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Revenus : qui a les meilleurs salaires ? Les Américains, les Français ou les Québécois ?

Comparaison des salaires médians, du coût de la vie et du niveau de protection sociale entre ces trois pays.

Chacun peut sentir qu’en ce printemps 2025, l’économie mondiale, à commencer par l’américaine, est entrée dans une période d’importants changements. Difficile de prédire l’avenir, mais en tout cas c’est le moment de faire un point d’étape, un bilan : qui gagne les meilleurs salaires entre d’une part les Américains et de l’autre les francophones (de France et du Québec) ?

En salaire net, les Etats-Unis sont très très très loin devant les autres. On parle bien du « pays le plus puissant du monde ». En termes réels, c’est toutefois beaucoup plus relatif.

Avec sa société Objectif USA, Sylvain Perret accompagne les Français et les Québécois dans leur achat d’entreprise aux Etats-Unis. Pour lui : « Il ne faut pas tant comparer la différence entre les salaires qu’en termes de niveau de vie. Et il est préférable de comparer les salaires médians plutôt que les salaires moyens. Aux USA on a des cadres qui peuvent gagner des sommes considérables en comparaison avec la France. De même, on ne peut pas parler des « Etats-Unis » car ça ne veut pas dire grand-chose en termes de revenus : ça n’a rien à voir entre Orlando, New-York, San Francisco. Donc parlons de la Floride par exemple. En France le revenu médian des ménages est de 40 000US$. En Floride : 72 000US$. En Floride pour un couple avec un enfant il faudra qu’il se paye une assurance santé, qu’il prépare sa retraite, alors qu’en France l’Etat a tout prélevé à la source. Sans parler du nombre de jours travaillés qui n’est pas le même. Donc au final, sur un salaire médian, on n’est pas si éloigné que ça. Mais plus tu t’éloignes du salaire médian, et plus les écarts se creusent entre les Etats-Unis et la France. A partir de 80K$ ou 100K$, là ça devient vraiment intéressant de travailler ici car tu payes moins d’impôts et de cotisations qu’en France.

Voilà, maintenant, Esther Duflo qui était conseillère d’Obama sur la pauvreté (prix Nobel d’économie en 2019) disait dans une interview sur France Inter : « si c’est pour être pauvre, restez en France » ! »

En faisant des projections avec ChatGPT, on obtient des résultats assez similaires à l’analyse de Sylvain Perret ; les revenus au Québec se classant à peu près entre ceux de la France et ceux des Etats-Unis.

Attention, même pour les salaires médians, il y a quand même une petite différence en faveur des Etats-Unis. Le coût de la vie peut y être cher, notamment pour la scolarité des enfants, mais d’un autre côté il y a aussi moins de taxes annexes à intégrer : La TVA en France et au Québec est plus élevée que les « sales tax » américaines. Et bien entendu il ne faut pas oublier le prix du pétrole qui est très inférieur aux Etats-Unis, alors qu’il peut devenir un luxe dans certains pays (en France, même la classe moyenne est obligée de s’adapter, d’où la mémorable révolte des « Gilets Jaunes »).

Wilfried Jorand, de la société « French Connection Staffing » (recrutement aux USA), précise aussi : « aux USA l’Etat n’aide pas les employés pour les transferts de compétences ni les formations gratuites. » Et, bien sûr (mais c’est une autre question), quand l’employé se retrouve au chômage, il sera alors aidé sur une période beaucoup plus courte avant de devoir retrouver un travail.

Comparaison des revenus entre la France, le Québec et la Floride
Comparaison des salaires médians entre la France, le Québec et la Floride (en dollars US).

Karine Martinez, directrice exécutive de la Chambre de Commerce Canada-Floride a une analyse similaire à celle de Sylvain Perret et précise : « effectivement c’est le coût de la vie qui est important, mais il faut vraiment souligner qu’il est extrêmement disparate en fonction des villes américaines. Si vous habitez à Miami, c’est effrayant, ça n’a rien à voir avec le reste de la Floride.

Si on compare tout, alors le salaire médian est assez similaire entre la Floride et le Québec, et même si le coût de la vie a augmenté au Québec, ce n’est pas autant qu’ici à Miami. Pour celui qui gagne un salaire plus important alors ça va : en Floride par exemple on ne paye pas d’impôt d’état sur le revenu. Pour les chefs d’entreprises il y a aussi beaucoup moins de contraintes, mais c’est un autre sujet.

Mais bon voilà : si au Québec tu as une grosse maison, une grosse voiture et des écoles privées pour les enfants, en Floride ce n’est pas avec un salaire médian que tu peux avoir ça.

Je conseille aux nouveaux arrivants de bien comparer l’endroit où ils vont habiter et le style de vie qui les intéresse. Quand tu viens du Québec le mieux c’est d’avoir les reins solides et d’avoir le temps devant toi pour faire de l’argent. »

Si la vie est devenue chère à Miami ces dernières années en raison principalement des loyers, notons que c’était depuis très longtemps déjà le cas à New-York, Los Angeles et San Francisco  vraiment disproportionné par rapport au reste des États-Unis.

Alex Wildfree est un jeune canadien qui est arrivé en 2024 en Floride et réalise le podcast « Florida in Business » (regardez sur Youtube) mais il s’est aussi occupé du groupe Facebook « Les jeunes familles québécoises en Floride ». Pour lui, « Un nombre élevé de personnes que j’ai interviewé sur le podcast sont assez jeunes, et pour beaucoup, vivre en Floride c’est au final plus cher qu’ils ne le pensaient. Sur les contacts Facebook des Jeunes Familles, j’ai aussi pu voir qu’il y en a eu beaucoup à s’installer ici puis à retourner au Québec pour cette raison, parce que c’est plus cher que ce qu’ils croyaient. Et certains ont dépensé leur capital très rapidement avant de repartir ».

Malgré les mises en garde des professionnels (et du journal Le Courrier des Amériques), ça arrive ainsi chaque année à des Québécois et à des Français de sous-estimer le coût de la vie aux Etats-Unis. Quand le visa d’une famille est lié à l’investissement d’un des conjoints, en cas d’échec il leur faut rentrer dans leur pays d’origine : ils ne peuvent pas rester ici.

Karine Martinez confirme : « Oui j’ai vu un certain nombre de personnes s’installer en Floride et repartir au Canada ».

Comme précisé plus haut, certaines professions techniques et spécialisées affichent quand même des salaires comparables avec les USA, surtout dans les grandes villes comme Montréal ou Paris, où le marché de l’emploi est compétitif.

Hugo Lassiège, ingénieur logiciel français installé au Canada après un passage aux États-Unis, a étudié longuement (1) les écarts entre ces environnements professionnels dans le domaine des nouvelles  technologies sur son site Eventuallycoding.com. Voici sa conclusion : « Avoir deux fois le salaire médian dans un pays avec des fortes inégalités ne garantit pas le même niveau de vie qu’une personne ayant deux fois le salaire médian dans un pays plus égalitaire. (…) Bref, pour une personne jeune, célibataire, en bonne santé et qui veut baigner dans un écosystème tech très dynamique, où l’innovation est permanente, les US (enfin surtout la Californie et quelques hubs tech) sont encore incroyables. Mais y aller pour l’aspect financier et le niveau de vie, vous pourriez être surpris, pas forcément déçus, mais surpris. » (1)

Ainsi, l’Etat-Providence en France ou au Québec, apporte des protections non-négligeables au travailleur par rapport aux USA. Les Américains objectent souvent que le « Big State » (le gros Etat) n’est pas rentable. Il semblerait que ce débat soit d’actualité !!

En résumé : oui, les salaires bruts sont plus élevés aux États-Unis, surtout pour les profils qualifiés. Mais entre les frais médicaux, le faible filet social et le coût de la vie dans certaines villes, la comparaison devient bien plus nuancée. La France et le Québec offrent un cadre de vie plus protecteur, notamment pour les classes moyennes et modestes. Tout dépend donc du profil, du métier et des priorités.

Au niveau des salaires médians nets, il y a toujours un avantage réel pour les salariés américains, mais qui fond rapidement quand on regarde le coût de la vie, notamment quand on a des enfants. A la fin du mois, l’avantage est moins grand. Mais, comme expliqué ci-dessus, si vous gagnez plus de 80K par an aux USA, là ça commence à devenir très intéressant.

QUELLE EST L’EVOLUTION

La mauvaise nouvelle, surtout pour les jeunes Français et Québécois qui ne le savent pas encore, c’est que le pouvoir d’achat aux Etats-Unis n’a pas évolué de manière positive durant ces dernières décennies: pour la « classe moyenne » américaine il est à peu près le même depuis les années 1970. C’est dans les autres pays que ça s’est détérioré et que la différence s’est faite avec les USA.

Si ses opposants suspectent Donald Trump de vouloir « enrichir les riches » avec ses réformes, les partisans de Trump pensent au contraire qu’il tente de réorienter l’économie vers un meilleur pouvoir d’achat de la classe moyenne. Dans tous les cas, on sent bien que ça commence à devenir un enjeu.


Parlons de salaire minimum !

Le salaire minimum fédéral aux États-Unis est de 7,25 $/h (inchangé depuis 2009 !), mais il varie fortement selon les États (Floride : 12 $/h en 2025, Californie : 16 $/h). Alors qu’en France le SMIC net 2025 est d’environ 1398 €) et au Québec (15,75 $CAD/h).

Les professions en contact avec une clientèle peuvent aussi parfois bénéficier de « tips » (pourboires) extrêmement importants comparés à leur salaire de base. Au Québec on donnera un peu moins et en France c’est plus une coutume qu’une obligation morale (aux USA si tu ne donnes pas ça veut dire que le service a été mauvais et que tu n’es pas content).

Par ailleurs, quand par exemple un client va chez un barbier à 30$, il est convenable de lui donner au moins 40$… et jamais par carte de crédit : c’est une règle tacite.


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