Non, Xavier Capdevielle n’est pas un espion… mais son histoire vaut le détour !

Si Xavier Capdevielle est une personnalité de la communauté française à Miami, tout le monde ne connaît pas forcément son histoire. La voici !

Il est né en France, mais c’est à Buenos Aires, capitale de l’Argentine, que Xavier Capdevielle passe ses 14 premières années. Son père, Marcel, y dirige Renault et d’autres enseignes françaises prestigieuses. Après le Collège Français, Xavier est envoyé en pension en Normandie, puis il intègre l’European Business School, (entre autres formations). Plus tard il fera aussi les EOR afin de devenir officier de réserve dans l’Armée de l’Air. Business et aviation : deux de ses passions. « J’ai intégré la Compagnie Générale des Eaux (CGE), qui m’a dit : comme vous parlez Espagnol on va vous mettre en poste à Rio de Janeiro. Ca a l’air idiot comme ça, mais ils ont jugé que j’apprendrai le portugais plus vite qu’un autre ! Comme en parallèle il y avait des troubles en Argentine, mon père avait déménagé son bureau à Rio, donc ça tombait bien. Je me sentais quand même un peu tiraillé avec l’envie de revenir en Argentine. »
Certains sont des Français de Bretagne, ou des Français de Marseille, voire du Québec, Est-ce que la région française de Xavier n’est pas… l’Argentine ? « C’est exactement ça. J’avais mes amis Français et francophones dans un pays qui, d’abord, est très européen à tous les points de vues, avec bien sûr des Français mais aussi beaucoup de Libanais, des Juifs francophones etc… »
Une vie bouleversée
Il y a quand même quelques différences : notamment le coup d’état militaire en Argentine. La famille Capdevielle est tout de même en vacances à Buenos Aires ce 26 août 1976, quelques mois après leur prise de pouvoir. Une date impossible à oublier pour Xavier. « Ma sœur venait d’arriver de France où elle s’était mariée. Ce jour-là mon père a reçu un colis à mon nom. Comme il était surpris, il l’a ouvert par curiosité, sans se méfier. Il a perdu ses deux mains dans l’explosion. Après l’arrivée au pouvoir des militaires, l’extrême gauche avait fusionné avec l’extrême droite dans un mouvement qui envoyait des colis piégés. Comme ils ne pouvaient souvent pas atteindre leurs cibles, ils essayaient de toucher des membres de la famille. C’est pour ça que ça m’était adressé, mais c’est bien mon père qui était visé. Il a eu de multiples opérations, ça a été terrible, mais il s’en est sorti. » Xavier est depuis lors intraitable avec toute forme de terrorisme, « et j’ai une aversion pour les différentes formes d’extrémismes ».
Un dîner avec Menem et un aller simple pour Miami
Malgré tout, ce drame ancre encore plus l’Argentine dans la peau de Xavier. «La CGE a décidé de me nommer à Buenos Aires en 1984. J’y avais 150 employés directs. En même temps, comme vous le savez, je suis pilote professionnel et j’ai toujours été passionné d’aviation. Donc parallèlement j’achetais des petits avions que je modernisais avant de les revendre. C’est comme ça que j’ai découvert Miami : à l’époque on y vendait des pièces le long de la 36th Street qui longe l’aéroport. J’ai toujours aimé les États-Unis à travers les représentations qui nous étaient envoyées : les films Hollywoodiens à la télévision. J’ai eu la chance d’aller à Manhattan quand j’avais 14 ans avec mon père, et je n’avais pas l’impression d’être dépaysé, je me sentais chez moi. »

Retour à Buenos Aires où Xavier, en parallèle de la CGE, lance avec des amis une petite compagnie d’avions-taxis. « En 1989 je reçois un appel. Le candidat péroniste à la Présidentielle faisait sa campagne électorale avec trois avions, dont un venait de s’écraser. L’ami me dit : « Peux-tu ramener tout de suite un de tes avions pour le remplacer ? J’y vais et sur place on fait monter la femme et les enfants du candidat. On les transporte à Mendoza, et là ils me disent : « Javier vous ne pouvez pas repartir, restez dîner avec nous. » Et c’est là que je me retrouve à la table de Carlos Menem. Ils me demandent de continuer à les transporter durant la campagne, et à chaque ville je vois la ferveur populaire qui monte pour Menem. Je me dis : « il va être élu président ». Quand ils m’ont demandé pour me payer les frais, je leur ai répondu : « non, non, c’est cadeau, donne-moi juste des bons pour le carburant ». Menem est élu président, et il me fait savoir qu’en remerciement il veut me nommer à la tête de la compagnie d’aviation nationale Aerolineas Argentina. Finalement, il n’a pas pu le faire car il fallait être argentin pour diriger une société nationalisée. Mais j’ai demandé et obtenu un droit de charter entre Buenos Aires et Miami. J’ai alors loué un DC10 et j’ai commencé à emmener les Argentins en vacances à Miami. J’ai appelé la compagnie « Aeroposta », en référence à Mermoz et Saint-Exupéry. C’est ainsi qu’en 1991 je me suis installé ici à Miami. J’avais une relation respectueuse et cordiale avec le président Menem. Donc, quand le gouvernement français m’a demandé d’être une sorte d’ambassadeur économique de la France en Argentine, j’ai demandé à Menem si ça ne le dérangeait pas, et il m’a donné son accord. Je vivais alors dans l’avion entre Miami et Buenos Aires ! » Xavier représente au passage des groupes industriels français du domaine de la défense, ce qui a donné naissance à quelques légendes. « Non, je n’étais pas espion, j’étais salarié par le GIAT (1) et ça exclut qu’on puisse être dans le renseignement. D’ailleurs je suis toujours ami avec l’actuelle vice-présidente Victoria Villarruel et des ministres du gouvernement argentin, j’ai obtenu la nationalité américaine : donc les différents pays que j’aime et que je fréquente n’ont pas de contentieux avec moi. »

De l’aviation à la construction, il n’y a qu’un (grand) pas

Xavier aide alors une société française à construire une prison. « C’est comme ça que je suis rentré dans la construction, depuis Miami. Au passage j’ai décidé d’obtenir la licence de General Contractor, car tout le monde dans l’entreprise avait une formation dans le bâtiment sauf moi. Je vous passe des détails, mais en 2009, un grand développeur brésilien de Miami me nomme CEO de sa société à São Paulo, pour au départ construire des cités en Amazonie pour des compagnies minières ! Bon voilà, dans ma vie j’ai construit dans les Amériques cinq prisons, un hôpital, une ligne de métro, et puis bien entendu un grand nombre de bâtiments à Miami. C’est au Brésil que j’ai rencontré Marie-Ange Joarlette. » On parlera de Marie-Ange, l‘épouse de Xavier, dans un autre article, mais elle a un important point commun avec Xavier : c’est une vraie « française de l’étranger », en l’occurrence du Brésil.
« Finalement j’ai monté ma propre société de construction, The Cap Group (2), en 2014 à Miami, et après de multiples aller-retours, on a enfin décidé en 2016 que ce serait Marie-Ange qui viendrait habiter à Miami. »
De l’économie à la diplomatie : l’art du réseau

En Floride, Xavier est Conseiller du Commerce extérieur (CCE) de la France, et il a été élu Conseiller Consulaire entre 2014 et 2021. Que ce soit en Argentine ou bien ici, vous avez toujours pour point commun d’être un homme de réseau et d’être proche à la fois des intérêts économiques et politiques locaux, et en même temps de ceux de la France ? « Oui, vous aurez certainement noté que mon père faisait ça avant moi ! C’est toujours passionnant ! L’art de bien faire du réseau, c’est de ne pas déranger les gens quand tu n’as pas besoin d’eux ! Si tu leur a fait un bon effet, alors ils se rappelleront de toi le jour voulu ! »

Aujourd’hui, The Cap Group compte désormais une cinquantaine d’employés, qui parlent toutes les langues (surtout l’espagnol à Miami !). Mais c’est toujours ses activités publiques que Xavier aime mettre en avant (et c’est d’ailleurs pour ça qu’on n’a jamais publié cette biographie auparavant !). « Oui, j’étais déjà membre d’associations en Argentine, mais ici j’ai apprécié de prendre des responsabilités : notamment j’ai été administrateur de l’Association française des victimes du terrorisme pendant 6 ans, et pendant la période des attentats à Paris (Charlie Hebdo, Bataclan…). Je suis CCE depuis 2002, j’ai été président de la Chambre de Commerce Franco-Américaine (FACC) en 2004-2005, puis vice-président durant trois mandats. Je suis cofondateur en 2018 de l’Alliance Française Miami Metro, avec mon regretté ami Jacques Brion. Et je suis très fier aussi d’avoir relancé l’UFE Floride (Union des Français de l’Etranger) (3) en 2014, ou encore d’organiser chaque début d’année le dîner des associations françaises avec le consul à Miami. » Tout ça, sans oublier qu’il a été décoré Chevalier de la Légion d’Honneur.
Voilà. Oui, oui, oui, il y a certainement quelques petits secrets que Xavier Capdevielle n’a pas dévoilé. Il faudra refaire un article dans quelques années !
1 – Groupement Industriel des Armements Terrestres.
3 – www.facebook.com/UnionFrancaisEtranger/
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