Visa E-2 aux USA : Quel est le montant minimum à investir ?

L’un des visas les plus prisés par les entrepreneurs étrangers souhaitant vivre et travailler aux États-Unis est le visa E-2. Mais une question revient constamment : quel est le montant minimum requis pour obtenir ce visa ? Contrairement à d’autres procédures d’immigration, le visa E-2 ne fixe pas un seuil d’investissement officiel. Pourtant, il existe bel et bien des montants en dessous desquels les dossiers sont rarement acceptés. Voici un tour d’horizon complet pour comprendre ce qu’attendent vraiment les autorités américaines.
Voir aussi nos pages :
– Notre article expliquant le visa E-2 en détail
– Visas E : Les différents visas d’investisseurs aux USA
– Guide de l’investissement aux Etats-Unis
– Guide de l’investissement en Floride
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Pas de montant fixe dans la loi… mais des seuils officieux bien établis
La réglementation américaine reste volontairement floue : le texte du visa E-2 évoque uniquement un « investissement substantiel », sans préciser de somme. Il appartient donc à l’administration (ambassade ou consulat américain) d’apprécier, au cas par cas, si le projet présenté correspond à cette exigence.
Mais dans la pratique, les retours d’expérience des avocats spécialisés, des investisseurs, et des consulats montrent qu’il existe des fourchettes non officielles qui servent de références :
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Moins de 50 000 $ : très rarement accepté, sauf circonstances exceptionnelles.
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Entre 60 000 $ et 90 000 $ : envisageable uniquement pour des activités légères en capital (freelance, consulting), avec un dossier très solide.
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À partir de 100 000 $ : seuil de confiance. À partir de ce montant, la plupart des consulats considèrent que l’investissement est « substantiel », à condition que les autres critères soient également remplis. Ca fait longtemps que ce chiffe de 100 000$ est évoqué, et de plus en plus de professionnels disent même maintenant qu’il faudrait compter un peu plus (en moyenne bien sûr).
Pourquoi ce flou volontaire ?
Le gouvernement américain ne donne pas de chiffre officiel car le visa E-2 doit pouvoir s’appliquer à des entreprises très différentes : un cabinet de conseils peut fonctionner avec 70 000 $, tandis qu’un restaurant aura besoin de 200 000 $. Un montant figé créerait des barrières artificielles pour certains projets parfaitement viables.
C’est donc une approche proportionnelle qui est adoptée : l’investissement doit représenter un pourcentage significatif du coût total de mise en place de l’entreprise. Plus l’investissement couvre la majorité des frais de démarrage, plus il est jugé crédible.
L’importance de la proportionnalité de l’investissement
L’un des principes-clés du visa E-2 est que l’investissement doit être substantiel par rapport aux besoins du projet. Il ne s’agit pas seulement de montrer une somme importante, mais de démontrer qu’elle représente l’essentiel de l’effort financier requis pour faire fonctionner l’entreprise.
Voici des exemples concrets :
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Un cabinet de coaching en ligne avec peu de frais fixes pourrait fonctionner avec 80 000 $ investis dans du marketing, du matériel, un site web, etc. Si cela couvre 90 % du budget prévu, le dossier peut être jugé recevable.
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Une boutique physique avec bail commercial, aménagements, stock et salariés aura besoin d’au moins 150 000 $ pour inspirer confiance.
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Un food truck peut fonctionner avec un investissement entre 90 000 $ et 120 000 $ selon les régions et les normes locales.
Ainsi, ce n’est pas le montant seul qui compte, mais le ratio entre le capital engagé et les besoins réels du projet.
Les investissements inférieurs à 100 000 $ sont-ils possibles ?
Oui, mais ils sont rares et risqués. Les projets à moins de 100 000 $ sont généralement acceptés uniquement si :
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L’activité est légère en capital (pas de local, peu de matériel, pas de stock).
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Le business plan est très détaillé, avec des prévisions solides.
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L’investissement a déjà été engagé de manière irréversible (pas juste sur un compte bancaire).
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Le demandeur a une expérience significative dans le secteur.
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Le projet prévoit une création d’emploi à court terme, même modeste.
En dessous de 80 000 $, il devient très difficile de convaincre un officier consulaire que l’entreprise sera réellement opérationnelle et non marginale.
Investissement à risque : le critère éliminatoire
Il est fondamental de comprendre que l’investissement doit être déjà engagé pour être pris en compte. Ce que les services d’immigration exigent, c’est que l’investisseur ait pris un risque financier réel.
Cela signifie que :
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L’argent a déjà été dépensé ou bloqué de manière irréversible (achat de matériel, signature de bail, achat d’entreprise…).
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Les fonds ne sont ni virtuels ni conditionnels : une promesse d’investissement ne suffit pas.
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Les sommes doivent venir de sources légales et être clairement documentées.
Ce critère permet de distinguer les projets sérieux des simples intentions.
Pourquoi 100 000 $ est devenu la norme officieuse ?
Avec le temps, la barre symbolique des 100 000 $ s’est imposée comme le seuil de crédibilité minimum aux yeux des autorités consulaires. Voici pourquoi :
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C’est un montant suffisamment important pour exclure les projets fantômes.
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Il montre que l’investisseur est sérieux et engagé financièrement.
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Il permet généralement de couvrir les principaux frais de démarrage d’une petite entreprise.
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Il est recommandé par la majorité des avocats en immigration qui ont l’expérience du terrain.
Ainsi, même si ce montant n’est écrit nulle part dans les textes, il est considéré comme un référentiel sûr pour monter un dossier E-2 solide.
Et pour une reprise d’entreprise ?
Dans le cas de l’achat d’une entreprise existante, les seuils sont souvent plus élevés. Il faut généralement prévoir :
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Entre 120 000 $ et 200 000 $ pour racheter une petite entreprise avec revenus et salariés existants.
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Une lettre d’intention ferme, un contrat conditionnel, ou une transaction finalisée avant le dépôt de la demande.
L’avantage d’un tel projet est qu’il apporte plus de garanties aux autorités (revenus prouvés, historique d’activité), mais le ticket d’entrée est souvent plus élevé.
Peut-on cumuler plusieurs types d’investissements ?
Oui, un dossier peut inclure différentes formes d’engagement :
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Achat de matériel ou véhicule (ex. : food truck).
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Frais de démarrage (marketing, site web, licences).
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Dépôt de garantie pour un local.
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Fonds bloqués sur un compte escrow.
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Avances sur salaires ou loyers.
Ce qui compte, c’est de démontrer que la totalité de l’investissement est cohérente, engagée, et sert directement le lancement ou la reprise de l’activité.
Les erreurs à éviter
Voici ce qui peut compromettre l’obtention du visa E-2, même avec une somme importante :
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Déposer une demande sans avoir engagé les fonds.
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Présenter un projet flou, sans plan financier clair.
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Exagérer les besoins du projet pour justifier un investissement artificiel.
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Sous-estimer les coûts réels d’exploitation.
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Présenter une entreprise passive ou à revenu personnel uniquement.
Attention aux sous-estimations !
« On voit souvent arriver aux Etats-Unis des Français ou des Québécois disposant de 300K ou 400K de capital, cherchant à investir le moins possible, par exemple 120K, et arrivant avec trois enfants, pour avoir une vie meilleure que dans leur pays d’origine. Le problème n’est pas qu’ils disposent (ou pas) d’un montant d’investissement suffisant : le problème c’est que leur capital restant va fondre le temps du lancement ou de la reprise de l’entreprise, le temps de se faire une clientèle ; par exemple, tous ignorent que le marketing coûte cher aux Etats-Unis (donc le coût de fonctionnement est plus élevé), et le coût de la vie aussi est cher. S’ils sont ici pour avoir une plus belle vie qu’en France ou au Canada, ça monte leurs besoins à eux au dessus des besoins de l’Américain moyen. Et s’ils souhaitent que leurs enfants aient une bonne scolarité… ça a aussi un prix : celui des (chères) écoles privées, ou celui d’habiter dans une zone chère où les écoles publiques sont d’un bon niveau.
On a beau prévenir les nouveaux arrivants, il y en a certainement au moins 25% qui débarquent en se croyant riches… mais sans l’être assez pour tenir plus de deux ans. La cause est toujours due à l’aveuglement, au rêve américain qui fait qu’on va privilégier l’achat de grosses voitures au détriment du marketing de l’entreprise etc…«
Gwendal Gauthier
Directeur du Courrier des Amériques
Conclusion : un visa sans seuil fixe, mais pas sans exigences
Le visa E-2 laisse volontairement une marge d’interprétation en ne fixant pas de montant minimum officiel. Mais dans la pratique, les autorités s’attendent à un investissement réel, engagé et crédible, généralement supérieur à 100 000 $.
Si vous préparez un projet d’entreprise aux États-Unis et que vous souhaitez maximiser vos chances d’obtention du visa, visez une somme réaliste et justifiée. Et surtout, entourez-vous de professionnels (avocats, consultants) pour structurer un dossier convaincant, tant sur le plan financier que juridique.
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