtes, des portraits de figures influentes et des réflexions approfondies sur les enjeux journalistiques. Son site officiel, www.ojim.fr, est devenu une référence pour ceux qui souhaitent mieux comprendre les mécanismes de la fabrication de l’information. Un entretien avec son fondateur Claude Chollet.
Quel est le moment fondateur de l’OJIM ?
Il faut revenir à l’élection présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy se représente et est battu par François Hollande. On peut penser ce que l’on veut des deux protagonistes mais j’avais été frappé par la partialité des grands médias en faveur de François Hollande. Avec deux amis nous nous sommes posés la question : que pouvons-nous faire ? Réponse, créer un observatoire qui décrypterait l’univers médiatique. Nous voulions l’appeler Observatoire des médias, mais le titre étant déjà pris, nous avons opté pour un acronyme un peu bizarre mais facile à retenir, OJIM que nous avons transformé plus tard en Observatoire du journalisme (OJIM).
Quelle est l’originalité de l’OJIM ?
L’information n’est pas un produit brut, c’est un produit transformé par des médiateurs qui sont les journalistes. Certains demandent aux journalistes d’être « objectifs », mais les journalistes sont des hommes comme les autres, ils ont des origines, une éducation, des convictions, ce sont des sujets comme tout un chacun. On ne peut donc leur demander une objectivité qui n’existe pas. Ce que l’on peut toutefois leur réclamer, c’est de l’honnêteté, ce qui est un tout autre sujet.
Connaître la formation des principaux journalistes, leur éducation, leur engagement politique, leur nébuleuse, leurs citations, permet de situer leur environnement idéologique ou communautaire, de les replacer dans un contexte. Libre à chacun d’en tirer des conclusions qu’il veut. Nous avons publié plus de 300 portraits, tous sourcés, tous référencés, tous construits sur le même modèle, une manière d’illustrer notre slogan « vous informer sur ceux qui vous informent ».
Et en-dehors de ces portraits ?
Par le biais d’infographies, nous mettons à nu les grands groupes de presse, les structures financières, les actionnaires, les subventions, les dirigeants, les principaux journalistes et les orientations éditoriales. Nous suivons bien entendu les nouveaux médias numériques, l’évolution des médias en ligne et l’impact des réseaux sociaux sur la diffusion de l’information.
Nous publions également des brochures papier ou numériques. Une vingtaine à ce jour, allant du féminisme sur Internet aux censures mises en place par Meta en passant par une analyse de Netflix ou un ouvrage sur Edward Bernays, un des inventeurs de la propagande moderne.
Nous venons de publier un opus sur les 14 principales écoles de journalisme en France, notre enquête nous a conduit hélas, à intituler cette brochure « Formatage continu ».
Au fond quelle est votre mission ?
Au bout du bout, notre mission est citoyenne et éducative. L’information est aussi une arme, en particulier en période de conflit. Donner un peu de distance, fournir un contexte, c’est donner des clés de compréhension du monde. Nous proposons :
- des fiches explicatives : elles permettent de mieux comprendre les concepts journalistiques, comme la notion de biais médiatique ;
- des enquêtes approfondies : ces articles explorent les relations entre pouvoir politique, économique et médiatique, en s’appuyant sur des données vérifiées ;
- des actualités sur les médias : le site suit les grandes évolutions du paysage médiatique, comme les rachats de groupes de presse ou l’émergence de nouvelles plateformes.
Malheureusement, nous devons consacrer une rubrique régulière aux diverses censures, directes ou indirectes, la plus efficace étant l’auto-censure.
Ce positionnement éducatif vise à offrir à ses lecteurs les outils nécessaires pour décoder l’information de manière critique et indépendante.
Êtes-vous indépendants ? Et neutres ?
Pour être indépendant il faut être indépendant financièrement. Nous n’avons aucune subvention étatique, nous refusons toute publicité, nous sommes financés par les dons de nos lecteurs. C’est un modèle économique qui a ses fragilités mais qui nous assure une indépendance complète. Nous ne revendiquons pas la neutralité, nous sommes un média qui penche du côté conservateur mais nous sommes à l’opposé d’un média militant. Le style militant est anti-journalistique et agit comme un repoussoir.
Des projets en 2025 ?
Nous développons de nouvelles fonctionnalités sur les portraits de journalistes. On peut y accéder en ce moment par nom, par prénom, du plus récent au plus ancien. Bientôt le lecteur pourra y accéder par nom de média. Savoir si tel ou tel journaliste a écrit au cours de sa carrière pour Le Figaro ou Le Monde ou s’il a été présentateur ou rédacteur pour telle radio ou telle télévision. Nous avons d’autres projets pour le printemps mais nous en réservons la primeur à nos lecteurs.
Le mot de la fin ?
Nos amitiés à nos cousins des Amériques !
Entretien réalisé par Gwendal Gauthier pour Le Courrier des Amériques
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