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Contrôler ses données personnelles : une révolution numérique en marche

Dans un monde où l’accès aux services en ligne est devenu aussi vital que l’eau ou l’électricité, une question cruciale refait surface avec insistance : à qui appartiennent nos données personnelles ? Pour beaucoup, la réponse est évidente. Et pourtant, dans les faits, ce sont les grandes plateformes technologiques qui détiennent, exploitent et capitalisent sur des pans entiers de nos vies numériques.

Une loi pionnière venue de l’Utah

C’est dans l’État de l’Utah, qu’un tournant décisif pourrait être amorcé. Adoptée début 2024, la loi baptisée Digital Choice Act entrera en vigueur le 1er juillet 2026. Son ambition ? Redonner aux utilisateurs le contrôle de leurs données personnelles, en leur permettant notamment de transférer leurs contenus et leurs relations sociales d’une plateforme à une autre, via des protocoles open source. Autrement dit, si un utilisateur décide de quitter une plateforme comme Instagram ou TikTok, il pourra emporter avec lui ses photos, ses vidéos, ses abonnements et ses interactions — un droit à la portabilité qui s’apparente à une vraie révolution.Cette loi prévoit également un droit de suppression totale des données, un levier crucial pour quiconque souhaite tirer un trait définitif sur une présence numérique passée. Pour les défenseurs des libertés numériques, il s’agit là d’un changement de paradigme : l’utilisateur n’est plus le produit, mais bien l’acteur de sa vie en ligne.

Les dérives d’un modèle économique toxique

Depuis des années, les géants du numérique fonctionnent selon un modèle bien rodé : capturer l’attention, collecter les données, les monétiser auprès d’annonceurs. Les algorithmes sont conçus pour maximiser le temps passé à l’écran, quitte à provoquer addiction, polarisation, voire détresse psychologique chez les plus jeunes. À ce titre, les réseaux sociaux sont régulièrement accusés de contribuer à la dégradation du débat public et à l’érosion du lien social.

La question du contrôle des données dépasse cependant largement les réseaux sociaux. La récente faillite de la société 23andMe, spécialisée dans les tests ADN, a mis en péril les données génétiques de 15 millions de clients. Un exemple parmi d’autres des risques que courent les citoyens lorsque leurs informations les plus intimes sont détenues par des entreprises privées sans garde-fous suffisants.

Vers une portabilité généralisée ?

L’idée d’un internet plus ouvert et plus respectueux des droits des utilisateurs n’est pas nouvelle. En Europe, le Règlement général sur la protection des données (RGPD) prévoit déjà un droit à la portabilité, bien que peu exploité en pratique. Le Digital Choice Act va plus loin : il impose une interopérabilité fonctionnelle, c’est-à-dire la possibilité pour les utilisateurs de publier ou de consulter des contenus d’une plateforme à une autre — à l’image de ce que l’on observe depuis longtemps dans le secteur bancaire avec l’open banking, ou dans les télécommunications grâce aux numéros portables.

Cette ouverture technique pourrait favoriser l’émergence de nouveaux acteurs, mieux-disants sur le plan éthique et plus innovants, en brisant le monopole des grandes plateformes sur les données et les communautés.

Une prise de conscience mondiale ?

Alors que les législateurs européens et américains s’interrogent sur la régulation des intelligences artificielles et des plateformes, l’exemple de l’Utah pourrait faire école. L’État avait déjà, début 2024, adopté deux lois destinées à renforcer la protection des mineurs sur les réseaux sociaux, avec un accent particulier sur la santé mentale.

L’appel est désormais lancé : à d’autres États, d’autres pays, et pourquoi pas aux institutions internationales, de se saisir de ce débat. Car, comme le rappellent les partisans de cette nouvelle approche, le droit à la maîtrise de ses données personnelles n’est rien d’autre qu’un droit fondamental. Et dans un monde de plus en plus numérique, il est temps de poser une question simple : si nos données nous définissent, ne devrions-nous pas en être les seuls propriétaires


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Raynald Michel dentiste français, francophone, canadien, québécois à Fort Lauderdale en Floride

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