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Histoire des communautés québécoises en Floride… avant les Snowbirds

Certes, les Français ont été les premiers francophones à arriver et à établir le « Fort Caroline » près de l’actuelle Jacksonville, il y a exactement 450 ans (l’anniversaire était le mois dernier). Mais les « Québécois » ont un attachement particulier à la Floride depuis bien longtemps. Les communautés de « Français d’Amérique » se sont ainsi établies dès la début du XIXe siècle dans le Sunshine State. Petite plongée historique :

Selon le géographe Rémy Tremblay, la Floride aurait attiré dès l’hiver (déjà !) 1819 des ouvriers Canadiens français dans les moulins forestiers de la Panhandle de Floride (nord-ouest). Le village de Dupont aurait été créé en 1835 par Abraham Dupont (un Français ou Canadien-Français).  Avec les Français c’est toujours pareil : après Dupont, un autre village du nom de « Durant » sera aussi créé au début du XXe siècle en hommage à un agriculteur (près de Tampa) ! En 1910 on recensait en Floride 151 résidents permanents canadiens-français auxquels s’ajoutaient au moins 36 Floridiens dont les parents étaient nés au Canada francophone. Barrineau Park (près de Pensacola) est dénommé ainsi grâce à un pionnier arrivé en 1911. Dans l’ouest de la Panhandle, les francophones n’étaient d’ailleurs pas en terra incognita, puisque résidant non loin de l’Alabama ou de la Louisiane qui ont compté des présences francophones très importantes (et c’est toujours le cas en Louisiane). Entre 1836 et 1876, l’évêque de Montréal a envoyé trois prêtres missionnaires en Floride, sans qu’il soit possible de savoir si c’était pour s’occuper de communautés francophones, ou bien pour évangéliser les populations locales.

Si la toponymie de Floride conserve ainsi (comme on l’a vu) quelques vestiges du passé français, d’autres lieux ont été effacés par l’histoire, comme par exemple Bélandville (également près de Pensacola) qui est devenue « Santa-Maria » en 1935. Cette ville avait été fondée 6 ans auparavant par le Québécois Albertino Béland qui y avait bâti une colonie entièrement francophone. En 1930, 103 familles y étaient établies. Mais elles se sont dispersées quelques années plus tard, ne laissant aujourd’hui comme trace archéologique… qu’une simple pierre tombale.

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Les francophones d’Amérique, eux-mêmes descendants de migrants, ont sans aucun doute une grande facilité de mouvement. Au gré des tensions militaires et des attractions économiques, beaucoup ont migré vers les Etats-Unis. Dans le sud de la Floride, la présence des Canadiens français s’est développée dans la région de Palm Beach et bien évidemment de Hollywood. Il existait une colonie acadienne au lac Okeechobee (près de Palm Beach) dans les années 1920. Mais elle s’est évaporée sans laisser de trace, peut-être à cause d’une tempête qui a fait des centaines de morts en 1928. Ces Canadiens venaient alors en Floride pour travailler et y gagner un peu plus d’argent que chez eux ; mais d’autres au cours du XXème siècle sont aussi venus pour investir, et participer à la construction des villes d’ici dont la réputation s’accélérait autour du monde. Et ce fut particulièrement le cas à Palm Beach. Au sud de cette ville, Lake Worth Village (LWV) était un endroit où un grand nombre d’habitants parlaient français. (Aujourd’hui encore, la présence francophone est palpable, même s’il n’y a plus de « quartier français » à proprement parler.) En cette première moitié du XXème siècle, s’ils sont déjà des milliers à vivre en Floride, les « Québécois » ne forment néanmoins pas des villes. Au contraire, beaucoup sont attirés ici par la modernité de l’Amérique, le fait qu’on y paie moins de taxe. Beaucoup acquièrent la nationalité américaine assez rapidement et ne bénéficient de la petite communauté francophone locale que comme un tremplin vers l’américanité. C’est particulièrement le cas après la seconde guerre mondiale où beaucoup de Québécois sont tentés par l’aventure aux États-Unis (si possible au soleil !).

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Et puis, les années 1950 sont arrivées, et avec elles… les autoroutes qui permettent de relier Montréal à Miami en trois jours d’auto. Bye bye la neige ! Au début, les « Snowbirds » étaient peu nombreux, et ils n’avaient que peu d’influence sur leurs cousins « immigrés » installés ici. Mais, décennie après décennie, les « touristes » sont devenus aussi nombreux qu’eux ; leur procurant un lien saisonnier avec la Belle Province, et les empêchant ainsi de devenir totalement Américains. Les «résidents» canadiens-francophones sont 50 000 en 1970, puis 100 000 en 1980, mais les « Snowbirds » sont déjà 250 000 à venir. Certains endroits de Floride se retransforment alors en « Petit Québec » (expression inventée par Richard Clavet, le fondateur de Richard’s Motel à Hollywood). C’est le cas de Sunny Isles, d’Hallandale et Hollywood (Broward County), et toujours de Lake Worth (Palm Beach County). Durant l’hiver, Sunny Isles ou Hollywood forment des communautés francophones presque homogènes, et cela durera jusqu’à la fin des années 1990. Mais, progressivement, les petites maisons et les vieux motels sont alors rasés par les promoteurs immobiliers. C’est d’abord le nord de Miami qui y passe, avec Sunny Isles, et puis Hollywood verra aussi la spéculation s’emparer en partie de son littoral. Il n’y a plus aujourd’hui que quelques motels québécois sur la plage, et un seul café, où la fleur de lys blanche trône comme une reine. Mais le « Floribec » n’a pas disparu pour autant : c’est même bien mieux qu’avant ! Durant la saison ce sont maintenant 1 million de Snowbirds qui viennent résider dans le sud de la Floride. Simplement, leur présence est plus diffuse, notamment au niveau des lieux d’habitation. Dans la journée, la plage d’Hollywood est toutefois demeurée extrêmement francophone, et le Hollywood Blvd est colonisé dès la tombée du soleil.

Les résidents permanents sont pour leur part passé à 200 000 en Floride (sans compter tous ceux qui sont devenus américains) et, naturellement, un bon nombre de ces « Québécois » se sont mis à travailler pour les Snowbirds, dans le domaine du tourisme, de la restauration, de l’hôtellerie…

Contrairement aux générations précédentes, la stabilité culturelle et linguistique est donc aujourd’hui de mise chez les Québécois expatriés ici bas. Et l’arrivée en Floride d’autres communautés francophones (Français, Haïtiens…) a également renforcé ce maintien.

– La langue québécoise expliquée aux autres francophones

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5 commentaires

  1. Ping : dando o cuzinho
  2. Pourquoi demandez-vous cela ? Le Courrier a beaucoup d’articles également sur les Français aux Etats-Unis, depuis leur arrivée à Fort Caroline il y a un peu plus de 500 ans….

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